Résumé : Nous avons vu que l’hypothèse énoncée par Aristote, d’une intelligence organisatrice, est redevenue une hypothèse rationnelle depuis la découverte de l’ADN. Elle nous apprend que les atomes ne s’organisent pas tous seuls, mais selon les instructions du message génétique de chaque être vivant pour construire son organisme.
Non seulement il n’existe PAS de « matière vivante », il n’existe que de la matière animée, c’est-à-dire des atomes qui sont organisés par les instructions écrites sur le message génétique pour déterminer toute ma construction physique : couleur de mes yeux, de mes cheveux, masculin ou féminin, espèce humaine ou koala… Mais nous allons voir un aspect qui est régulièrement «oublié » lorsqu’il est question de réfléchir sur la complexité du vivant et tout ce qui doit être mis en œuvre pour sa construction et son développement.
A en croire les différentes philosophies qui se proclament « matérialistes », l’apparition de la vie sur terre (ou sur telle autre planète) serait un phénomène tout à fait naturel qui, comme tout phénomène naturel, dépendrait uniquement des « lois de la nature »… On nous répète sur tous les tons que la vie a « émergé », tout à fait par hasard, (c’est-à-dire : sans aucune intelligence organisatrice comme disait Démocrite qui croyait à un chaos primordial d’atomes en mouvement) dans une soupe primordiale… Autrement dit, tout ça est un phénomène naturel qui n’a besoin de personne. Ce qui n’est pas sans rappeler à nos lecteurs la vieille croyance archaïque en la génération spontanée. (voir articles précédents.)
En nous racontant tout cela, ils oublient de nous dire qu’au contraire, il existe une loi de la nature qui effectue plutôt le travail naturel inverse ! C’est-à-dire que l’apparition de la vie, il y a environ 3,5 milliards d’années, serait en réalité, un phénomène plutôt « non naturel ». Attention ! Je ne parle pas ici de la question de la transmission de la vie, mais de la grande question de l’apparition de la vie, sur notre planète, ou ailleurs. Qu’est-ce qui nous permet de dire que ce phénomène est « non naturel » ?
D’abord parce que doivent être inventés et mis en place les deux langages et les deux alphabets de l’ADN et des protéines ainsi que le traducteur (voir Prix Nobel de Chimie 2009), système génial qui relève d’une intelligence organisatrice qu’il faudra, si possible, essayer d’identifier.
Mais, de plus, parce que nous savons aujourd’hui qu’il existe une loi de la nature qu’on oublie trop facilement dans cette réflexion. Une loi de la nature qui lutte farouchement contre toute organisation complexe et qui finit pas l’emporter. C’est le « Second Principe de la thermodynamique ». On l’appelle aussi « Principe de Carnot-Clausius », et malheureusement en France, personne n’en entend jamais parler au cours de sa scolarité, excepté les seuls élèves ingénieurs qui en étudient les équations, « plutôt rébarbatives », selon eux, le plus souvent sans en percevoir toute la portée. Pourtant, ce Principe découvert au début du XIXe siècle par le Français Nicolas-Sadi Carnot (1796-1832), pourrait nous intéresser car il nous concerne tous, sans exception.
Il nous apprend que dans notre Univers, toute structure organisée s’use et vieillit de façon irréversible, si elle ne reçoit plus d’information(1). Et ce, bien avant que les hommes soient présents sur Terre, mais depuis le commencement de l’Univers, il y a 13,81 milliards d’années. Le prussien Rudolf Clausius (1822-1888) a compris que ce Principe découvert par Carnot, avait une dimension universelle, et il lui a donné le nom d’entropie, à partir du grec entropé pour signifier ce qu’elle est : une involution, une régression, exactement le contraire d’une évolution ou d’une progression. Vers 1850, Clausius l’énonce ainsi : « Toute composition, physique, chimique ou biologique, qui ne reçoit plus d’information, tend à retourner à son état le plus probable qui est la poussière, la dispersion. »
La semaine prochaine : Le second Principe de la thermodynamique expliqué à des enfants de 12 ans.
(1) Voir Les indices pensables, (série d’albums Bd par Brunor). Tome 4 : La Lumière fatiguée.