ROME, mardi 10 janvier 2012 (ZENIT.org) – Mgr Paul Nabil el-Sayah, archevêque maronite de Haïfa et de Terre Sainte, souligne dans un entretiens avec L’Aide à l’Église en Détresse (AED) la contribution des chrétiens arabes, à l’Eglise universelle.
A travers les pèlerinages, qui renforcent la communauté financièrement et spirituellement – une plus grande attention – « comme le font heureusement les États-Unis et l’Europe » – et des projets spécifiques, « comme ceux de l’AED : je n’aurais jamais pu rêver d’un bâtiment pour la pastorale si j’avais dû compter uniquement sur mes fidèles ». En 2010 la fondation pontificale a financé la construction d’un centre pour la pastorale sur le mont Carmel à Isfya, à une dizaine de kilomètres de Haifa.
Les chrétiens qui vivent en Terre Sainte ont certainement besoin d’aide, mais leur contribution à l’Église universelle est aussi importante: « Nous sommes les gardiens des lieux saints où est né le christianisme – explique l’archevêque – et nous les conservons pour que tous puissent faire l’expérience unique de fouler les pierres de Jérusalem et de se promener sur les collines de Galilée où Jésus lui-même a marché ».
L’Église maronite a récemment fêté son 1600e anniversaire et elle est l’unique Église orientale qui n’ait jamais été séparée de Rome. La communauté en Terre Sainte – qui compte douze mille chrétiens sur un total de cinquante mille – a été décimée au cours des nombreuses émigrations des fidèles. « Mais nous étions ici 600 ans avant l’arrivée des musulmans, et nous continuerons à y vivre », assure Mgr Sayah.
La vie des chrétiens en Israël et en Palestine n’est pas facile, souligne l’archevêque: « Pour les juifs, nous sommes des Arabes et donc des terroristes potentiels, et pour les musulmans nous sommes chrétiens et donc des infidèles ». Pourtant les difficultés n’arrêtent pas l’œuvre de médiation et de réconciliation entre les deux peuples, qui s’ajoute aux importantes contributions apportées par les chrétiens à l’instruction, au système de santé et aux services sociaux. « Notre apport – note l’archevêque – dépasse largement notre petit pourcentage de 1,5% de la population ».
C’est aussi la coexistence pacifique qui est à la base du projet « Rencontre » que mène l’archevêque de Haïfa depuis déjà deux ans. Un groupe de jeunes gens – quatre chrétiens, quatre juifs et quatre musulmans – se rencontrent régulièrement pour apprendre à se connaître et se confronter à des thèmes qui touchent à la religion et à leur société. « J’ai très confiance dans les jeunes, parce qu’ils sont prêts à changer et ne sont pas bourrés de préjugés – explique Mgr Sayah à l’AED – Notre parcours porte beaucoup de fruits ».
Pour l’archevêque maronite, le conflit israélo-palestinien n’est pas entièrement lié à des raisons religieuses. « Évidemment il y a des extrémistes des deux côtés – explique-t-il – mais je crois qu’à la base de tout cela il y a une question politique : deux peuples qui cherchent à se partager la même terre et qui visent l’un et l’autre le pouvoir ». Les chrétiens arabes se retrouvent alors à devoir coexister avec deux théocraties. « Dans l’islam et dans le judaïsme, la politique n’est pas séparée. Nous voudrions voir moins d’emphase sur la religion et davantage de respect pour chaque credo ».
À l’avenir, Mgr Sayah souhaite une plus grande séparation entre l’état et la religion et nourrit une certaine perplexité quant à la loi qui impose aux nouveaux citoyens de jurer fidélité à l’état « démocratique et juif » d’Israël. « 20% de la population est arabe – affirme-t-il – et il y a les millions de réfugiés palestiniens à qui les lois internationales garantissent le droit de rentrer. En disant qu’Israël est la terre des juifs, on laisse entendre que les autres ne sont pas bien acceptés ».
« L’Aide à l’Église en Détresse » (AED), fondation de droit pontifical fondée en 1947 par le père Werenfried van Straaten, est une organisation qui réalise des projets pour soutenir la pastorale de l’Église là où elle est persécutée ou privée de moyens pour remplir sa mission. En 2010 elle a récolté plus de 65 millions de dollars dans les 17 pays où elle est présente à travers ses sièges nationaux et a réalisé plus de 5.500 projets dans 153 nations.
Traduction pour ZENIT par Anne Ginabat
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