ONU : soutenir la famille pour lutter contre la drogue

Et encourager une agriculture alternative dans les pays pauvres

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Soulignant « le rôle irremplaçable de la famille comme pierre angulaire de la prévention, du traitement, de la réhabilitation et des stratégies de santé liés à la toxicomanie », le Saint-Siège estime que « toute politique qui encourage la famille encourage la prévention du trafic et de la consommation de drogues illicites ».

Mgr Bernardito Auza, observateur permanent du Saint-Siège aux Nations-Unies à New York, est intervenu devant la troisième commission de la 69e session de l’Assemblée générale des Nations Unies sur les thèmes « Prévention du crime et justice pénale / Contrôle international des drogues », le 9 octobre 2014.

« Les enfants qui vivent dans un environnement familial stimulant ont plus de chances d’acquérir les aptitudes nécessaires pour éviter le fléau des drogues illicites », a-t-il fait observer en appelant à « adopter un environnement chaleureux qui soutienne les familles » : « Des familles saines encouragent des sociétés saines ».

L’archevêque a aussi dénoncé « les liens de plus en plus évidents entre le commerce illicite de la drogue et la traite des personnes, la prolifération des armes de petit calibre illicites, le blanchiment d’argent, le crime organisé et le terrorisme » : « Les pays et les populations touchées par la pauvreté sont particulièrement vulnérables aux multiples effets dévastateurs du trafic de drogue et des crimes qui lui sont associés. »

Saluant « les pays en voie de développement qui fournissent aux familles d’agriculteurs de vraies alternatives aux cultures liées à la drogue », le Saint-Siège a encouragé « à soutenir avec enthousiasme et à tous les niveaux les projets de développement alternatif ».

A.K.

Déclaration de Mgr Auza

Madame la présidente,

Au nom de ma délégation, je suis heureux de me joindre aux précédents orateurs pour vous féliciter, ainsi que les autres membres du bureau de ce Comité, pour votre élection. Ma délégation vous présente tous ses vœux !

Le Saint-Siège est tout à fait en accord avec le secrétaire général qui affirme que le problème mondial des drogues illicites est devenu un défi aux dimensions multiples nécessitant une coopération internationale pour mettre en œuvre une stratégie commune internationale afin d’y faire face.

La production et le trafic de drogues illicites obéissent à la loi de l’offre et de la demande : le trafic de drogue existe parce qu’il y a un marché lucratif d’individus dépendants des drogues illicites. Ainsi, la prévention et la lutte contre la consommation de ces drogues sont essentielles pour prévenir et combattre la production et le trafic des drogues illicites.

Quand un individu est dépendant de la drogue, sa famille et la communauté souffrent avec lui. La famille est la première à souffrir de ses membres toxicomanes et des conséquences, telles que la violence domestique et l’effondrement économique, qui peuvent conduire à l’éclatement de la famille. Des communautés entières sont aussi gravement affectées par la montée de la criminalité violente et par une baisse globale de la qualité de vie.

Le Saint-Siège ne cessera pas de souligner le rôle irremplaçable de la famille comme pierre angulaire de la prévention, du traitement, de la réhabilitation, de la réintégration et des stratégies en matière de santé liées à la toxicomanie. En conséquence, le Saint-Siège croit que toute politique qui encourage la famille encourage la prévention à la fois du trafic et de la consommation de drogues illicites. La famille constitue la base même de la société. Des familles saines encouragent des sociétés saines. Des communautés en difficultés trahissent profondément les familles troublées chez qui la consommation de drogues par l’un ou plusieurs de ses membres peut être une cause majeure de déstabilisation. S’il est vrai que même dans des familles solides on peut tomber dans le piège de la toxicomanie, ces familles solides sont dans une bien meilleure position pour affronter le problème avec succès.

Les recherches continuent d’appuyer les conclusions selon lesquelles les principes de base de la vie en société sont appris à la maison ; les enfants qui vivent dans un environnement familial stimulant ont plus de chances d’acquérir les aptitudes nécessaires pour éviter le fléau des drogues illicites. Alors que l’ONU célèbre le 20e anniversaire de l’Année internationale de la famille, nous devons tous adopter un environnement chaleureux qui nourrisse et soutienne les familles.

C’est dans cette ligne que le Saint-Siège prend tout particulièrement note du rapport A/69/111 du secrétaire général qui met en valeur le programme de formation en compétences familiales, actuellement mis en œuvre dans 15 pays, et à travers lequel l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et les Ministères nationaux de la santé pilotent un système complet de prévention dans les écoles et dans les familles. Le Saint-Siège prend également note de la Déclaration politique et du Plan d’action de coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue ; il relève aussi la résolution 56/12 de la Commission des stupéfiants et le segment de haut niveau de la cinquante-septième session de la Commission, qui a eu lieu les 13 et 14 mars 2014. En examinant ces documents, le Saint-Siège souligne avec une attention particulière les liens de plus en plus évidents entre le commerce illicite de la drogue et la traite des personnes, la prolifération des armes de petit calibre illicites, le blanchiment d’argent, le crime organisé et le terrorisme.

Le Saint-Siège demande une meilleure coopération internationale pour consolider les progrès réalisés dans la coordination des efforts de lutte contre la traite des personnes, tels que mentionnés dans le rapport A/69/94 du secrétaire général, en application des résolutions 68/192 et 64/293 de l’Assemblée générale. Les pays et les populations touchées par la pauvreté sont particulièrement vulnérables aux multiples effets dévastateurs du trafic de drogue et des crimes qui lui sont associés. Le Saint-Siège est sensible à ces pays en voie de développement qui fournissent aux familles d’agriculteurs de vraies alternatives aux cultures liées à la drogue. Il faut continuer de soutenir avec enthousiasme et à tous les niveaux les projets de développement alternatif.

Madame la présidente,

Le Saint-Siège est convaincu que nous, en tant qu’individus et en tant que société, nous devons protéger la santé et la dignité de toutes les personnes, en interdisant l’utilisation de drogues dangereuses, et alléger les souffrances des personnes dépendantes de la drogue grâce à un traitement. Ceci doit être pris en considération lorsque nous élaborons un plan d’action de coopération internationale en vue d’une stratégie intégrée et équilibrée de lutte contre le problème mondial de la drogue.

En conclusion, Madame la présidente, je tiens à redire les paroles de Sa Sainteté le pape François dans son discours adressé à la Conférence internationale sur la répression des drogues, en juin 2014, à Rome : « On ne combat pas la drogue par la drogue ! La drogue est un mal et, avec le mal, il ne peut y avoir de relâchement ou de compromis. »

Je vous remercie, Madame la présidente.

Traduction de Zenit, Constance Roques

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Bernardito Auza

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