Une fête de la sainteté, place Saint-Pierre

Premières canonisations du pontificat

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C’était une « fête de la sainteté » commencée vers 9 h30 et qui ne s’est achevée pour le pape François qu’à 12 h 30 après un long tour de la place Saint-Pierre sur la Mercedes tout terrain découverte blanche, jusque dans la rue de la Conciliation, pour permettre à la foule de saluer le pape de plus près: sur son parcours, il a embrassé les enfants et les malades.

Le pape François a présidé la première messe de canonisation de son pontificat: plus de 800 nouveaux saints d’Italie, de Colombie et du Mexique: Antonio Primaldo et ses 800 compagnons, martyrs à Otrante, sur la côte adriatique († 1480); Laura Montoya y Upegui (1874-1949), vierge, fondatrice de la Congrégation des Missionnaires de la bienheureuse Vierge Marie Immaculée et de sainte Catherine de Sienne, « mère spirituelle des populations indigènes », première sainte native de Colombie; et Maria Guadalupe García Zavala (1878-1963), vierge, co-fondatrice de la Congrégation  des Servantes de Sainte Marguerite-Marie et des pauvres, ange des malades, appelée « Madre Lupita ».

Le président colombien Juan Manuel Santos Calderon a participé à la célébration et il a salué le pape au terme de la messe, ainsi que Mme Anna Maria Cancellieri, ministre de la Justice, pour représenter l’Italie [le gouvernement s’est retiré pour travailler, dans la campagne siennoise, à l’abbaye de Spineto], et M. Roberto Herrera Mena, représentant le Mexique. De nombreuses personnalités locales ont aussi participé à la messe ainsi que des membres des familles spirituelles des nouvelles saintes.

Homélie du pape François

(En italien)

Chers frères et soeurs, 

En ce VIIe dimanche du temps de Pâques, nous sommes rassemblés avec pour célébrer une fête de la sainteté. Nous rendons grâce à Dieu qui a fait resplendir sa gloire, la gloire de l’Amour, sur les Martyrs d’Orante, sur Mère Laura Montoya et sur Mère María Guadalupe García Zavala. Je vous salue tous, vous qui êtes venus pour cette fête – d’Italie, de Colombie, du Mexique et d’autres pays – et je vous en remercie! Nous voulons regarder vers les nouveaux saints à la lumière de la Parole de Dieu qui a été proclamée. Une parole qui nous a invités à la fidélité au Christ, même jusqu’au martyre; elle nous a rappelé l’urgence et la beauté d’apporter à tous le Christ et son Evangile; elle nous a parlé du témoignage de la charité, sans lequel même le martyre et la mission perdent leur saveur chrétienne.

1. Lorsque les Actes des Apôtres nous parlent du diacre Etienne, le proto-martyr, ils insistent pour dire qu’il était un homme « rempli d’Esprit Saint » (6,5; 7,55). Qu’est-ce que cela signifie? Cela signifie qu’il était rempli de l’Amour de Dieu, que toute sa personne, toute sa vie, étaient animés par l’Esprit du Christ ressuscité, au point de suivre Jésus avec une fidélité totale, jusqu’au don de soi.

Aujourd’hui, l’Eglise propose à notre vénération une foule de martyrs qui ont été appelés ensemble au témoignage suprême [rendu] à l’Evangile, en 1480. Environ 800 personnes, qui avaient survécu au siège et à l’invasion d’Orante, ont été décapitées aux environs de la ville. Elles refusèrent de renier leur foi et elles moururent en confessant le Christ ressuscité. Où ont-elles trouvé la force de rester fidèles? Justement dans la foi qui fait voir au-delà des limites de notre regard humain, au-delà de la frontière de la vision terrestre, fait contempler les « cieux ouverts » – comme le dit saint  Etienne – et le Christ vivant à la droite du Père. Chers amis, conservons la foi que nous avons reçue et qui est notre vrai trésor, renouvelons notre fidélité au Seigneur, même au milieu des obstacles et des incompréhensions. Dieu ne nous laissera jamais sans la force et la sérénité. Alors que nous vénérons les Martyrs d’Otrante, demandons à Dieu de soutenir tant de chrétiens qui, justement à notre époque et dans tant de parties du monde, souffrent encore des violences, et qu’il leur donne le courage de la fidélité et de répondre au mal par le bien.

