Il vit en France depuis sept mois et il est mécanicien, sans titre de séjour. Samedi 7 juin, un incendie se déclare dans son immeuble, à Aubervilliers, en banlieue parisienne. Il contribue au sauvetage d’une dizaine de voisins en donnant l’alarme et en les aidant à sortir de l’immeuble en feu avec un sang-froid et un altruisme peu communs.
L’incendie a fait trois morts et trois blessés graves, un bilan qui aurait pu être beaucoup plus lourd. Les radios et la presse française – comme Le Nouvel Observateur ou Le Parisien – ont interviewé le jeune homme.
Il raconte : « Je rentrais du travail, vers 19 heures. J’allais me reposer, j’ai pris une douche, quand j’ai senti l’odeur de plastique brûlé. Je suis sorti et tous les couloirs étaient plongés dans le noir. On n’y voyait absolument rien. »
Il habite au sixième étage. Il descend : les premier et deuxième étages sont la proie des flammes et envahis par la fumée, il frappe aux portes en criant de sortir, mais de ne pas descendre, que c’est trop dangereux. C’est même impossible, vu la chaleur, de s’échapper par une fenêtre de l’étage.
Il monte avec ses voisins. Au sixième, des jeunes filles se retrouvent bloquées : « J’ai ouvert la porte à coups de pied. Je leur ai dit qu’on n’allait pas mourir. Il y avait une trappe, mais elle était verrouillée par un cadenas… Heureusement, on a pu ouvrir la fenêtre qui donnait sur l’échafaudage. On s’est enfuis par l’appartement des jeunes filles, par l’échafaudage, comme des singes. Sans l’échafaudage, on était morts ».
Lui-même s’en sort blessé au bras, aux doigts et des brûlures au visage. Soigné à l’hôpital Delafontaine, de Saint-Denis, il en est reparti dans la nuit, nu-pied. Son appartement est inhabitable.
Ses voisins aussi ont été interrogés par la presse. « Il a sauvé presque la moitié de l’immeuble », témoigne Souhila. Walid déclare : « Sans lui, mes sœurs seraient mortes, c’est sûr ». Lui, répond : « J’ai fait ce que j’avais à faire ».
Le préfet de Seine-Saint-Denis, Philippe Galli, a annoncé une procédure accélérée de régularisation du jeune Tunisien.
