France : Le cardinal Vingt-Trois déplore une société marquée par la peur

Discours d’ouverture de l’Assemblée plénière des évêques

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ROME, Mercredi 6 avril 2011 (ZENIT.org) – Dans une société de plus en plus marquée par la « peur », le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris et président de la Conférence des évêques de France, a invité les Français à la « lucidité » et au « calme », notamment en cette période préélectorale.

Dans le discours d’ouverture de l’Assemblée plénière des évêques à Lourdes, le 5 avril, le cardinal a également évoqué ses craintes sur les conséquences du débat sur la laïcité lancé ce mardi en France et a souhaité que les sénateurs, qui examineront dès ce mercredi le projet de loi sur la bioéthique, « n’ouvriront pas la voie à un eugénisme d’État », notamment en ce qui concerne la trisomie 21.

Dans son introduction, le cardinal a évoqué les différents événements qui ont marqué le monde ces derniers mois : « Des accidents du Japon aux révolutions d’Afrique, de la phobie d’une vague de migrations massives à la difficulté de reconnaître et d’accepter des cultures ou des religions étrangères, de la crainte des maladies incurables à la hantise de l’enfant handicapé, de l’inquiétude pour son avenir et celui de ses enfants à la recherche fébrile de la sécurité à tout prix, tout contribue à pousser à chercher les protections maximales, quoi qu’il en soit des dangers réels ».

Il a évoqué une « société marquée par une sorte de peur » et a invité, en cette période préélectorale « à la lucidité et au calme ». « La chasse médiatique aux personnalités emblématiques, le passage en boucle des petites phrases, – pour ne pas dire simplement d’un mot malheureux ou choquant -, ne constituent pas un programme politique ni une aide à réfléchir sur les enjeux des échéances électorales prochaines », a-t-il expliqué. « Notre mission nous incite à ne pas nous laisser embarquer dans le tourbillon du jeu des apparences mais à privilégier les analyses et les recherches argumentées ».

Bioéthique et laïcité

Durant cette assemblée plénière, « deux événements vont marquer la vie publique et médiatique de notre pays » : le projet de loi sur la bioéthique examiné au Sénat et le début du débat sur la laïcité.

Concernant la bioéthique, « nous espérons que les sénateurs n’aggraveront pas les dispositions votées par la majorité des députés et n’ouvriront pas la voie à un eugénisme d’État, notamment à propos du dépistage de la trisomie 21, ni à l’autorisation générale d’utiliser l’embryon humain comme un matériel de recherche, ni à l’instrumentalisation du corps des femmes, celles de France ou d’autres pays », a affirmé le cardinal Vingt-Trois. « Céder à ces tentations ferait violence au respect du à toute être humain. Ce serait une agression envers les principes fondamentaux du respect qui garantissent le pacte social ».

Evoquant le débat sur la laïcité organisé par l’U.M.P., le cardinal a évoqué ses « craintes sur les conséquences de ce débat ». « Non seulement il risque de cristalliser les malaises devant un certain nombre de pratiques musulmanes minoritaires, mais, paradoxalement, il risque aussi d’aboutir à réduire la compréhension de la laïcité à sa conception la plus fermée : celle du refus de toute expression religieuse dans notre société ».

Le Parvis des Gentils

Le président de la Conférence des évêques de France est enfin revenu sur le Parvis des Gentils, organisé les 24 et 25 mars dernier à Paris par le Conseil Pontifical pour la Culture. « Je crois que cet essai fut une réussite et a reçu un bon accueil. Après le discours du Pape Benoît XVI en septembre 2008 au Collège des Bernardins, c’est, pour notre Église en France, un encouragement certain à poursuivre nos efforts dans la recherche d’une rencontre avec les grands courants culturels de notre société », a-t-il affirmé.

Le cardinal Ravasi nous y a incités en tirant les conclusions de ces deux journées au Collège des Bernardins : « Je souhaite maintenant, idéalement, remettre entre les mains de votre institution qui nous accueille et dans celles de son suprême garant qui est l’archevêque de Paris, l’avenir du Parvis des Gentils en France ».  

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ZENIT Staff

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