Le pape François et la Nouvelle évangélisation

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Un « Manuel du Nouvel Evangélisateur », publication

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Alex et Maud Lauriot-Prévost publient un « Manuel du Nouvel Evangélisateur. Principes, outils-clefs, spiritualité » chez Salvator, avec une préface de Mgr Dominique Rey et une postface du P. Daniel-Ange. Ils en expliquent les enjeux aux lecteurs de Zenit. Ils ont voulu offrir « un petit livre à visée essentiellement pédagogique pour les baptisés et les pasteurs ».

Voici le second volet de cet entretien (pour le premier volet, cf. Zenit du 27 mars 2013). Il y évoquent le nouveau pape et son rapport à la Nouvelle évangélisation.

Quelles sont les grandes thématiques de ce « Manuel » ? (suite)

Alex – Nous abordons enfin la nécessité de la conversion de chacun en vue de la nouvelle Evangélisation, élément central sur lequel est revenu longuement le dernier synode. Nous prenons le temps de décrypter les dérives qui ont conduit certains à croire que l’appel à « faire des disciples », à évangéliser avec l’objectif de conduire les non-croyants à la foi, n’avait plus lieu d’être depuis Vatican II. Cela permet d’expliquer en partie certaines difficultés des dernières générations à transmettre et annoncer la foi. La nouvelle évangélisation, ancrée dans l’important travail théologique et pastoral du magistère, replace peu à peu l’Eglise dans la juste perspective missionnaire voulue par les pères conciliaires ; Benoit XVI a d’ailleurs beaucoup œuvré dans ce sens. Il nous a donc semblé opportun de donner quelques clés aux nouveaux évangélisateurs pour comprendre l’origine et les raisons des freins ou des réactions négatives que certains rencontrent encore aujourd’hui sur le terrain. Rien de grave, tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu, mais ces clés permettent de mettre en perspective, de ne pas vivre des remises en cause inutiles, d’avancer avec foi et amour malgré les épreuves.

L’Eglise vient d’accueillir un nouveau pasteur, le pape François : croyez-vous qu’il soit attaché à la Nouvelle Evangélisation ?

Alex – La figure de Saint François dont le nouveau pape se réclame très explicitement renvoie à l’exigence pour l’Eglise et les chrétiens d’une vie évangélique et simple, proche des gens et des pauvres, au service d’abord des malades et non des bien-portants, au service de la justice et donc loin des fonctionnement mondains. C’est essentiel : la hiérarchie est selon lui en première ligne, mais nous sommes tous concernés par cette exigence afin de vivre cette attitude de cœur, une vie humble, simple, proche de tous, et non pas docte et compassée, précieuse et loin de la vie des gens. Un tel témoignage est la condition de la crédibilité du message évangélique et donc des fruits de l’évangélisation ; cependant, le pape François l’a dit très clairement aux cardinaux dès le lendemain de son élection : l’Eglise n’est pas une « ONG humanitaire », car sa priorité est de confesser et d’annoncer le Christ. Il l’a dit sans pincettes : « quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable » ! Chaque chrétien, chaque communauté chrétienne doit donc selon lui confesser le Christ, sinon on construit « des châteaux de sable » sur une plage où bientôt  « tout s’écroule, c’est sans consistance ». Difficile d’être plus clair !

Maud – Souvent, les médias présentent uniquement Saint François sous son angle d’homme humble et pauvre, de grand ami de la paix, de la création et de tous les hommes ! C’est très vrai, mais ce témoignage de vie et cette attitudes ne sont cependant pas selon lui un but en soi, mais au service de sa mission première, la nouvelle évangélisation de l’époque pourrait-on dire : l’Eglise du XIII°, très mal menée de l’extérieur par de nombreuses hérésies et de l’intérieur par des vies dévoyées de nombreux clercs, les franciscains (et les dominicains) furent la réponse providentielle de Dieu pour générer ce nouvel élan évangélisateur au moyen-âge. Ces ordres n’avaient pas de mission caritative, mais étaient centrés sur la prédication et l’annonce de la Vérité en vue de ré-évangéliser l’Italie, les pays d’Oc, puis toute l’Europe. Leur prédication fut d’une redoutable efficacité au profit d’un renouveau ecclésial sans précédent.

Alex – A la suite de Saint François, le zèle évangélisateur du nouveau pape, sa foi dans le renouveau qu’impulse à cette fin l’Esprit-Saint, sa certitude dans la soif de l’homme d’accueillir le Christ, sont très clairs :  « Ayons la ferme certitude de ce que l’Esprit offre à l’Eglise : avec son souffle puissant, il offre le courage nécessaire à persévérer et de nouvelles méthodes d’évangélisation à porter jusqu’aux extrémités de la terre. La vérité chrétienne est attrayante et convaincante si elle répond aux besoins profonds de la vie humaine et annonce clairement le Christ comme unique Sauveur de l’homme, de tous les hommes. C’est une annonce valable aujourd’hui comme à l’aube du christianisme, lorsque se produisit la première grande expansion missionnaire de l’Evangile… ». A certains qui estiment que ce pape va se contenter de parler essentiellement de solidarité et d’écologie, nous les invitons à regarder de plus près : il est rempli du feu de l’amour, de la pureté de vie évangélique, du zèle pour l’évangélisation, d’un amour brulant pour le peuple de Dieu et la Vérité ; il sait s’exprimer de manière simple, spontanée et vraie, ce qui est très actuel et touche beaucoup, mais c’est visiblement un anti-mondain face à tous les cercles du pouvoir, qu’ils soient ecclésiastiques, politiques ou culturels. Quel cadeau pour l’Eglise !

Maud – Son expérience comme archevêque de Buenos Aires a montré qu’il témoignait à temps et contre temps, à l’encontre des modes et des idéologies : il annonce, mais aussi dénonce et sait mettre les points sur les i ; le pouvoir civil et médiatique en savait quelque chose ! Son mode d’expression est certes accessible, mais le contenu de son propos est tout sauf de la langue de buis. Accrochons les ceintures, ça va selon nous décoiffer ! Il est doux et humble de cœur mais c’est un roc, il a des accents de vrai prophète :  il va tous nous bousculer, nous mener sur un chemin de radicalité de conversion, de vie évangélique, de vie dans l’Esprit, d’amour de Jésus, de son Eglise et du zèle pour les âmes, dans un unique but : l’évangélisation pertinente et crédible du monde moderne, apporter le Salut du Christ à tous les hommes de notre temps. Que rêver de mieux pour des « nouveaux évangélisateurs » ?

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Alex et Maud Lauriot-Prévost

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