« En dépit des différences, l’enseignement éthique bouddhiste et chrétien sur le respect de la vie est une recherche de bien commun fondé sur la bonté et la compassion aimante. »
C’est la conclusion du IVe colloque bouddhistes-chrétiens, qui a eu lieu à Rome, le 6 mai 2013, sous l’égide du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, en collaboration avec l’Office du dialogue œcuménique et interreligieux de la Conférence des évêques catholiques de l’Italie
Lors du colloque, intitulé « Paix intérieure, paix entre les peuples », les participants ont souligné la responsabilité des deux religions, qui œuvrent l’une comme l’autre à « la paix intérieure de l’individu » et à « la paix sociale », en promouvant « la liberté intérieure, la purification du cœur, la compassion et le don de soi ».
Texte de la déclaration finale
1. Le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, en collaboration avec l’Office du dialogue œcuménique et interreligieux de la Conférence des évêques catholiques de l’Italie, a tenu le quatrième colloque bouddhiste-chrétien à l’Université pontificale urbanienne, le 6 mai 2013, sur le thème « Paix intérieure, paix entre les peuples ».
2. Les participants ont estimé que les différents documents présentés, les discussions formelles, les dialogues amicaux pendant les périodes libres, ont contribué à approfondir la compréhension mutuelle des traditions de chacun, à mieux connaître leurs convergences et leurs divergences et à être conscients de leur responsabilité mutuelle de maintenir ou de rétablir la paix.
3. Les participants venant d’Italie, du Japon, de République de Chine (Taiwan), du Vietnam, de la Corée du Sud, de Thaïlande, de Birmanie, du Sri Lanka et de l’Inde, ont fait remarquer que le paysage religieux du monde d’aujourd’hui connaît des changements rapides. Dans ce contexte, les adeptes des différentes traditions religieuses peuvent contribuer à l’amitié et à la solidarité entre les personnes et les peuples.
4. Pour les chrétiens, le péché sous toutes ses formes – l’égoïsme et la violence, la cupidité et le désir immodéré de puissance et de domination, l’intolérance, la haine et les structures injustes – rompent la communion entre Dieu et nous et entre nous. Le rétablissement de la paix passe nécessairement par une libération face au péché et par son rejet. Jésus-Christ a rétabli la communion divino-humaine brisée. La paix est donc l’état de ceux qui vivent en harmonie avec Dieu, avec eux-mêmes, avec les autres et avec la création tout entière.
5. En ce qui concerne les bouddhistes, Bouddha Sakyamuni a enseigné que la racine de tous les maux, c’est l’ignorance et les fausses opinions fondées sur la cupidité ou la haine et il a découvert les « Quatre Nobles Vérités » comme un chemin de libération, de la souffrance au Nirvana. En conséquence, l’éthique et la pureté mentale ne sont que deux aspects d’une même voie de la pratique. En ce sens, l’éthique – l’effort pour libérer de leur souffrance les autres êtres – et la pureté mentale – le calme recherché par la méditation – ne sont que deux aspects d’une même pratique de la voie, soutenus par le troisième aspect de cette voie, la sagesse. En fait, la vraie compassion bouddhique découle de la prise de conscience de l’identité substantielle et de l’unité de tous les êtres, une sagesse qui est profondément enracinée dans la pratique contemplative.
6. Dans les deux voies des chrétiens et bouddhistes, par conséquent, la liberté intérieure, la purification du cœur, la compassion et le don de soi sont les conditions essentielles pour la paix intérieure de l’individu ainsi que pour la paix sociale.
7. En dépit des différences, l’enseignement éthique bouddhiste et chrétien sur le respect de la vie est une recherche de bien commun fondé sur la bonté et la compassion aimante. Les participants ont souhaité le renforcement du dialogue entre bouddhistes et chrétiens, pour faire face à de nouveaux défis tels que la menace envers la vie humaine, la pauvreté, la faim, les maladies endémiques, la violence, la guerre, etc, qui minimisent le caractère sacré de la vie humaine et empoisonnent la paix dans la société humaine.
8. Les participants ont reconnu qu’ils ont une responsabilité particulière dans la lutte contre ces problèmes. La volonté de coopération pour le bien-être de l’humanité doit jaillir de la profondeur des expériences spirituelles. Seule la paix intérieure peut transformer le cœur de l’homme et lui faire voir dans son/sa voisine un frère et une sœur. Si nous voulons vraiment construire un monde de paix, il est extrêmement important que nous unissions nos forces pour éduquer les gens, surtout les jeunes, à rechercher la paix, à vivre en paix et à risquer de travailler pour la paix.
9. Le colloque s’est conclu avec l’affirmation que c’est l’amour qui apporte ou restaure la paix dans les cœurs humains et l’établit au milieu de nous. Les participants ont également fait observer que le chemin de la paix est difficile, il exige du courage, de la patience, de la persévérance, de la détermination et du sacrifice. Ils considèrent le dialogue comme une priorité et un signe d’espoir. Il doit continuer!
Traduction de Zenit, Anne Kurian