Le pape François a accueilli le pape émérite Benoît XVI au Vatican ce jeudi soir, 2 mai, vers 16h45, indique le Vatican. Un retour dans une extrême discrétion: pas de transmission en direct télévisée.
La rencontre a eu lieu à la nouvelle résidence du pape émérite, l’ancien monastère dédié à Marie, Mère de l’Eglise – « Mater Ecclesiae » – dans une « grande cordialité fraternelle » dit le communiqué du Vatican: ils se sont ensuite rendus à la chapelle pour un bref moment de prière.
Le monastère de brique rouge de trois étages et un semi-sous-sol a été transformé: les cellules monastiques ont fait place à un appartement pour le pape, au premier étage (rez-de-jardin surélevé) : un ascenseur en facilite l’accès et une chambre d’amis accueillera le frère aîné du pape émérite, Mgr Georg Ratzinger.
Des appartements ont aussi été conçus pour les quatre laïques consacrées du mouvement Communion et Libération – appelées « Memores Domini » – déjà attachées à la maison pontificale, et pour Mgr Georg Gaenswein, préfet de la Maison Pontificale.
La secrétaire du pape, qui l’assistait déjà à la Doctrine de la foi, Birgit Wansing, continuera de loger dans sa communauté des Dames de Schönstatt.
Enfin, le diacre belge qui a aidé le pape émérite pendant son séjour à Castelgandolfo achève aujourd’hui son service.
Le service de la prière
Le pape Benoît XVI avait quitté le Vatican de ce même héliport où il est arrivé ce soir, le jeudi 28 février, en fin d’après midi, alors que sa démission de sa charge – et donc la période de vacance du Siège apostolique – commençait le même soir à 20h. Il y a attendu l’aménagement de l’ancien monastère du Vatican en appartement pour lui et les personnes qui l’accompagnent dans sa retraite.
Au cours de ces deux mois, le pape émérite a reçu plusieurs appels du pape François, le 13 mars, jour de son élection, et le 19 mars, jour de la Saint-Joseph. Le pape François lui a aussi rendu visite le samedi 23 mars, lui offrant l’icône russe de la Vierge de l’Humilité, en rendant hommage à cette vertu de Benoît XVI.
Le communiqué du Saint-Siège rappelle que le pape émérite entend, comme il l’a lui-même indiqué le 11 février dernier en annonçant aux cardinaux sa démission, « se consacrer au service de l’Eglise avant tout par la prière ».
Il suit en cela les traces de saint Célestin V, moine, devenu pape en juillet 1294 et redevenu moine en décembre de la même année, après une démission qui faisait encore problème pour Dante Alighieri. Les célébrations en l’honneur du VIIe centenaire de sa canonisation ont justement commencé ce 2 mai.
Mais il y a une grande différence entre la situation de Célestin V et celle de Benoît XVI qui demeure, à l’ombre de la coupole de Saint-Pierre, tout proche de son successeur: il le soutient par la prière et par sa disponibilité. La transmission d’un pape à l’autre n’est plus désormais laissée aux archives et au personnel, mais elle peut se faire aussi de personne à personne, dans la confiance et la discrétion.
Benoît XVI pour sa part peut déjà se réjouir des fruits visibles de son renoncement: la personne du pape François et la façon dont il attire les foules au Christ et à l’Eglise.
Une décision pour les jeunes
Du balcon de Castelgandolfo, pour sa dernière apparition publique, au soir du 28 février, le pape Benoît XVI avait déclaré sa volonté de continuer à servir l’humanité et l’Eglise: « Je ne suis plus qu’un simple un pèlerin qui entame la dernière étape de son pèlerinage sur cette terre. Mais je voudrais encore, avec tout mon cœur, avec tout mon amour, avec ma prière, avec ma réflexion, avec toutes mes forces intérieures, travailler pour le bien commun et le bien de l’Eglise, de l’humanité. »
La veille, lors de la dernière audience générale de son pontificat, il avait expliqué que ses forces le lâchaient: « Ces derniers mois, j’ai senti que mes forces avaient diminué et j’ai demandé à Dieu de m’éclairer pour prendre la juste décision pour le bien de l’Église. Je continuerai à accompagner le chemin de l’Église par la prière et la réflexion. »
Il avait confié, dès mars 2012, au cardinal Paul Poupard, à son retour de Cuba et du Mexique, qu’il ne pourrait plus faire de voyages transatlantiques.
Cependant, après l’été, en septembre, il avait voulu maintenir son voyage au Liban pourtant jugé à haut-risque pour des raisons de géopolitique, et il avait voulu que l’affaire vatileaks soit résolue: le procès a en effet été mené tambour battant en octobre.
Il avait répondu à Peter Seewald, dans son livre entretien « Lumière du monde », en 2011, qu’on ne peut démissionner en pensant qu’un autre se chargera de résoudre les problèmes. Mais dans une période « calme », oui, il envisageait la possibilité d’une démission.
Des observateurs estiment à Rome que l’élément décisif pour la démission a été la perpective de la JMJ de Rio de Janeiro en juillet prochain: le pape Benoît XVI voyant qu’il ne pourrait pas être au rendez-vous a voulu qu’un autre aille à la rencontre des jeunes du monde. Lui-même avait commencé les voyages de son pontificat, en août 2005, par la JMJ de Cologne, convoquée par son prédécesseur, Jean-Paul II.
La maison du pape émérite
Benoît XVI est arrivé en hélicoptère de Castelgandolfo, accompagné de Mgr Gänswein. Il a été accueilli à l’héliport du Vatican par le cardinal doyen, Angelo Sodano, par le Secrétaire d’Etat, le cardinal Tarcisio Bertone, par le président du gouvernorat de la Cité du Vatican, le cardinal Giuseppe Bertello, par le substitut, Mgr Angelo Becciu, par le secrétaire pour les Rapports avec les Etats, Mgr Dominique Mamberti et par le secrétaire général du gouvernorat, Mgr Giuseppe Sciacca.
Il s’est ensuite rendu en voiture à l’ancien monastère qui sera désormais sa résidence, au milieu des oliviers et des palmiers des Jardins du Vatican, vraie réserve ornithologique, et actuellement embaumés et parés par le printemps romain.