Assise 2011 : Croyants et non-croyants ensemble pour la paix

Discours de Benoît XVI à Sainte-Marie-des-Anges

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ROME, jeudi 27 octobre 2011 (ZENIT.org) – Croyants et non-croyants doivent « s’engager résolument pour la dignité de l’homme » et à « servir ensemble la cause de la paix », déclare Benoît XVI.

La vraie nature de la religion n’est pas de susciter la violence, explique aussi Benoît XVI, dans un important discours prononcé ce jeudi matin à Assise, en la basilique Sainte-Marie-des-Anges. Le pape y réfléchit au rôle des religions dans l’histoire, et l’histoire contemporaine. Il indique une tâche pour le dialogue interreligieux, 25 ans après la première rencontre promue par Jean-Paul II: il met les croyants et les incroyants ensemble devant leurs responsabilités. Il souligne que le dialogue avec les non-croyants constitue pour les croyants une occasion de « purifier » la religion (cf. « Documents », pour le texte intégral en français).

Le pape explique ainsi la nouveauté d’Assise 2011, la présence de non-croyants à cette « Journée de réflexion, de dialogue et de prière pour la paix et la justice dans le monde » : « J’ai invité spécialement des représentants de ce (…) groupe à notre rencontre à Assise, qui ne réunit pas seulement des représentants d’institutions religieuses. Il s’agit plutôt de se retrouver ensemble dans cet être en marche vers la vérité, de s’engager résolument pour la dignité de l’homme et de servir ensemble la cause de la paix contre toute sorte de violence destructrice du droit. »

A propos de la rencontre du 27 octobre 1986, le pape souligne sa signification : « Les représentants des religions participants en 1986 à Assise entendaient dire – et nous le répétons avec force et grande fermeté : ce n’est pas la vraie nature de la religion. »

Une contre-religion
Le pape dénonce les idoles modernes et anciennes : « L’adoration de l’argent, de l’avoir et du pouvoir, se révèle être une contre-religion, dans laquelle l’homme ne compte plus, mais seulement l’intérêt personnel. Le désir de bonheur dégénère, par exemple, dans une avidité effrénée et inhumaine qui se manifeste dans la domination de la drogue sous ses diverses formes. Il y a les grands, qui avec elle font leurs affaires, et ensuite tous ceux qui sont séduits et abîmés par elle aussi bien dans leur corps que dans leur esprit. La violence devient une chose normale et menace de détruire dans certaines parties du monde notre jeunesse. Puisque la violence devient une chose normale, la paix est détruite et dans ce manque de paix l’homme se détruit lui-même. »

C’est alors que Benoît XVI affirme la nécessité de purifier la religion : « L’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme, affirme le pape (…). J’ai dit qu’il existe une conception et un usage de la religion par lesquels elle devient source de violence, alors que l’orientation de l’homme vers Dieu, vécue avec droiture, est une force de paix. Dans ce contexte, j’ai renvoyé à la nécessité du dialogue, et j’ai parlé de la purification, toujours nécessaire, de la religion vécue. D’autre part, j’ai affirmé que la négation de Dieu corrompt l’homme, le prive de mesures et le conduit à la violence. »

La fausse certitude de l’athéisme militant
Et le pape souligne qu’il y a une autre façon de vivre, ni religieuse, ni antireligieuse, mais « agnostique » qui peut contribuer à cette purification: « Des personnes auxquelles n’a pas été offert le don de pouvoir croire et qui, toutefois, cherchent la vérité, sont à la recherche de Dieu. Des personnes de ce genre n’affirment pas simplement : « Il n’existe aucun Dieu ». Elles souffrent à cause de son absence et, cherchant ce qui est vrai et bon, elles sont intérieurement en marche vers Lui. Elles sont « des pèlerins de la vérité, des pèlerins de la paix ». Elles posent des questions aussi bien à l’une qu’à l’autre partie. »

Voilà leur contribution face à l’athéisme militant : « Elles ôtent aux athées militants leur fausse certitude, par laquelle ils prétendent savoir qu’il n’existe pas de Dieu, et elles les invitent à devenir, plutôt que polémiques, des personnes en recherche, qui ne perdent pas l’espérance que la vérité existe et que nous pouvons et devons vivre en fonction d’elle. »

Et voilà leur contribution auprès des croyants : « Mais elles mettent aussi en cause les adeptes des religions, pour qu’ils ne considèrent pas Dieu comme une propriété qui leur appartient, si bien qu’ils se sentent autorisés à la violence envers les autres. »

Purifier sa propre foi
« Ces personnes, a insisté le pape dans la ligne des rencontres pour « le Parvis des Gentils », cherchent la vérité, elles cherchent le vrai Dieu, dont l’image dans les religions, à cause de la façon dont elles sont souvent pratiquées, est fréquemment cachée. Qu’elles ne réussissent pas à trouver Dieu dépend aussi des croyants avec leur image réduite ou même déformée de Dieu. Ainsi, leur lutte intérieure et leur interrogation sont aussi un appel pour les croyants à purifier leur propre foi, afin que Dieu – le vrai Dieu – devienne accessible. »

Il faut certainement inscrire dans la ligne de cette « purification de la foi » le « mea culpa » que le pape a prononcé. Il rappelle ce « mea culpa » du Grand jubilé, lorsque, en union avec Jean-Paul II, le 13 mars 2000, dans la basilique Saint-Pierre, des cardinaux ont demandé pardon pour les fautes commises par des membres de l’Eglise au cours des siècles. Le cardinal Joseph Ratzinger a lu la demande de pardon pour toutes les fois où un membre de l’Eglise avait défendu la vérité par la violence.

Benoît XVI déclare : « Oui, dans l’histoire on a aussi eu recours à la violence au nom de la foi chrétienne. Nous le reconnaissons, pleins de honte. Mais il est absolument clair que ceci a été une utilisation abusive de la foi chrétienne, en évidente opposition avec sa vraie nature. « 

L’absence de Dieu nuit à l’homme
Le pape affirme en même temps – en direction des sociétés sécularisées – que « l’absence de Dieu conduit à la déchéance de l’homme et de l’humanisme » et que « le « non » à Dieu a produit de la cruauté et une violence sans mesure, qui a été possible seulement parce que l’homme ne reconnaissait plus aucune norme et aucun juge au-dessus de lui, mais il se prenait lui-même seulement comme norme. Les horreurs des camps de concentration montrent en toute clarté les conséquences de l’absence de Dieu. »

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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