C'est la dernière ligne droite pour la première partie du processus synodal sur la famille. Les dix rapports des groupes linguistiques du synode, en quatre langues (français, anglais, espagnol, italien), de cette seconde semaine du synode extraordinaire doivent aboutir au Rapport conclusif du synode : un texte qui n’a rien de définitif ni de décisionnel et qui devra être approuvé aux deux tiers pour être validé par l’assemblée. Et qui sera dans ce cas remis au pape François, en vue du travail de préparation du synode d’octobre 2015.
Les rapports seront présentés en assemblée générale jeudi 16 octobre au matin, et ils seront ensuite synthétisés et réunis par la commission du « Rapport du synode ». C’est une nouveauté, étant donné le synode en deux temps en 2014 et 2015 : les débats de ce premier synode sur la famille se concluront par ce Rapport et non pas comme d’habitude par l’adoption de « propositions », en général une cinquantaine, à remettre au pape et qui ont été publiées au terme des derniers synodes.
Samedi matin, 18 octobre, le synode publiera d'abord le traditionnel « message ». Le Rapport sera voté samedi en fin d’après-midi. Le synode s’achèvera par la béatification de Paul VI, et la parole du pape François, dimanche, 19 octobre. Depuis lundi 6 octobre, le pape n’a pas pris la parole, contrairement à ce que Benoît XVI a pu faire par exemple. Le travail du Conseil synodal et le va-et-vient avec les diocèses continueront ensuite.
Les groupes ont travaillé depuis vendredi dernier, 10 octobre. Dans chaque groupe, un modérateur a organisé le débat, en suivant le texte ligne à ligne, voire mot à mot : qui n’est pas d’accord, qui veut faire un amendement, une modification, un ajout, une suppression ? Le texte a donc été passé au crible par les évêques, entourés des auditeurs et des délégués fraternels qui pouvaient intervenir, mais non pas voter les amendements. Avec des méthodes différentes, mais dans chaque groupe un rapporteur a été chargé de rédiger la synthèse des modifications demandées.
Il semble que principalement les membres du synode soient d’accord sur quatre lignes :
réaffirmer la conception chrétienne du mariage, ancré dans l’Evangile, la Tradition, le magistère et l’indissolubilité du mariage sacramentel catholique valide : le synode n'a pas l’ambition de changer la doctrine, il veut au contraire l’affirmer en toute clarté ;
saluer la beauté des familles qui vivent leur mariage chrétien avec bonheur, un bonheur non pas acquis automatiquement, mais conquis par la liberté de chacun dans les difficultés de la vie, avec l’aide du Christ qui s’engage aux côtés des époux dans le sacrement, les encourager, leur donner davantage la parole, dans la préparation au mariage et pour aider les jeunes ménages ;
sur une attitude pastorale de l’Eglise qui ne juge pas mais se fait proche des plaies de la société, de toute personne blessée, pour manifester l’amour du Christ;
éviter toute ambiguïté dans l’expression, qui pourrait non seulement trahir l'enseignement catholique, mais trahir l’engagement de tant de catholiques, même en politique, qui proposent à la société une vision de la famille comme cellule fondamentale de la société.
Tous les membres du synode s’accordent aussi sur le climat de « fraternité » et de respect, ce qui n’ôte rien à la franchise et la liberté de la discussion : ce que le pape lui-même avait indiqué comme consigne.
Pour des questions encore controversées, certains groupes évoquent la possibilité de demander un approfondissement ultérieur par des théologiens, avant toute décision même pastorale.
Et si le Rapport conclusif n’était pas adopté avec une majorité des deux tiers ? Le programme prévoit que le travail continue en vue du prochain synode, mais il devra passer par la case « examen » de ce qui n’a pas fonctionné dans la méthode des débats en assemblée ou en groupes pour qu’ils aient aboutit à une telle aporie. On relira certainement ce qui a conduit à la tempête déclenchée dans l'assemblée synodale - pas seulement en dehors - par le Rapport intermédiaire de lundi dernier, 13 octobre, dans lequel, globalement, les pères synodaux se sont peu retrouvés. Le travail des groupes aura-t-il permis de résoudre les désaccords ?
Le suspense n’a jamais été aussi fort au terme d’une assemblée synodale, somme toute comme le pape l’avait voulue, extrêmement libre dans son expression, pour qu’à terme (en 2015, 2016 ou 2017) les décisions soient prises compte tenu de ce que les pères ont vraiment exprimé comme conviction convergente, et non pas comme un consensus mou qui n’aurait pas d'efficacité sur le terrain. La liberté de l’Eglise étant pour l’action, pour l’Evangélisation, pour et avec les familles, cela aussi le synode est d'accord pour l'affirmer.
Le pape François avait aussi prévu que la réflexion sur de tels sujets vitaux et tellement combattus dans la société - le mariage et la famille - doive se poursuivre lors d'un second synode, de trois semaines cette fois, pour discerner ce que l'Esprit dit à l'Eglise.