« Chrétiens en danger. Vingt raisons d'espérer », par Marc Fromager

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Un tour du monde, anecdotes passionnantes garanties

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Marc Fromager vient de publier un livre au sous-titre paradoxal : « Chrétiens en danger. Vingt raisons d’espérer », aux Editions des Béatitudes (EdB, 189 pp. 14 euro) Il ne donne la primeur aux lecteurs de Zenit.

Marc Fromager est le directeur de l’AED (Aide à l’Eglise en Détresse) en France. Né en 1968 à Nouméa, père de six enfants, il a vécu vingt ans à l’étranger et travaille depuis vingt-deux ans pour l’Eglise. Rédacteur en chef de la revue L’Eglise dans le Monde, il est l’auteur de nombreux articles sur les chrétiens persécutés aujourd’hui dans le monde et chroniqueur sur plusieurs radios chrétiennes.

Son livre fourmille d’anecdote passionnantes.

Zenit- Le titre évoque à la fois le danger et l’espérance. N’est-ce pas contradictoire?

Marc Fromager – En effet, il y a quelque chose de surprenant dans ce titre. Le livre porte sur les chrétiens en danger, ceux qui souffrent pour le Nom du Christ, qui sont raillés, discriminés, persécutés à travers le monde, mais en même temps, j’évoque cette constante que j’ai observée partout, à savoir que, malgré tout et en dépit de souffrances parfois lourdes, les chrétiens conservent une espérance étonnante. C’est donc, me semble-t-il, une approche juste de la réalité. Trop souvent, on lit des analyses qui sont excessives dans un sens comme dans l’autre: tout va mal, c’est la catastrophe, ou alors tout va bien, la persécution n’existe pas, elle est un style littéraire à visée commerciale, ce qui est évidemment encore pire. Or, mon expérience au sein de l’AED (Aide à l’Eglise en Détresse), que je dirige depuis huit ans, m’amène à confirmer que les chrétiens sont bel et bien discriminés dans un nombre important de pays, mais qu’en même temps, il y a vraiment des raisons d’espérer.

Vous évoquez vingt raisons. Pourquoi ce chiffre?

J’ai voulu décrire un panorama général mais sans rentrer dans une étude exhaustive. J’évoque les différentes sources de la discrimination et le lecteur est invité à me suivre sur l’ensemble des continents mais j’ai souhaité que l’ensemble reste accessible à tous et non pas réservé aux spécialistes ou aux personnes déjà passionnées  par le sujet. En ce sens, le livre est assez court et se lit assez facilement, d’autant qu’il apparaît plus comme un récit rempli de témoignages et d’anecdotes que comme l’aboutissement d’une recherche universitaire. Pour illustrer le sujet, j’ai donc fait une sélection de vingt pays et c’est cela qui a déterminé les fameuses vingt raisons d’espérer. Cela étant, je termine l’introduction en disant qu’en réalité, il y a autant de raisons d’espérer qu’il y a de témoins et que leur liste est innombrable!

Dans votre livre, on se promène de la frontière afghane au Pakistan au sud des Philippines où, comme vous le dites, « personne ne va jamais », et de la Colombie au Mali en passant par la Syrie et le Soudan. N’est-ce pas un peu provocant de parler quand même d’espérance?

Votre question me fait sourire car je repense à tant de situations précises – j’en évoque quelques-unes dans le livre – où, en effet, il faut parfois se gratter la tête pour trouver des raisons d’espérer. Et pourtant! Ces chrétiens conservent malgré tout une espérance chevillée au corps qui chaque fois fait mon admiration. Cette espérance, je peux vous assurer que je la rencontre infiniment plus souvent dans ces pays où l’Eglise souffre que chez nous en France, en Occident d’une manière générale, où elle semble si souvent avoir disparu. En fait, malgré toutes les difficultés, on s’aperçoit que le christianisme attire de plus en plus de personnes et que c’est souvent cette force d’attraction qui finit par provoquer des tensions envers les chrétiens. Les équilibres religieux et sociaux sont bouleversés par cette attractivité du christianisme qui se traduit de plus en plus par des conversions, certaines cachées mais d’autres de plus en plus visibles. Donc, finalement, c’est plutôt une bonne nouvelle: la foi chrétienne est un trésor qu’un nombre croissant de personnes est en train de découvrir et tout cela, paradoxalement, au moment où l’Occident et en particulier l’Europe semble l’avoir oublié et même rejeté.

Justement, votre tour du monde s’achève … par la France. Y retrouve-t-on à la fois ce danger et cette espérance que vous évoquez?

Je voulais évoquer ces pays d’ancienne chrétienté et j’ai donc choisi celui que je connaissais le mieux, la France, pour en parler. Même si le danger n’y est évidemment pas comparable à celui encouru dans les autres pays présentés dans le livre, on peut difficilement nier qu’il y a aujourd’hui un climat de plus en plus imperméable aux valeurs chrétiennes et même une tension croissante à leur égard, qui se traduit par une espèce de discrimination sournoise à l’encontre des chrétiens. Ce sont des moqueries, des railleries mais aussi des difficultés de plus en plus importantes concernant la liberté de conscience et cela, c’est tout de même inquiétant. En même temps, j’évoque tout un ensemble de raisons d’espérer pour les chrétiens en France. J’y crois vraiment mais c’est sans doute aussi parce que j’aime ce pays et qu’on espère toujours que les choses iront mieux. J’espère néanmoins être resté le plus objectif possible d’autant que les raisons d’espérer que je donne sont dans la mesure du possible, argumentées.

Un exemple?

Malgré les chiffres de la pratique qui sont en effet devenus quasi confidentiels en France, je souligne l’extraordinaire vitalité de tout un ensemble de mouvements dans l’Eglise en France et la participation dans ces groupes d’une bonne proportion de jeunes. J’évoque aussi le sursaut totalement inattendu de foules importantes, dont une importante proportion de catholiques, face au projet corrosif de soi-disant mariage pour tous.

Outre cet angle assez original d’avoir évoqué l’espérance en même temps que le danger, c’est finalement un ouvrage assez personnel?

En effet! Chaque chapitre commence par une anecdote que j’ai vécue sur le terrain, ce qui donne lieu à des titres assez exotiques comme « Le serpent et le saucisson » ou « A l’abri d’une mosquée ». Les raisons d’espérer étant par définition une approche prospective de l’avenir, elles sont également l’expression de considérations personnelles. Néanmoins, j’ai essayé le plus possible de refléter les témoignages collectés sur place et c’est donc ce que les chrétiens expérimentent in situ. Cela étant, je revendique le côté personnel car je trouve que cela donne un entrain au récit qui fait que tout au long du livre, on ne risque pas de s’ennuyer, du moins je l’espère. Au final, on en ressort réconforté en se disant qu’en effet, les raisons d’espérer ne manquent pas.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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