Le cardinal Oscar Rodriguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa, au Honduras, vient de publier l’ouvrage : « Sans éthique, pas de développement » (Editions Missionnaria Italiana). Cet essai rassemble des articles parus dans la revue « Mondo e Missione » et une conférence qu’il a prononcée le 10 mai 2013, après avoir reçu le titre de docteur honoris causa de l’université de Parme, en Italie.
Le cardinal, qui est aussi membre du Conseil des cardinaux institué par le pape François (C8), affirme que le rôle de l’économie, durant ces 50 dernières années, n’a cessé de grandir, dans le domaine des sciences sociales, influençant les décisions politiques dont dépend le développement et la justice des peuples.
Or le développement, comme il est dit dans l’encyclique Caritas in Veritate, est impossible sans la présence d’hommes droits, sans opérateurs financiers et hommes politiques vivant en leurs consciences l’appel au bien commun. Pour le cardinal Maradiaga, la crise mondiale qui a éclaté en 2008, « fruit d’un marché-casino et d’un capitalisme sans règle », représente la face « sombre » de la mondialisation financière.
Le président de Caritas Internationalis fait une étude détaillée de la situation économique actuelle, caractérisée par une crise financière qui plonge ses racines dans une recherche démesurée du profit et dans un détachement de la production de biens et services concrets.
Il relève en particulier cette tendance à trouver aujourd’hui normal de « miser sur les titres et sur le mouvement des marchés dans le seul but d’obtenir du profit, sans rapport avec l’économie réelle ». Et il trouve cela si négatif qu’il n’hésite pas à comparer la situation aux régimes communistes et du Troisième Reich: « Comme le communisme et le national socialisme, tout système d’organisation du monde qui sacrifie la réalité de l’existence humaine à une idéologie aveugle est à condamner ».
« La mondialisation a créé la perception que les possibilité de consommation et de jouissance sont illimitées », relève le cardinal Maradiaga. D’autant plus qu’aujourd’hui « il est démontré que les morts dues à la faim dépassent celles causées par les mitrailleuses, par les camps de concentration anciens (nazis ou communistes) ou modernes (comme les camps d’accueil pour les migrants), ou par les ghettos pour les minorités ».
Le cardinal se demande ensuite comment agir pour construire un avenir positif avec les outils de l’économie mondiale. La réponse s’articule sur un développement qui prévoit la croissance de trois facteurs : « la protection de la vie, l’estime et la liberté », tant au niveau individuel que social. Trois valeurs qui se réalisent « dans toutes les dimensions de la vie humaine ».
Plus précisément, il demande à l’économie financière de poursuivre une « voie éthique », non pas éthique dans le sens de valeur morale, mais dans le sens de sauvegarder ses propres intérêts : « L’éthique n’est pas en dehors des problèmes d’ordre économique », affirme-t-il, « la dimension éthique, expulsée du capitalisme, doit être une dimension constitutive, intrinsèque à la définition intégrale de n’importe quel problème humain ».
L’économie, encore plus spécifiquement, est appelée à suivre « la voie éthique » en se laissant toujours interpeller par « une question fondamentale » : « Quelle place l’homme occupe-t-il dans les formes actuelles de la mondialisation ? », insiste le cardinal : « Quelle place l’homme occupe-t-il dans les formes actuelles de la mondialisation ? Cette question est fondamentale ».
Un exemple concret d’économie éthique ? Le cardinal Maradiaga félicite ces entrepreneurs qui ne délocalisent pas leurs entreprises : « l’entrepreneur fait de la politique dans le bon sens du terme quand il aide la patrie en restant dans le pays pour continuer à produire des emplois, à investir et à construire dans la réalité du temps présent ».
Traduction d’Océane Le Gall