ROME, Mercredi 29 juin 2011 (ZENIT.org) – « L’Heure de présence au Sacré Cœur » – dont c’est la fête ce vendredi 1er juillet – constitue un ressort spirituel pour la Nouvelle Evangélisation. Cette « Garde d’Honneur » au Cœur du Christ, est une « véritable pédagogie de Dieu pour vivre proches de Jésus ». Vivre de plus en plus en présence de Jésus au quotidien, c’est bien la condition de cette Nouvelle Evangélisation souhaitée par Jean-Paul II et propulsée par Benoît XVI qui lui consacre un nouveau « conseil pontifical ». C’est ce que Benoît XVI appelle aussi cultiver « l’amitié » avec Jésus.
Les témoignages abondent sur la force spirituelle de cette pratique simple et à la portée de tous : enfants, adultes et seniors, consacrés, prêtres, évêques, y trouvent un nouvel élan spirituel. Parfois, lors d’un pèlerinage à Paray-le-Monial, on s’est senti poussé à se consacrer à l’amour du Cœur de Jésus, à lui consacrer sa famille, mais comment le traduire concrètement ? Comment faire grandir la semence plantée au lieu des apparitions de Jésus à Sainte Marguerite Marie en 1675 ? Certes, par la pratique des Premiers Vendredis, la prière des litanies du Sacré Cœur, l’intronisation du Cœur de Jésus chez soi, les sessions internationales de la Communauté de l’Emmanuel… Mais comment faire pénétrer cet amour dans la vie quotidienne ?
Ne rien changer à nos occupations
« L’Heure de Présence » répond à ce besoin. Il s’agit de choisir une heure par jour et de la vivre intensément en offrant à Jésus tout ce que nous sommes en train de faire : à l’école, au travail, qu’on soit en train de lire, préparer un repas, faire des courses, voyager, étudier, s’occuper des enfants, de rendre un service en paroisse, pendant un temps de prière…
Elle suppose de ne rien changer à nos occupations quotidiennes sinon leur orientation profonde, la disposition du cœur, pour être plus présent au Coeur de Jésus durant l’heure choisie.
Comme l’a confié à Zenit Mère Maria Guadalupe, supérieure du monastère de la Visitation Sainte Marie de Paray-le-Monial, le premier message de Jésus à Marguerite-Marie, c’est ce que dit le psaume : « J’ai cherché des consolateurs et je n’en ai pas trouvés » (Psaume 68, 21) : Dieu demande aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui de consoler son Cœur. Ce Cœur, dira encore le Christ à Marguerite-Marie, « qui a tant aimé les hommes et qui n’en reçois que des ingratitudes ».
La « Garde d’Honneur » entend répondre à « cette douloureuse plainte de Jésus » : « Ses membres s’efforcent, par leur dévouement et leur amour, de consoler le Cœur de Jésus abreuvé de douleurs par l’oubli et l’ingratitude des hommes pour lesquels il a tant souffert, qu’il aime si tendrement ! »
L’intuition de Sr Marie du Sacré-Cœur
Une moniale de la Visitation de Bourg-en-Bresse, soeur Marie du Sacré-Cœur Bernaud (1825-1903) a eu cette intuition qui porte un fruit nouveau aujourd’hui, pour tous les états de vie. C’est elle en effet qui est à l’origine de la « Garde d’Honneur », en 1863. Elle voulait répondre au psaume 68, donner au Christ des consolateurs, comme Marie, Jean et Marie-Madeleine au pied de la Croix. Et au désir exprimé par Jésus à Sainte Marguerite-Marie Alacoque : « J’ai une soif ardente d’être honoré et aimé dans le sacrement de mon amour et je ne trouve presque personne qui réponde à mon désir. »
Mais l’association, qui avait auparavant rassemblé des saints, « sommeillait ». Maintenant, elle a sa place dans ce grand mouvement spirituel de la Nouvelle Evangélisation du IIIe millénaire.
C’est en 2007 en effet que la « Garde d’Honneur » a reçu une impulsion nouvelle lorsqu’elle a été érigée à Paray-le-Monial, le 24 janvier, en la fête de saint François de Sales (1567-1622), fondateur de l’Ordre, docteur de l’Eglise, et saint patron des journalistes ! Il priait ainsi : « Ô doux Jésus, attirez-moi toujours plus profondément dans votre Cœur, afin que votre amour me saississe et que je sois tout immergé dans sa douceur ».
Depuis ce nouveau départ, plus de deux mille personnes se sont engagées à Paray, puis dans différents centres, 7 en France, 4 en Belgique, en Colombie et au Chili, 350 en Pologne : dans 25 pays de différents continents, ce qui représente des dizaines de milliers d’associés, en groupe ou individuellement ! On peut aussi fonder de nouveaux centres familiaux, paroissiaux, diocésains, en accord avec nos curés et nos évêques et avec l’association de Paray.
Une offrande eucharistique
Sœur Marie-Chantal, à la Visitation de Paray, coordonne la Garde d’Honneur sous sa forme nouvelle, recueille les témoignages et reçoit les engagements écrits. Elle cite volontiers cette recommandation de saint François de Sales : « Tout par amour, rien par force ».
Elle aime aussi à citer celle de Jean-Paul II : « Restons longuement prosternés devant Jésus présent dans l’Eucharistie, réparant ainsi par notre foi et notre amour les négligences, les outrages que Notre Sauveur doit subir dans de nombreuses parties du monde » (Mane nobiscum Domine, n. 18).
