Zenit – Qui est à l’origine de cette initiative ?
P. Gonzalo Miranda L.C. – Comme ces deux dernières années, la Marche pour la vie était promue par une myriade d’associations et de groupes engagés dans la défense de la vie humaine. Dès l’an dernier, il avait été jugé opportun de faire précéder la marche par un congrès pour approfondir un thème donné. Le Dr Renzo Puccetti, ainsi que Francesco Agnoli et Virginia Nunziante, ont pensé qu’il serait intéressant d’organiser cette rencontre académique en collaboration avec notre faculté de bioéthique. Il s’agissait, en effet, de souligner le bien-fondé et la solidité académique et scientifique de cet engagement en faveur de la vie qui s’exprimait le lendemain sur un mode festif dans les rues de Rome.
Quels ont été les sujets abordés, qui étaient les intervenants et quels étaient les objectifs ?
Le congrès était divisé en deux grandes parties, une le matin et l’autre l’après-midi. La session du matin était intitulée « Médecins jusqu’au bout. Le bon médecin dans les cas éthiques sensibles ». La réflexion a surtout porté sur les qualités et les vertus à pratiquer dans les comportements qui doivent distinguer tout médecin (et, logiquement, tout infirmier) pour qu’il puisse être considéré comme un « bon » professionnel de la santé. On a ensuite affronté certaines des problématiques plus pointues et délicates auxquelles les médecins se trouvent confrontés tous les jours dans leur travail. En particulier les problèmes concernant le début de la vie humaine. D’autres sujets ont été abordés, comme la fertilité et l’infertilité, les thérapies intra-utérine, l’attention aux nouveau-nés en phase terminale, ainsi que certaines problématiques psychologiques liées à l’interruption de grossesse, etc. L’après-midi, à part quelques thèmes spécifiques, comme celui des neurosciences, a été consacré à des témoignages de divers groupes et associations engagés généreusement et efficacement depuis longtemps en faveur de la vie humaine. Une session était aussi réservée aux jeunes, pour leur expliquer la vision chrétienne de la sexualité, en s’appuyant sur la projection du film « October Baby ».
Que pensez-vous de l’initiative des citoyens européens « Un de nous » ?
Je suis convaincu que c’est une initiative très importante. Tout d’abord parce qu’il est vrai que tout être humain, même le nouveau-né, est « un de nous ». En tant que chrétiens, nous pouvons aussi dire « notre frère ou notre sœur ». Ensuite, parce que, malheureusement, aujourd’hui cette vérité n’est pas comprise et souvent peu de gens veulent la comprendre, surtout dans nos pays européens. Ce recueil de signatures, et les autres aspects liés à cette initiative, me semblent déjà en soi une action importante pour donner un éclairage culturel. En plus, il faut espérer que cette mobilisation des citoyens européens sera écoutée par les députés et commissaires qui siègent et qui sont aux commandes dans l’Union européenne. On peut supposer que ces personnes, même si elles ne partagent pas le même point de vue, ont une grande conscience du devoir de respecter la vie de tous les individus, y compris les nouveau-nés, et qu’elles devraient au moins respecter la demande éthique exprimée par la signature de tant de citoyens européens.
Le temps serait-il venu pour les mouvements européens en faveur de la vie de s’unir dans un objectif commun ?
Je le souhaite ! Je pense qu’il est bon d’avoir, en Italie, en Europe, dans le monde, différents groupes, associations, mouvements, etc. qui travaillent pour la défense de la vie humaine. Il y a une diversité d’approches, de méthodologies, des buts et des stratégies spécifiques, je dirais presque une diversité de « charismes ». Il est important que chaque groupe puisse porter ce qui lui est propre, sans prétendre mettre tout le monde dans le même panier. Il me semble tout aussi important que les différents groupes sachent se comporter et agir dans le respect de tous les autres, sans prétendre que tout le monde fasse « comme nous ». Il me semble indiqué que ces groupes collaborent entre eux, surtout pour atteindre certains objectifs communs, là où vraiment « l’union fait la force. »
Ce qui se passe en France avec des socialistes, des non-croyants, des agnostiques, des juifs, des musulmans qui s’unissent aux chrétiens pour défendre le droit des enfants à avoir un père et une mère, pourrait être de bon augure pour faire en sorte que les combats en faveur de la vie deviennent des batailles de civilisation auxquelles tout le monde peut participer. Qu’en pensez-vous ?
J’ai toujours pensé et dit que de nombreux laïcs devraient avoir un peu honte en voyant que la cause de la vie est devenue pratiquement un « monopole catholique » (ou, dans certains pays en tous cas, « un monopole chrétien »). Aujourd’hui, si on parle de « pro vie », « journée pour la vie », « défense de la vie », etc. on pense aussitôt à quelque chose qui émane du monde catholique ou qui est en lien avec lui. Pourquoi ? Pourquoi devrait-il n’y avoir que les catholiques qui comprennent la valeur de la vie humaine, qui s’engagent dans la défense et la promotion de la vie de tous et en particulier des plus faibles ? Sincèrement, je n’ai jamais compris pourquoi les personnes qui ont développé et qui cultivent une grande sensibilité sociale, de solidarité avec les ouvriers, les immigrés etc. n’appliquent pas la même sensibilité à la défense des pauvres parmi les pauvres : les être humains à naître. Ce qui se passe en France, comme vous l’avez rappelé, pourrait être un beau signe de quelque chose qui change. Disons-le haut et fort, et en toute sincérité, à nos concitoyens et amis laïcs : enlevez aux catholiques le monopole en faveur de la vie ! Montrez-vous plus radicaux dans la défense des droits de l’homme et surtout dans la défense de la vie et de la famille !
Traduction d’Hélène Ginabat