(En espagnol)

2. La deuxième idée, nous pouvons la tirer des paroles de Jésus que nous avons entendues dans l’Evangile: « Je prie pour ceux qui accueilleront leur parole et croiront en moi. Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi » (Jn 17,20). Sainte Laura Montoya a été un instrument d’évangélisation tout d’abord comme institutrice puis comme mère spirituelle des indigènes chez qui elle a infusé l’espérance en les accueillant avec cet amour appris de Dieu, et en les conduisant à Lui avec une pédagogie efficace qui respectait leur culture et ne s’opposait pas à elle. Dans son oeuvre d’évangélisation, Mère Laura s’est vraiment faite toute à tous, selon l’expression de saint Paul  (cf. 1 Co 9,22). Ses filles spirituelles aussi vivent aujourd’hui l’Evangile et l’apportent dans les lieux les plus reculés et qui en ont le plus besoin, comme une forme d’avant-garde de l’Eglise.

Cette première sainte née sur la belle terre colombienne nous enseigne à être généreux avec Dieu, à ne pas vivre la foi de façon solita ire – comme si c’était possible de vivre la foi de façon isolée – mais à la communiquer, à rayonner de la joie de l’Evangile par la parole et par le témoignage de la vie là où nous nous trouvons. 

Elle nous enseigne à voir le visage de Jésus reflété par l’autre, à vaincre l’indifférence et l’individualisme, en accueillant chacun sans préjugés ni réticences, avec un amour authentique, en leur donnant le meilleur de nous-mêmes et, surtout, en partageant avec eux ce qui est notre bien le plus précieux: le Christ et son Evangile.

3. Enfin, une troisième idée. Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus pire le Père avec ces paroles: « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore, pour qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé, et que moi aussi, je sois en eux »‘ (Jn 17,26). La fidélité des martyrs jusqu’à la mort, la proclamation de l’Evangile à tous, s’enracinent dans l’amour de Dieu, qui a été répandu dans nos coeurs par l’Esprit Saint (cf. Rm 5,5), et dans le témoignage que nous devons donner de cet amour dans notre vie quotidienne. Sainte Guadalupe García Zavala le savait bien. 

En renonçant à une vie confortable, pour suivre l’appel de Jésus, elle enseignait à aimer la pauvreté, pour pouvoir aimer les pauvres et les malades. Mère Lupita s’agenouillait sur le sol de l’hôpital, devant les malades et les abandonnés pour les servir avec tendresse et compassion. Mère Lupita avait compris ce que signifie « toucher la chair du Christ ». Aujourd’hui aussi ses filles spirituelles s’efforcent de refléter l’amour de Dieu dans des oeuvres de charité, sans s’épargner de sacrifices et en affrontant tout obstacle avec douceur et constance apostolique  (hypomonē) et vaillance.

Cette nouvelle sainte mexicaine nous invite à aimer comme Jésus nous a aimés, et cela suppose de ne pas se renfermer sur soi-même, sur ses problèmes, ses idées, ses intérêts, mais de sortir et d’aller à la rencontre de ceux qui ont besoin d’attention, de compréhension et d’aide, pour leur apporter la proximité chaleureuse de l’amour de Dieu, par des gestes concrets de délicatesse et d’affection sincère.

(En italien)

Fidélité au Christ et à son Evangile, pour l’annoncer par la parole et par la vie, en témoignant de l’amour de Dieu par notre amour, par notre charité envers tous: ce sont les exemples et les enseignements lumineux que nous offrent les saints proclamés aujourd’hui, mais qui posent aussi des questions à notre vie chrétienne. Comment suis-je fidèle au Christ? Suis-je capable de « faire voir » ma foi avec respect mais aussi avec courage? Sui-je attentif aux autres, est-ce que je m’aperçois de qui est dans le besoin, est-ce que je vois dans tous des frères
et des soeurs à aimer? 

Demandons, par l’intercession de la bienheureuse Vierge Marie et des nouveaux saints que le Seigneur  remplisse notre vie de la joie de son amour.

Traduction de Zenit, Anita bourdin  


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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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