La prière d’engagement aide à la sanctification du quotidien. On date, on signe, on envoie à Paray (Association l’Heure de la Présence au Cœur de Jésus – Monastère de la Visitation , 13, rue de la Visitation – 71600 Paray le Monial – France). Et l’on reçoit en retour… un signe de ce lien concret avec l’association. Mère Maria Guadalupe inscrit la personne sur le cadran inspiré par soeur Marie du Sacré-Cœur Bernaud. Le décalage horaire fait que les 24 heures sont couvertes dans le monde.
L’heure de présence commence par une prière d’offrande très eucharistique – on se rend spirituellement auprès du tabernacle, le « Poste d’amour », ou « pôle d’attraction », selon l’expression de Jean-Paul II – et qui met en relation avec le monde entier dans la communion des saints. Une autre prière – celle de la « Très précieuse offrande » – peut être dite à la fin : « On offre ainsi au Cœur du Christ actions, souffrances, pensées, affections, et même le désir de consoler son Cœur par l’amour ».
Consoler son Cœur
Pendant l’Heure de Présence, on s’efforce de « penser un peu plus à Jésus » et de faire un moins un acte d’amour. Pourquoi pas un petit sacrifice, à l’instar de Thérèse de Lisieux ? Mais « rien, absolument rien n’est prescrit ou exigé », insiste sr Marie-Chantal: la seule chose qui est requise, c’est la « bonne volonté », et que chacun suivre « l’impulsion de son cœur » pendant cette « heure bénie ».
Certains n’oseront pas s’engager, se disant par exemple : et si jamais j’oublie mon « heure » ? Il suffit de la reprendre au moment où l’on s’en aperçoit. On pourra insérer la prière sur son i-phone, smart-phone, blackberry ou simple vieux téléphone portable, et demander à cette machine providentielle de signaler l’heure du rendez-vous d’amour !
Choisir son heure
Comment choisir son heure ? Un médecin, le Dr Cyril C., explique qu’il a choisi son heure de 7 h à 8 h du matin : « C’est un moment de la journée où je ne suis ni encombré de soucis professionnels ni pollué par les petits tracas de la vie quotidienne. C’est comme un nettoyage du matin, et quoi de plus agréable que de commencer sa journée par cette petite prière et de consacrer cette heure à Dieu. Parfois, cette spiritualité déborde largement sur la vie professionnelle et de plus en plus je consacre de petits instants de ma vie à de courtes prières intérieures, des moments qui, auparava
nt, étaient de pures pertes de temps : trajet en voiture, attentes, repas, toilette, corvées, petites marches…» (in « Heure de présence au Cœur de Jésus », Bulletin trimestriel 39, p. 8).
Pour durer, il vaut mieux chercher l’heure qui convient le mieux. Il s’agit d’un échange de cœur à cœur, chacun se laissera guider par l’Esprit Saint dans sa façon d’incarner cette heure. Un professeur de théologie disait : « Chacun chante comme son bec est fait ». Chacun peut associer son heure à un saint ami, et à une intention qui lui est particulièrement chère, ou aux intentions de prière du pape Benoît XVI. On peut aussi s’aider du cadran de l’association. Le « Cadran de la miséricorde » rassemble ceux qui ont ajouté une autre heure à la première pour la conversion d’une personne.
Un moment de bonheur
Le Dr C. témoigne encore des fruits de cette « Heure » dans sa vie : « C’est tout naturellement que le besoin d’aller plus loin dans la foi s’est fait ressentir (…). J’ai décidé de franchir une nouvelle étape spirituelle en demandant le sacrement de la Confirmation ».
Brigitte confie, toujours dans la revue de la « Garde »: « Mon Heure de Présence est un moment de bonheur que je prolonge parfois tout le reste de la journée. J’offre au Cœur de Jésus tout simplement beaucoup d’amour dans tous mes actes. Cette heure de présence est un véritable joyau, une couronne d’amour au Cœur de Jésus tout en gardant un emploi du temps normal. »
Catherine avoue que ce n’est pas toujours facile : « Je ne suis pas parfaitement fidèle à mon engagement, mais je m’accroche. Cette heure est une véritable ligne directrice pour ma journée. »
A la suite des enfants et des saints
Des enfants, tout jeunes, se sont inscrits à l’Heure de présence quand ils ont vu leur maman ou un frère ou une sœur aînés donner ainsi une heure au Coeur du Christ. Pour eux, la Visitation suggère une prière qui s’achève ainsi : « Seigneur Jésus, je t’aime de tout mon cœur. »
Enfin, on est pas seul dans l’aventure, pas seulement en raison des dizaines de milliers de membres de l’association. La Visitation, dans le monde et au Ciel, accompagne et soutient : la congrégation a fêté ses 400 ans en 2010 ! Et l’on s’incrit dans le sillage de nombreux saints et bienheureux. Don Bosco souhaitait que la Garde d’Honneur soit établie dans toutes ses institutions. Des papes, – Pie IX, Pie XII – étaient inscrits, des saints – Sophie Barat (qui entraîna toutes ses sœurs !), Jean Comboni, Mutien-Marie -, des bienheureux – Marie du Divin Cœur Droste von Vischering (à l’origine de la consécration du Monde au Cœur du Christ par Léon XIII), Marcel Callo, Marie de Jésus Deluil-Martiny, première « zélatrice » de la Garde.
Vous voulez en savoir davantage ? Rendez-vous sur le – riche – site Internet de la « Garde » : http://www.gardedhonneurdusacrecoeur.org .
Un dernier mot. Vous êtes allergiques à toute « association » ? Rassurez-vous. Ce petit exercice spirituel est taillé sur mesure pour chacun. Qu’est-ce qui empêche de le vivre aussi – pour commencer ? – en « électron libre » et non moins profondément associé à tous dans la communion des saints ? L’important, c’est le coeur à cœur, où se construit la communion.
Anita S. Bourdin