La bienheureuse Hildegarde Burjan ou la sainteté en politique

Une pionnière de l’aide sociale en Autriche

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ROME, lundi 30 janvier 2012 (ZENIT.org) – « Il est possible de devenir des saints en politique », a déclaré le cardinal Christoph Schönborn à l’occasion de la béatification dimanche, 29 janvier, à Vienne, en Autriche, d’Hildegarde Burjan, la fondatrice des sœurs de la « Charité sociale », « Caritas socialis ».

Benoît XVI a évoqué cette béatification dimanche 29 janvier après l’angélus, en disant notamment: « Louons le Seigneur pour  ce beau témoignage d’Evangile!» .

Autrichienne d’origine juive, Hildegarde Burjan est considérée comme une pionnière de l’aide sociale. Elle a été béatifiée lors d’une célébration présidée par l’envoyé du pape, le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, en la cathédrale Saint-Etienne de Vienne.

« Pour l’archidiocèse de Vienne, mais aussi pour toute l’Autriche, la béatification d’Hildegarde Burjan est une grande joie, a commenté le cardinal Schönborn. « Première femme élue démocratiquement, elle a vécu la politique comme un service à l’Evangile » et elle a montré, tout en « vivant pleinement sa vie de famille », qu’il est possible de vivre « en cohérence » sa foi et sa vie et d’ « agir » de manière convaincante.

Hildegarde était une « femme profondément religieuse, une femme exceptionnelle, une vraie chrétienne », a ajouté l’archevêque de Vienne au micro de Radio Vatican.

En cette heure de nouvelle évangélisation, « je crois que sa béatification arrive au bon moment, pour souligner justement que le nœud de la question est l’action (…) Nous n’avons pas besoin de théories mais d’exemples, de personnes qui parlent dans les faits. », a-t-il ajouté.

Le procès de béatification de la nouvelle bienheureuse avait été lancé en 1963 par le cardinal
Franz König.

Née le 30 janvier 1883 à Görlitz, en Prusse-Silésie, de deux parents juifs, Abraham et Berta Freund, Hildegarde se distingue très jeune par une grande ouverture aux problèmes sociaux et un esprit libre. Elle fut l’une des premières femmes à faire des études universitaires et la première à occuper un siège au parlement autrichien.

Ce sont des études de langue, de littérature et de civilisation allemandes à l’université de Zurich ainsi que de philosophie.

Ses études finies, brillamment, elle se marie en 1907 avec Alexander Burjan, et le couple part s’installer d’abord à Berlin puis, en 1909, dans la capitale autrichienne.

A Vienne elle se confronte aux grandes contradictions sociales. Mais au lieu de fermer les yeux devant la misère, en observatrice attentive et critique de l’intolérable situation, elle commence à s’engager sérieusement dans le social.

Elle s’unit à un groupe de femmes engagé dans la mise en œuvre des idées formulées par le pape Léon XIII dans son encyclique sociale Rerum Novarum (1891). Son engagement est profondément marqué par la foi catholique, à laquelle elle se convertit en 1909 après une grave maladie.

Pour le développement intérieur de l’homme, Hildegarde Burjan juge indispensable la liberté intérieure et la formation de la personnalité. Elle est convaincue qu’une assistance sociale authentique consiste à aider les autres à s’aider eux-mêmes. Pour Hildegarde, la dignité de l’homme est toujours au premier plan.

En 1912, elle fonde l’Association des ouvrières chrétiennes à domicile (Verein christlicher Heimarbeiterinnen) et en 1918 regroupe toutes les organisations de femmes ouvrières dans l’association Assistance sociale (Soziale Hilfe). Elle aide aussi les populations affamées d’Erzgebirge (minières) en récoltant des denrées, et elle crée dans la Région des Sudètes (à la frontière de la Tchéquie) un réseau d’assistance aux familles.

Fidèle au principe selon lequel l’action sociale demande la combinaison d’un engagement privé et politique, Hildegarde se lance dans la politique en 1918, à la fin de la première guerre mondiale et après la chute de l’empire austro-hongrois. Son objectif est de changer à jamais les structures sociales.

Son engagement politique est centré sur le social. Elle se bat pour l’égalité, pour le salaire minimum des ouvrières à domicile, pour une juste assistance à ceux qui exercent des activités à risque et lutte contre le travail des enfants. Son activité sera déterminante pour la politique et les institutions sociales d’aujourd’hui.

En 1919, elle fonde l’ordre de la Caritas Socialis dont elle devient et restera jusqu’à sa mort la première supérieure. En 1926, la Caritas Socialis s’installe à Berlin, Munich et en Tchécoslovaquie.

La congrégation, où les sœurs sont formées aux professions sociales et pastorales, gère à Vienne plusieurs structures, dont une maison d’accueil pour mères et enfants, des crèches, des centres de soins et des cabinets de consultation spécialisés pour personnes âgées et malades chroniques, des centres de jour pour malades atteints d’ Alzheimer et de sclérose en plaque.

Le 11 juin 1933, âgée seulement de cinquante ans, Hildegarde décède épuisée par la maladie et son dévouement extrême.

Après 1948, la Caritas Socialis s’exporte dans le monde: Tyrol du Sud, Bavière, Rome, le Brésil.

Hildegarde Burjan, une femme hors du commun, est devenue pour de nombreuses personnes dans la société et la politique un modèle vivant, un encouragement pour les générations futures.

Britta Dörre
Traduction d’Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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