ROME, Mardi 8 février 2011 (ZENIT.org) – En évoquant « les révoltes populaires contre ceux qui confisquent le pouvoir pour eux » en Tunisie, en Egypte et « sans doute bientôt » dans d’autres pays, le cardinal Théodore Adrien Sarr a invité à rejeter « toutes formes de corruptions du pouvoir ». L’intégralité de son homélie a été publiée sur le site de Caritas Sénégal.
L’archevêque de Dakar a célébré la messe d’ouverture du Forum social mondial 2011 qui se déroule du 6 au 11 février dans la capitale sénégalaise.
En commentant l’Evangile du dimanche 6 février, le cardinal a invité les personnes présentes à être « sel de la terre, lumière du monde ».
« La lumière est une énergie qui se dépense, et qui se consume. Comment pourrions-nous alors être lumière du monde, sans que cela consume quelque chose de notre être, de notre temps, de notre tranquillité, de nos forces ? », a-t-il affirmé.
« Nul besoin de chercher dans l’extraordinaire les occasions de mettre de la lumière en nous et autour de nous : une rencontre, une visite, une parole, un regard, un service rendu, un travail accompli avec honnêteté, des relations empreintes de vérité et de sociabilité peuvent être des témoignages lumineux et chaleureux ».
Pour être « lumière dans les ténèbres de la mal gouvernance, des iniquités des systèmes économiques nationaux et mondiaux », le cardinal Sarr a invité à se « sentir concernés par le sort de nos semblables, au point de rechercher les causes de leurs souffrances, de dénoncer et combattre les injustices et les situations d’injustices ».
« Si nous savons résister aux tentations de la haine, de la violence en paroles et en actes, pour nous en tenir au respect de la dignité de toute personne, même la plus faible, au respect de ses droits, au respect de la vie, et toujours promouvoir de tels respects, notre lumière brillera dans les ténèbres de cette haine et de cette violence, qui assombrissent l’atmosphère socio-politique de tant de pays », a-t-il ajouté.
Lutter contre toutes les formes de corruption par l’argent
« Vous êtes le sel de la terre », a encore affirmé l’archevêque de Dakar. Avec force, il a rappelé que les chrétiens ne pouvaient pas se contenter « d’être et de faire comme tout le monde ».
« Si les chrétiens perdent le goût de Dieu ; s’ils s’affadissent, en ne se ressourçant plus dans la prière et la Parole de Dieu, ils n’ont plus de différence à faire entendre. En adoptant, sans discernement, les mentalités et les conduites ambiantes, les conformismes culturels et sociaux, ils n’ont pas de saveur d’Evangile, ou ils la perdent », a-t-il déploré.
« Le sel empêche la corruption », a insisté le cardinal africain. « Soyons sel, en empêchant la corruption des aliments de la vie. Soyons sel, en refusant de participer aux corruptions d’un monde vicié par le souci de l’argent et du pouvoir ! Soyons sel, en luttant contre toutes les formes de corruption par l’argent », a-t-il lancé.
Et d’évoquer la situation tunisienne et égyptienne : « Comment taire les révoltes populaires contre ceux qui confisquent le pouvoir pour eux, leurs familles et leurs proches, comme en Tunisie, en Egypte et sans doute bientôt en d’autres pays. Soyons sel de la terre, en rejetant toutes formes de corruptions du pouvoir, pour vivre et prôner l’autorité-service, le pouvoir-service, le pouvoir pour les autres et non pour soi ».
Le cardinal a enfin observé : « Symbolique par ses multiples fonctions, le sel l’est aussi par son mode d’action. Il agit par pénétration intime ». « Il n’est plus visible, mélangé aux aliments ». « Le chrétien, comme le sel – a-t-il souhaité – doit sans ostentation, ni prétention, mettre au cœur du monde, par son humble témoignage de vie, une pincée d’Esprit-Saint ».