ROME, Lundi 25 octobre 2010 (ZENIT.org) - Le Message final du synode pour le Moyen-Orient consacre trois paragraphes à la « Coopération et dialogue avec nos concitoyens juifs ». Pour la première fois, les documents d'un synode sont disponibles en hébreu, sur le site de Radio Vatican. Une intervention a reflété la situation des chrétiens de langue hébraïque. Un rabbin a eu la parole et a rencontré Benoît XVI. Trois documents du synode ont condanmé l'antisémitisme et l'antijudaïsme.

La Bible et le Concile

Le premier paragraphe du message adressé aux « concitoyens juifs » concerne l'Ecriture Sainte : « La même Écriture Sainte nous unit, l'Ancien Testament, qui est la Parole de Dieu à vous et à nous. Nous croyons en tout ce que Dieu y a révélé, depuis qu'il a appelé Abraham, notre père commun dans la foi, père des juifs, des chrétiens et des musulmans. Nous croyons dans les promesses de Dieu et son alliance données à lui et à vous. Nous croyons que la Parole de Dieu est éternelle. »

Le second rappelle le tournant de la déclaration concilaire « Nostra Aetate » sur les rapports de l'Eglise avec les religions non-chrétiennes et le déveloopmeent successif des relatiosn avec le judaïsme : « Le Concile Vatican II a publié le document Nostra Aetate, concernant le dialogue avec les religions, avec le judaïsme, l'islam et les autres religions. D'autres documents ont précisé et développé par la suite les relations avec le judaïsme ».

Ce même paragraphe recommande le développement du dialogue au profit aussi de la paix : « Il y a d'autre part un dialogue continu entre l'Église et des représentants du judaïsme. Nous espérons que ce dialogue puisse nous conduire à agir auprès des responsables pour mettre fin au conflit politique qui ne cesse de nous séparer et de perturber la vie de nos pays. »

La résolution du conflit

C'est justement à la paix qu'est consacré le troisième paragraphe : « Il est temps de nous engager ensemble pour une paix sincère, juste et définitive. Tout deux sommes interpelés par la Parole de Dieu. Elle nous invite à entendre la voix de Dieu « qui parle de paix » : « J'écoute. Que dit Dieu ? Ce que Dieu dit c'est la paix pour son peuple et ses amis » (Ps 85, 9). Il n'est pas permis de recourir à des positions bibliques et théologiques pour en faire un instrument pour justifier les injustices. Au contraire le recours à la religion doit porter toute personne à voir le visage de Dieu dans l'autre, et le traiter selon les attributs de Dieu et selon ses commandements, c'est-à-dire selon la bonté de Dieu, sa justice, sa miséricorde et son amour pour nous. »

Et pour ce qui est de la résolution du conflit, le Message du synode précise, dans un chapitre adressé « à la communauté internationale », l'importance des résolutions de l'ONU: « Les citoyens des pays du Moyen-Orient interpellent la communauté internationale, en particulier l'O.N.U., pour qu'elle travaille sincèrement à une solution de paix juste et définitive dans la région, et cela par l'application des résolutions du Conseil de sécurité et la prise des mesures juridiques nécessaires pour mettre fin à l'occupation des différents territoires arabes ».

La sécurité d'Israël

Le Message ajoute ce paragraphe qui fait allusion à la sécurité d'Israël : « Le peuple palestinien pourra ainsi avoir une patrie indépendante et souveraine et y vivre dans la dignité et la stabilité. L'État d'Israël pourra jouir de la paix et de la sécurité au-dedans des frontières internationalement reconnues. La Ville Sainte de Jérusalem pourra obtenir le statut juste qui respectera son caractère particulier, sa sainteté et son patrimoine religieux, pour chacune des trois religions juive, chrétienne et musulmane. Nous espérons que la solution des deux États devienne une réalité et ne reste pas un simple rêve ».

Enfin, rappelons que parmi les pères du synode participait aussi aux travaux le vicaire patriarcal du patriarcat latin de Jérusalem pour les communautés catholiques hébréophones, le Rév. P. David Neuhaus, jésuite de nationalité israélienne. Il est intervenu dans les débats le 12 octobre.

L'hébreu, une des langues des catholiques

Il a rappelé que « l'hébreu est également la langue de l'Église catholique au Moyen-Orient » et que « des centaines de catholiques israéliens expriment tous les aspects de leur vie en hébreu, inculturant leur foi au sein d'une société qui est définie par la tradition hébraïque ».

Il a ajouté que les travailleurs immigrés changent le visage de cette communauté hébraïque : « Des milliers d'enfants, de foi catholique, appartenant à des familles de travailleurs étrangers, de réfugiés, et des arabes fréquentent des écoles de langue hébraïque et qui ont besoin de recevoir le catéchisme en hébreu ».

Le P. Neuhaus a également souligné le « profond défi » du vicariat catholique de langue hébraïque qui « est à la recherche de voies pouvant servir de pont entre l'Église, parlant surtout l'arabe, et la société israélienne hébraïque, afin de promouvoir aussi bien l'enseignement du respect pour les peuples de l'Ancienne Alliance qu'une sensibilité au cri de justice et de paix pour les Juifs et les Palestiniens. »

Travailler en communion

Il a conclu que « ensemble, les catholiques parlant l'arabe et ceux parlant l'hébreu doivent témoigner et travailler en communion pour l'Église dans la terre où elle a vu le jour. »

L'antisémitisme et l'antijudaïsme ont été condamnnés par le patriarche copte égyptien - et futur cardinal - Antonios Naguib, dans ses « Rapports » avant et après le débat.

Les « Propositions » finales ont à nouveau condamné « l'antisémitisme et l'antijudaïsme, en distinguant entre religion et politique » (Propostition 41).

Cette proposition ajoute : « Les initiatives de dialogue et de coopération avec les juifs sont à encourager, pour approfondir les valeurs humaines et religieuses, la liberté, la justice, la paix et la fraternité. La lecture de l'Ancien Testament, et l'approfondissement des traditions du judaïsme aident à mieux connaître la religion juive. »

Le paragraphe 12 du message dit encore : « Nous condamnons toute forme de racisme, l'antisémitisme, l'antichristianisme et l'islamophobie, et nous appelons les religions à assumer leurs responsabilités dans la promotion du dialogue des cultures et des civilisations dans notre région et dans le monde entier. »

Anita S. Bourdin