Il est urgent d’élaborer une « véritable et nouvelle apologie pour la famille », estime Mgr Melina, qui annonce trois initiatives de l’Institut Jean-Paul II de Rome.
Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, a inauguré la 34e année académique de l’Institut Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille à Rome, mardi matin, 28 octobre, sur le thème « l’Evangile de la famille » à l’invitation du recteur, Mgr Livio Melina, en présence du cardinal australien George Pell, préfet du Secrétariat du Vatican pour l’économie, et du recteur de l’Université pontificale du Latran, Mgr Enrico Dal Covolo : l’institut se trouve au cœur de l’université.
Trois initiatives
Mgr Melina a annoncé trois initiatives de l’Institut Jean-Paul II, entre les deux synodes sur la famille : un séminaire sur cohabitation et éducation (“Convivenze o alleanza? Il cammino verso il ‘per sempre’ dell’amore”), du 9 au 13 février 2015 ;
une conférence publique le 12 mars sur les « biens du mariage comme biens de justice » (“Matrimonio: amore e/o giustizia”) ;
et un colloque de théologie sacramentelle sur « sacrement du mariage et eucharistie », le 22 avril 2015 (“Eucaristia e matrimonio. Due sacramenti, un’alleanza”).
Mgr Melina a souligné une seconde circonstance heureuse de cette nouvelle année académique : elle se situe après la « joie de la canonisation de saint Jean-Paul II qui a voulu cet institut dont nous portons le nom ».
Il a fait observer « l’unité des deux événements » – synodes et canonisations -, comme le pape François le soulignait dans son homélie du 27 avril : le nouveau saint a voulu qu’on se souvienne de lui comme du « pape de la famille » et « du ciel il accompagnera le chemin synodal de l’Eglise » pendant ces deux années.
Mais il a aussi placé le travail de cette nouvelle année sous le signe de ce que le pape appelle dans Evangelii Gaudium la « conversion pastorale et missionnaire » qui consiste notamment pour cet institut à « re-proposer à partir de l’identité académique spécifique la Bonne Nouvelle de la famille ».
Car celle-ci se trouve « au cœur des désirs et des préoccupations de toute femme et tout homme ». La famille est le lieu où « la vie se régénère continuellement » et où se construisent « les relations les plus décisives pour « l’identité » de chacun, c’est une « matrice sociale », en même temps que, pour les chrétiens, une « petite Eglise domestique », selon les termes de Vatican II.
Une apologie de la famille
Il s’agit aussi d’un « défi » qui ne peut ignorer « les nouveaux dangers qui menacent la famille, rendue fragile », par exemple par « l’émigration forcée », la misère, les « échecs de la vie », l’avortement, le divorce, la contraception, la reproduction artificielle, le « pansexualisme » ou l’idéologie du gender.
Mgr Melina a rappelé la définition du mariage comme « pacte d’alliance entre un homme et une femme, basé sur fidélité » et visant « l’engendrement et l’éducation des enfants ».
Parmi les défis, le recteur indique l’annonce de « l’Evangile du Christ comme « une espérance concrète », la manifestation de la proximité de l’Eglise « aux familles blessées », « aux hommes et aux femmes confus et incertains » qui « attendent une parole de vérité pour leur vie ».
C’est pourquoi il estime qu’il est temps d’élaborer une « véritable et nouvelle apologie pour la famille », dans cet institut que « le pape de la famille a voulu ». Il indique « le critère fondamental » des interventions et des initiatives de l’institut : il faut se demander ce « qu’aurait fait, ou dit, saint Jean-Paul II dans cette situation ? Qu’est-ce qu’il aurait voulu que nous fassions et que nous disions ? »
« Son enseignement n’appartient pas au passé, mais c’est une vérité permanente encore à connaître, assimiler, vérifier, une vérité prophétique, riche pour l’avenir ».
Il a rappelé certaines initiatives concrètes comme un village pour les familles en difficulté, à Santiago du Chili, le « Family friendly » de Denver (EE UU), les bureaux de pastorale de la famille en Italie et en Espagne, l’école pour opérateurs familiaux de Corée, un projet en Inde, un plan d’éducation à la sexualité au Nigeria…
« Vraiment saint Jean-Paul II a donné à l’Eglise une vision et un langage nouveau, comme le dit le pape François, et une « attitude évangélisatrice qui éveille l’adhésion du cœur avec la proximité, l’amour et le témoignage » (EG 42).
La « difficile question du rapport entre foi et sacrement du mariage », sur laquelle l’institut a planché à la demande de la Congrégation pour la doctrine de la foi et de Benoît XVI, fera donc l’objet d’un séminaire international de deux jours : « dans la perspective de la miséricorde, principe pastoral de l’Eglise ». Il s’agira non d’une « discussion seulement formelle », mais « d’affronter la question avec franchise », car « ce n’est qu’en alliance avec la vérité et la justice que la miséricorde ouvre des itinéraires de croissance pour les personnes ».
Plus de trois mille étudiants
Pour ce qui est du rayonnement de l’Institut Jean-Paul II, le recteur a donné les statistiques de 2013-2014 : à Rome, le nombre des étudiants a été de 524, de 63 pays différents.
Le nombre total des étudiants inscrits dans les autres sections – Washington, Mexique, Espagne, Bénin, Brésil, Inde, Australie, Liban, Corée, Philippines – a été de 2553. En tout donc, l’Institut a formé plus de trois mille étudiants l’an dernier, sur les cinq continents.
Avant même le début de la cérémonie, Mgr Melina a lu un message du cardinal vicaire du pape pour Rome, Agostino Vallini, grand chancelier de l’Institut Jean-Paul II, mais retenu par une réunion épiscopale. Il réaffirme que la famille est « une urgence pour l’Eglise » : il s’agit de faire connaître « ce que dit la révélation sur la beauté du mariage et de la famille », et de « faire percevoir que le mariage correspond aux exigences du cœur humain » qui désire une alliance « pour toujours ».
Le mariage et la famille sont donc une « bonne nouvelle qui doit résonner dans le monde », de façon à faire découvrir aussi « le don de soi » comme étant ce qui donne « le sens le plus profond d’une existence ».
Mgr Del Covolo a rappelé en souriant que l’Université du Latran et l’institut vivent « sous le même toit » et « en bons voisins ». Il a insisté sur l’importance de cette période « inter-synodale » et réaffirmé l’engagement de son université à « réfléchir et prier pour accompagner » ce chemin de l’Eglise, avec un « grand enthousiasme », dans la réflexion et la prière « pour nous ouvrir à la voix de l’Esprit Saint ».