ROME, lundi 14 novembre 2011 (ZENIT.org) –« Nous comprenons le désarroi causé chez des chrétiens de bonne volonté par ce spectacle et nous le partageons : nous sommes sensibles avec eux à tout ce qui outrage notre foi. Mais les groupes qui utilisent quelque forme de violence que ce soit en se réclamant du christianisme nous blessent également et défigurent l’Église », déclare Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, dans cette déclaration à propos d’un spectacle offensant pour les chrétiens et pour le Christ qui arrive le 16 novembre à Toulouse et le 8 décembre à Paris.
Déclaration de Mgr Robert le Gall
Le spectacle Golgota picnic, qui va être proposé chez nous à Toulouse du 16 au 20 novembre, nous pose deux questions préalables. Celle de l’intention de l’auteur : M. Rodrigo Garcia veut, dit-on, dénoncer avec force toutes formes d’intégrisme et s’insurger contre un dieu tout puissant qui lui faisait peur dès l’enfance : ce n’est pas le Dieu que les chrétiens annoncent. Celle, plus large, de la liberté d’expression d’un artiste, qui n’est pas sans limite. Est-il légitime de salir la foi de nombreux fidèles, de les heurter de front dans leur attachement au Christ ? Je ne le pense pas.
Le visage de Dieu que la personne de Jésus nous révèle jusqu’en sa mort sur la croix ne laisse pas nos contemporains insensibles. C’est cette image que l’abbé Pierre, Mère Teresa, Sœur Emmanuelle et bien d’autres ont su contempler dans tous les pauvres, en tous ceux qui subissent l’humiliation : l’image d’un Dieu qui s’est fait l’un de nous et qui a pris sur lui nos misères, jusqu’au bout ! Une multitude de chrétiens depuis des siècles a choisi de servir et d’aimer ce Dieu d’amour qui se révèle dans son apparente impuissance au Golgotha. Comment ne pas penser aujourd’hui aux nombreux chrétiens persécutés à cette heure même ?
En France, le projet Diaconia 2013 : Servons la fraternité, s’inscrit dans cette démarche de respect et de service de tout homme. De nombreux chrétiens témoignent, par leurs actions auprès des plus pauvres, de leur foi en un Dieu fait homme, humilié jusqu’à la mort sur une croix.
Dans ce contexte et dans cet esprit, nous désapprouvons vivement les manifestations prévues à Toulouse du 16 au 20 novembre contre la pièce de R. Garcia. Nous tenons à préciser que ceux qui se présentent comme étudiants catholiques de Toulouse et qui distribuent des tracts à la sortie des églises n’ont aucun mandat de notre part ; ils n’ont aucun lien avec la pastorale étudiante de Toulouse.
Nous souhaitons mettre en garde contre toutes les manipulations politiques et intégristes qui sous-tendent ces manifestations. La prière ne peut en aucun cas être utilisée par des chrétiens comme instrument de pression, sinon elle est en contradiction avec ce qui la nourrit : une relation d’amour avec Dieu et avec son prochain. C’est dans cet esprit de dialogue que nous invitons toutes les personnes impliquées dans la culture à approfondir les enjeux et les responsabilités de toute création artistique, dans le respect de la dimension religieuse, pour préciser le statut et la place du sacré dans notre société.
Nous comprenons le désarroi causé chez des chrétiens de bonne volonté par ce spectacle et nous le partageons : nous sommes sensibles avec eux à tout ce qui outrage notre foi. Mais les groupes qui utilisent quelque forme de violence que ce soit en se réclamant du christianisme nous blessent également et défigurent l’Église. Jésus n’a jamais demandé qu’on venge l’outrage qui lui serait fait. Il ne répond pas à la violence par la violence, mais par le pardon.
Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse
Le 10 novembre 2011