Le cardinal Sandri encourage à « diffuser des exemples d’actes vertueux » pour « assurer que la cohabitation pacifique est possible » entre les religions.
Le cardinal Leonardo Sandri, préfet de la Congrégation pour les Eglises orientales, est intervenu lors d’une table ronde en l’honneur des 10 ans du Message d’Amman, à Rome, ce 18 mars 2014.
Le message d’Amman est une déclaration du Roi Abdallah II de Jordanie, invitant à l’unité entre musulmans, en soutenant le véritable Islam et en combattant l’extrémisme.
Le cardinal a fait observer que tous les croyants pouvaient se reconnaître dans la « conscience de se sentir “blessés” par des contextes, des situations et des personnes qui ont pu manifester en paroles ou en gestes, parfois violemment, leur aversion pour la foi ».
Cette blessure « dérive aussi de situations internes à nos communautés respectives », a-t-il ajouté en déplorant ces « contre-témoignages », tout comme le message d’Amman dénonçait le danger représenté par « certains qui affirment appartenir à l’Islam et commettent de terribles actes en son nom » : « Des contradictions de ce genre se constatent amèrement dans toutes les confessions. »
Blessés mais fidèles à l’espérance
Pourtant, si les croyants sont « blessés à l’intérieur et à l’extérieur [de leurs communautés de foi] », ils restent « désireux d’accueillir et de donner l’espérance », a estimé le cardinal qui a témoigné de deux anecdotes de cohabitation religieuse dont il a fait l’expérience lors d’une de ses visites en Irak, en décembre 2012 : « Lors d’une célébration en la cathédrale syro-catholique de Bagdad, deux après l’attentat de 2010, deux hauts représentants locaux de l’Islam sunnite et chiite, étaient présents ensemble ».
Toujours en Irak, à Kirkouk, lors d’une célébration eucharistique, les chrétiens ont exprimé leur solidarité en attendant des explosions, dans une mosquée proche : « C’était touchant de voir l’appréhension de la communauté chrétienne qui priait encore plus intensément le Seigneur pour ceux qui étaient dans la souffrance et l’ombre de la mort à cause de cette violence persistante. »
Le cardinal a rappelé la priorité de la Congrégation pour les Eglises orientales : la « formation », afin que les jeunes de tout le Moyen-orient apprennent « la cohabitation et la collaboration selon les principes du dialogue œcuménique et interreligieux ».
Cet objectif rejoint le message d’Amman, qui plaide pour que les jeunes, « promesse d’avenir », soient protégés « du danger de glisser sur les sentiers de l’ignorance, de la corruption, de la mentalité fermée ».
Oui, la cohabitation est possible
Le cardinal a conclu en faisant observer que ce qui « donne des ailes à l’espérance des habitants de l’Orient et du monde entier » sont « les témoignages d’un travail éducatif constant, compétent et généreux ». C’est pourquoi il a encouragé à « diffuser de tels exemples d’actes vertueux pour assurer que la cohabitation pacifique et constructive est possible ».
Dans cette optique, l’Eglise attend du monde de l’information « qu’il diffuse davantage les lueurs de l’espérance et non seulement ce qui impressionne en négatif et qui recueille un large consensus ». Il s’agit de « rapprocher les parties en conflit plutôt que de rendre plus profond le fossé qui les sépare ».
« Cela est exigé par les enfants et les jeunes juifs, chrétiens et musulmans de Terre Sainte, qui vont à l’école en espérant un avenir lumineux que nous n’avons pas le droit de mépriser », a insisté le cardinal.