Les migrants mineurs non accompagnés, qui sont une cible d’abus facile, « demandent de toute urgence l’attention de la communauté internationale » : c’est l’appel du Saint-Siège, qui plaide pour « l’intérêt supérieur de l’enfant » quelles que soient les circonstances et le droit des enfants à « vivre avec leurs parents ».
Mgr Silvano M. Tomasi, Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’ONU à Genève, est intervenu au cours de la 26e session du Conseil des droits de l’homme sur l’Article 3 « Rapport du rapporteur spécial sur les droits humains des migrants », le 13 juin 2014.
L’archevêque a souligné l’émergence « de nouvelles catégories de personnes en déplacement qui demandent de toute urgence l’attention de la communauté internationale : les mineurs non accompagnés, dont le nombre est en croissance » et qui sont souvent « victimes d’abus ».
En 2011, 12.225 mineurs non accompagnés ont demandé l’asile en Europe. La plupart fuient « les conflits violents » du Moyen-Orient et d’Afrique, quitte à « risquer leur vie dans la recherche de la survie ». De plus en plus d’enfants aussi voyagent seuls d’Amérique centrale vers les États-Unis : en 2013, 38.883 mineurs non accompagnés ont été appréhendés à la frontière américano-mexicaine et selon les autorités ils seront plus de 70.000 en 2014.
Mgr Tomasi énumère les raisons de cet « exode de l’enfance » : « Certains enfants veulent exercer leur droit naturel à être avec leurs familles qui résident dans un autre pays sans papier. D’autres sont confrontés à la nécessité d’échapper à un environnement violent. D’autres préfèrent encore mourir sur le chemin d’une destination rêvée de survie plutôt que de mourir de faim ou d’être tué par les gangs et le crime organisé chez eux. Enfin, l’attrait d’un style de vie différent présenté par la télévision pousse les autres enfants à se déplacer. »
« Sur les bateaux qui traversent la Méditerranée ou sur les chemins de fer qui relient l’Amérique centrale vers le Nord, ces enfants sont exposés à des abus sexuels, à la famine, à des mutilations et même à la perte de leur vie », dénonce le Saint-Siège.
Il appelle les gouvernements et la communauté internationale « à élaborer des solutions urgentes » : « Les enfants en déplacement constituent une urgence humanitaire qui appelle à des remèdes immédiats. »
« L’intérêt supérieur de l’enfant doit prévaloir même dans ces circonstances difficiles », souligne Mgr Tomasi, proposant des pistes de solution : « aider à lutter contre la violence urbaine à la source de l’exode des enfants ; privilégier des voies légales pour la réunification des familles afin d’éviter les routes dangereuses ; ouvrir des possibilités d’éducation et d’emploi pour les jeunes dans leurs pays d’origine, leur donnant ainsi un sentiment d’espoir en l’avenir et une raison de rester chez eux ».
Quoiqu’il en soit, il recommande de « créer des mécanismes de régularisation pour permettre aux enfants de vivre avec leurs parents », un « droit humain naturel » qui est « prioritaire » sur « les infractions quant à la réglementation administrative des frontières ».