Annonciation : la foi rend audacieux

Le fiat, expression la plus parfaite de la foi

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Le fiat de Marie à l‘Annonciation, qui est « l’expression la plus parfaite de la foi », comporte « un risque vital » car « la confiance rend audacieux », souligne Mgr Perrier.

Mgr Jacques Perrier, ancien évêque de Tarbes-Lourdes, offre aux lecteurs de Zenit une méditation sur le mystère de l’Annonciation, célébrée d’ordinaire le 25 mars mais reportée cette année au 8 avril en raison de la Semaine Sainte.

Il précise le sens du fiat, ni « fatalisme », ni « soumission d’esclave », ni « aveuglement », mais « totale disponibilité ».

Marie, modèle de la foi

En cette Année de la foi, s’il y a une date où il faut regarder plus particulièrement en direction de Marie, c’est bien la fête de l’Annonciation. Cette année, le 8 avril, lundi de la deuxième semaine de Pâques : c’est la règle quand le 25 mars est trop proche des Jours Saints.

« Qu’il me soit fait selon ta parole », Fiat : c’est bien l’expression la plus parfaite de la foi. « Que ta volonté soit faite » : c’est la prière de Jésus lui-même au jardin de Gethsémani. Au jour de l’Incarnation, Marie se rend disponible à l’œuvre du Père. Elle préfigure la totale disponibilité de Jésus à l’heure de la Passion. Fiat, c’est la troisième demande du Notre Père. Nous sommes donc au cœur de l’Evangile.

Il faut toujours se garder de transformer le fiat de Marie en une sorte de fatalisme.

Sur beaucoup de tableaux représentant l’Annonciation, Marie tient un livre dans ses mains. C’est l’Ecriture qu’elle apprit à lire sur les genoux de sa mère, Anne, comme bien des peintres et des sculpteurs l’ont imaginé. L’acte de foi demandé à Marie est plus radical que tout ce à quoi elle pouvait s’attendre. Mais il s’appuie quand même sur des siècles de Révélation et sur la foi de ses ancêtres, depuis Abraham, le père des croyants.

Même si nous vivons aujourd’hui dans un climat païen, l’acte de foi ne part jamais de rien. Fût-ce en creux, il y a toujours des attentes. L’évangélisation s’appuie sur elles : c’est un thème fréquent dans les textes du concile Vatican II.

Le fiat de Marie comporte un risque vital. Que va-t-il lui arriver ? Joseph lui-même s’interrogera. Si la femme adultère peut être lapidée, quel sera le sort de cette jeune fille, mère avant d’avoir été épouse ? Trop de cas tragiques, aujourd’hui encore à travers le monde, le laissent imaginer.

Marie prend un risque surhumain, comme Abraham prêt à sacrifier son fils, comme Moïse affrontant Pharaon, comme David ramassant trois galets pour combattre Goliath. Marie est la digne descendante de Judith en face d’Holopherne, d’Esther en face d’Assuérus. Elle est déjà la femme forte qui accompagnera son fils jusqu’à la Croix.

Mais il ne faudrait pas transformer le « oui » de Marie en une soumission d’esclave. La foi n’est pas la claire vision. Mais elle n’est pas, non plus, l’aveuglement. Les premiers mots de l’ange l’ont surprise et lui ont inspiré la crainte qui n’est pas la peur mais le commencement de la sagesse, dit l’Ecriture. L’ange lui demande alors d’aller plus loin que la crainte, car elle a trouvé grâce auprès de Dieu.

Comment ne pas penser à Bernadette de Lourdes ? Troublée par l’Apparition, mais rassurée parce que la Dame fait le signe de la Croix et lui sourit. Bernadette, elle aussi, prendra des risques parce que la confiance est plus forte.

Et la confiance rend audacieux. Bernadette insiste pour savoir le nom de la Dame et c’est finalement le jour de l’Annonciation  qu’elle obtient sa réponse : « Je suis l’Immaculée Conception. » Avant elle, Marie a demandé : « Comment cela se fera-t-il ? »

Notre pape, désormais émérite, Benoît XVI, se refusait à opposer la foi et l’intelligence. La logique de Dieu dépasse la nôtre. Mais il est la Sagesse même.   

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Jacques Perrier

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