La blessure de l'unité manquée entre les chrétiens

Edit de Milan: célébration oecuménique de la Parole

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« Nous avons de plus en plus conscience chaque jour de la blessure que représente l’unité manquée entre les chrétiens. Celle-ci dit notre fragile accueil du don de la Trinité qui nous précède. », déclare le cardinal Scola.

Le cardinal Angelo Scola, archevêque de Milan, a en effet prononcé l’homélie suivante, lors de la célébration oecuménique de la Parole présidée par le patriarche de Constantinople, Bartholomaios Ier, à Milan, en la basilique Saint-Ambroise, le 16 mai.

Une célébration dans le cadre de l’anniversaire de l’Edit de Milan par lequel l’empereur romain Constantin accordait la liberté de culte aux chrétiens (313 ap. J.-C.).

Homélie du card. Scola

On ne saurait écouter la prière de Jésus au Père sans parler du contexte dans lequel l’évangéliste Jean nous la rapporte, celui de la dernière Cène, des événements dramatiques qui précèdent la Pâques du Seigneur. Les premières mots prononcés par Jésus révèlent leur caractère crucial: « Père, l’heure est venue ». Ces quelques mots résument au plus haut point les vérités essentielles de notre foi: la Trinité et la Pâques, autrement dit l’Incarnation rédemptrice qui s’accomplit dans la mort et la résurrection de Jésus.

Père: chaque chose tire son origine du Père, principe sans principe. De Lui est engendré le Fils pour l’éternité. Celui-ci se donne à Lui éternellement dans l’Esprit. Vie éternelle d’un amour éternel, la Sainte Trinité a voulu, de manière tout à fait libre et gratuite, faire participer les hommes à sa communion d’amour, en les aimant dans son Fils avant la création du monde. Chaque chose, en effet, existe dans et pour ce plan de bienveillance gratuite.

L’heure de Jésus: c’est l’heure de sa mort et de sa résurrection. L’heure de sa remise propter nos homines et propter nostram salutem. L’amour de la Trinité n’est pas seulement « origine » mais aussi « source » permanente de chaque instant de l’histoire. Et, de manière ineffable, il est source de l’obéissance du Fils: Jésus, le Verbe éternel qui a pris forme humaine pour la racheter, a obéi, c’est-à-dire qu’il a voulu humainement ce que divinement la sainte Trinité a décidé gratuitement, notre salut.

Nous, en recevant le don inestimable du Baptême,  nous pouvons participer à la Vie divine en vertu de l’obéissance humaine du Fils et de la bienveillance divine de la Trinité.

Participer à la Vie divine: on comprend alors que la prière pour l’unité que Jésus prononce dans le moment particulièrement solennelle de la Cène, est beaucoup plus qu’une exhortation morale.

Cette unité – comme Toi, Père, tu es en moi et moi en Toi – est le don auquel nous participons en vertu de notre incorporation sacramentelle au Christ. Une unité à laquelle nous nous conformons chaque jour en participant à la sainte Eucharistie. De là jaillit cet amour pour les hommes, nos frères, si bien décrit par le cinquième hymne byzantin qui vient après le Gloria: « À ceux même qui nous haïssent, disons : Frères ! Pardonnons tout à cause de la Résurrection ».

C’est la raison pour laquelle, nous avons de plus en plus conscience chaque jour de la blessure que représente cette unité manquée entre les chrétiens. Celle-ci dit notre fragile accueil du don de la Trinité qui nous précède.

Notre prière ne peut donc qu’être une supplique ardente afin que l’Esprit porte à son accomplissement total le projet du Père qui s’est réalisé en Jésus-Christ. Nous sommes tous au service de ce projet. Comme a voulu le rappeler la constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen gentium du Concile Vatican II : « Aussi l’Église, pourvue des dons de son fondateur, et fidèlement appliquée à garder ses préceptes de charité, d’humilité et d’abnégation, reçoit mission d’annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l’instaurer dans toutes les nations, formant de ce Royaume le germe et le commencement sur la terre. Cependant, tandis que peu à peu elle s’accroît, elle-même aspire à l’achèvement de ce Royaume, espérant de toutes ses forces et appelant de ses vœux l’heure où elle sera, dans la gloire, réunie à son Roi. ».

Que ce désir soit notre prière. Amen.

Traduction de Zenit, Océane Le Gall

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Angelo Scola

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