France: le débat sur l'avortement au Sénat

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Quand la loi efface la « détresse »…

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A l’occasion du débat sur l’Interruption volontaire de grossesse (IVG), ce jeudi 17 avril, au Sénat français, Jean-Marie le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune, revient sur les sources de la dérive progressive de la France vers la chosification sans limite de l’enfant à naître. Sans illusion sur la teneur des débats, il s’interroge tout de même : les sénateurs « vont-ils prendre en compte la détresse de l’enfant en gestation et rétablir la liberté d’expression ?

Que va-t-il se passer au Sénat français aujourd’hui ?

Jean-Marie Le Méné – Le Sénat débattra ce jeudi 17 avril, en deuxième lecture, du projet de loi pour l’égalité entre les femmes et les hommes dont certains articles relatifs à l’avortement suppriment la notion de détresse et étendent le délit d’entrave à l’information. Compte tenu des débats en première lecture puis à l’Assemblée nationale, je ne peux faire mystère d’un certain pessimisme dans mes pronostics. Les législateurs, pourtant garants du bien commun (sic !) vont entériner le glissement de l’élimination des enfants à naître, d’une exception tolérée à un droit revendiqué. La France dérive socialement, juridiquement et anthropologiquement.

Comment, alors que l’Espagne change de braquet, que One of us remporte un franc succès en Europe, que le Pape François s’installe en premier adversaire assumé de la « culture du déchet »,  l’essentiel des parlementaires français et des grands médias peuvent-ils balayer dans l’indifférence – sinon le dédain – un enjeu aussi fondamental ?

La gauche est aujourd’hui à la manœuvre et cherche objectivement à rassembler son camp sur des débats sociétaux qui gomment temporairement d’autres renoncements.  Si nous nous arrêtions là, le tableau serait largement tronqué. La gauche française fait la moisson idéologique de ce qui a été semé en termes de relativisme, de libéralisme, d’utilitarisme, depuis plus de quarante ans par une droite désinvolte sur le plan philosophique. Les voies dissidentes qui informent sur l’avortement, ses conséquences et ses alternatives sont discréditées, malmenées, contraintes au silence forcé. Dès lors, cet affaissement général des consciences tue le débat démocratique et pousse la logique libertaire à son paroxysme. Nous observons le même phénomène à chaque fois – la recherche sur l’embryon pour citer l’exemple le plus récent : une soi-disant « demande » communautaire émerge, fait pression, obtient une dérogation qui banalise la transgression et crée une brèche qui aboutit systématiquement à la libéralisation totale.   

Face au balayage de ces principes fondamentaux, ciment de la société, est-ce que des voix parviennent à faire front, en particulier dans l’hémicycle ?

Trois sénateurs porteront aujourd’hui un l’amendement de suppression de l’article qui concerne l’avortement : les sénateurs UMP Philippe Bas (Manche), Jean-Jacques Hyest (Seine-et-Marne) et André Reichardt (Bas-Rhin). Je les félicite mais regrette qu’ils soient si peu nombreux. Pourtant, la société civile n’est pas inerte, au contraire, et en a assez de se voir relégué dans le camp des rétrogrades, anti-progrès. Des mouvements de réveil des consciences, de prise en compte de la valeur et de la réalité de la vie humaine émergent partout dans le monde, en France aussi et qui doivent se faire entendre. La Commission européenne recevait la semaine dernière une délégation de l’initiative citoyenne ONE OF US appelant l’Europe à ne pas soutenir les activités qui détruisent des embryons humains. Cette initiative de 1,7 million de signatures (homologuées par la commission européenne), pétition officielle la plus importante dans l’histoire des instances européennes, a reçu vendredi dernier le soutien renouvelé du Pape François. Celui-ci vient de rappeler que l’avortement, comme l’infanticide, sont des « crimes abominables ». Il  appelle à s’opposer « le plus fermement possible à tout attentat direct à la vie, surtout celle qui est innocente et sans défense, et l’enfant à naître dans le sein maternel est l’innocent par définition ».
La réalité de l’avortement pour l’enfant en gestation, l’autorité morale du pape au plan international, et l’ampleur du mouvement ONE OF US pour le respect de la vie humaine, devraient être de nature à encourager les responsables politiques français à se poser les bonnes questions, à se dégager de l’idéologie, et à replacer l’enjeu du début de la vie sur le terrain du bien commun dont ils ont la charge. C’est pourquoi j’interpelle les sénateurs : nier la dignité de l’enfant à naître depuis sa conception, c’est rompre avec l’éthique, les droits fondamentaux et la réalité. Et le fait que ce débat se tienne alors qu’une commission de l’Assemblée nationale vient de voter un changement de statut des animaux en dit long sur l’invraisemblable inversion des valeurs à laquelle nous assistons en France, sans jamais baisser les bras.

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Jean-Marie Le Méné

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