« Qui regarde Jésus crucifié sera guéri physiquement mais surtout guéri spirituellement, sauvé de ses péchés », disait le pape Jean-Paul II en 1994, en parlant de la miséricorde divine.
Lors d’une visite pastorale à la paroisse romaine Saint François de Sales, le pape Jean-Paul II a prononcé l’homélie suivante, le dimanche 13 mars 1994, sur le message de soeur Faustine et la miséricorde divine.
Il confiait: « « Dives in misericordia », Dieu riche en miséricorde. Cela a été pour moi une parole clé depuis le début de mon pontificat, de mon ministère ici, à Rome. »
« C’est le message central, constitutif de l’Évangile », a insisté le pape bientôt saint.
Il souligne l’appel du Christ sur l’Italie et chaque pays: chaque nation peut se reconnaître dans cette géographie spirituelle de Jean-Paul II.
Le texte nous a été signalé par un prêtre ami de Zenit qui a souhaité sa traduction en français et sa publication: nous saisssons l’occasion de cette grande neuvaine à la Miséricorde divine, qui commence ce Vendredi Saint, 18 avril, et en préparation aux canonisations de dimanche 27 avril, dimanche de la Miséricorde divine. Nous le remercions de sa demande maintenant exaucée.
Voici notre traduction intégrale de l’original en italien.
Anita Bourdin
Homélie du bienheureux pape Jean-Paul II
1. La parole clé de la liturgie de la Parole de ce jour est celle-ci : « Dives in misericordia », Dieu riche en miséricorde. Cela a été pour moi une parole clé depuis le début de mon pontificat, de mon ministère ici, à Rome.
Cette inspiration a été apportée dans ma patrie, à Cracovie, à travers une simple sœur qui s’appelait Faustine ; elle est probablement connue aussi à Rome, connue dans le monde entier, bien qu’elle ait mené une vie très cachée dans le Christ. Elle a vécu entre les deux guerres mondiales. C’est une grande mystique, l’une des plus grandes dans l’histoire de l’Église. Elle avait une proximité avec Jésus étonnante. Et Jésus s’est révélé à elle comme étant miséricordieux. Il existe des tableaux, des images de Jésus miséricordieux, le cœur transpercé.
Venant de cet environnement, j’ai apporté ici une inspiration, presque un devoir : tu ne peux pas ne pas écrire sur la miséricorde. C’est ainsi qu’est née la deuxième encyclique de mon pontificat : Dives in misericordia – Dieu riche en miséricorde.
2. Qui est ce Dieu « riche en miséricorde » ? Jésus nous l’explique dans une conversation nocturne avec Nicodème. Il dit ceci : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, pour que quiconque croit en lui ne se perde pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3,16-17). Ces paroles extrêmement profondes, qui constituent quasiment le noyau de la Révélation chrétienne, sont ensuite illustrées par un exemple, une parabole particulière de la vie de Moïse.
Nous savons bien que Moïse était un grand chef, un grand prophète parmi son peuple. Il a fait sortir d’Égypte les Hébreux, de l’esclavage vers la Terre promise, à travers le désert pendant quarante ans. Sur ce chemin, sur cet itinéraire, il y a eu une étape très difficile : les serpents avaient attaqué les juifs et ceux-ci devaient mourir. Alors, à ce moment-là, Moïse a reçu de Dieu, de YHWH, un commandement : « Fais-toi un serpent, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, et ils vivront ! » (Nb 21,8).
C’est un symbole, c’est plus qu’un symbole : c’est la prophétie de la Croix. Qui regarde Jésus crucifié sera guéri physiquement mais surtout guéri spirituellement, sauvé de ses péchés.
C’est le message central, constitutif de l’Évangile.
3. Dans l’Évangile de saint Jean, après ces paroles, Jésus en ajoute d’autres qui sont très significatives, très propres au carême. Jésus parle de marcher dans les ténèbres ou de marcher dans la lumière. Il dit : nous devons marcher dans la lumière. Celui qui marche dans la lumière, qui s’approche de la lumière, accomplit des œuvres bonnes. Si ses œuvres sont bonnes, il veut être dans la lumière. Si ses œuvres ne sont pas bonnes, si elles sont mauvaises, honteuses, il ne veut pas apparaître, il ne veut pas se trouver dans la lumière, il veut rester dans les ténèbres.
Ces paroles sont quasiment une indication classique de ce que nous devons faire pendant le carême. Nous devons nous approcher de la lumière de notre conscience, de la lumière du sacrement de la réconciliation, de la pénitence. Nous devons nous approcher pour marcher dans la lumière.
4. Ceci, c’est le troisième élément de la Parole de Dieu de ce jour. Il reste encore un élément, le quatrième, que je voudrais souligner pour une circonstance particulière.
Après-demain, le 15 mars, nous devons commencer ce à quoi j’ai déjà souvent invité l’Italie, l’Église qui est dans ce pays : une grande prière pour l’Italie. Nous devons commencer cette prière dans la Basilique Saint-Pierre, près du tombeau de saint Pierre, de ses reliques, là où a commencé l’histoire de votre pays, de l’Église dans votre pays : les deux aspects vont ensemble. C’est là que nous devons commencer cette prière, avec les évêques italiens, avec notre cardinal, avec tous les évêques. Nous devons commencer au nom de l’alliance que Dieu a scellée autrefois avec votre peuple.
Aujourd’hui, la première Lecture nous rappelle l’ancienne Alliance que Dieu a scellée avec son peuple Israël. Dieu était fidèle à cette Alliance. Quand Israël était infidèle, Dieu punissait Israël. Après soixante années à Babylone, Dieu a donné ordre à Cyrus, roi de Perse, de libérer les Israélites pour qu’ils reconstruisent le temple, parce que Dieu est libérateur, Dieu est fidèle à ses promesses, à ses alliances.
Je suis convaincu – et tous les évêques, tous les chrétiens en Italie en sont convaincus – que Dieu a scellé cette Alliance avec toute l’humanité, avec tous les peuples, avec toutes les nations, et aussi avec votre peuple, avec la nation italienne, il y a deux mille ans. Maintenant, nous devons invoquer cette fidélité de Dieu, nous devons nous montrer fidèles envers lui, en tant qu’Italiens, en tant que peuple qui a fait l’objet d’un grand choix, qui a reçu les plus grands apôtres, Pierre et Paul.
Il y aura diverses étapes à cette prière tout au long de l’année, à partir du 15 mars et jusqu’à la fête de Notre-Dame de Lorette, le 10 décembre.
5. Voilà ce que je voulais vous dire. Encore une fois, je salue toutes les personnes présentes, comme je l’ai fait avant la messe. Je salue aussi tous les membres de votre communauté. Vous n’avez pas encore d’église, de temple édifié avec les pierres. Mais vous êtes des « pierres vivantes ». Et nous avons de l’espoir, avec votre curé, que vous aurez un jour une église.
Loué soit Jésus-Christ !
Traduction de Zenit, Hélène Ginabat