Chine : Ordination de l’évêque « officiel » de Yan’an (Yulin), reconnu par Rome

Il devient coadjuteur de Mgr Tong Hui

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ROME, Vendredi 16 juillet 2010 (ZENIT.org) – En Chine populaire, dans le Shaanxi, un évêque « officiel » et reconnu par Rome a été ordonné pour le diocèse de Yan’an (Yulin), comme l’explique cette dépêche publiée aujourd’hui par « Eglises d’Asie » (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris (MEP).

Les ordinations épiscopales se succèdent les unes aux autres : après celle de l’évêque de Taizhou le 10 juillet dernier (1), le 15 juillet, c’était au tour de Mgr John Baptist Yang Xiaoting d’être élevé à l’épiscopat. Agé de 46 ans, approuvé par le pape et reconnu par Pékin, le nouvel évêque « officiel » est devenu évêque coadjuteur du diocèse de Yan’an (Yulin), dans la province du Shaanxi. Agé de 76 ans et malade, l’évêque en titre, Mgr Tong Hui, est très diminué physiquement depuis environ deux années.

Né le 9 avril 1964 dans une famille catholique du district de Zhouzhi, diocèse situé un peu plus au sud que Yan’an et proche de la capitale provinciale Xi’an, Mgr Yang Xiaoting appartient à cette génération de jeunes prêtres qui ont été les premiers à étudier dans les grands séminaires rouverts à la faveur des réformes initiées par Deng Xiaoping. Formé au séminaire de Zhouzhi de 1984 à 1989, il a été ordonné prêtre en 1991 pour le diocèse de Zhouzhi tandis qu’il poursuivait des études à Xi’an, dans une université d’Etat. Doué pour les études, il est envoyé par son évêque en Italie parfaire sa formation. Etudiant à Rome de 1993 à 1999, il obtient un doctorat en théologie à l’urbanienne, devenant ainsi le premier prêtre de Chine continentale de sa génération à être diplômé d’une université pontificale. Il part alors pour les Etats-Unis, où, à l’Université catholique d’Amérique, à Washington DC, il décroche un master en sociologie des religions. Il prépare ensuite une thèse qu’il n’a pas le temps d’achever, étant rappelé à Zhouzhi, où, tout en assumant une charge de curé de paroisse, il fonde un centre de formation et de recherche. Il devient ensuite vice-recteur et doyen des études au séminaire régional du Shaanxi, à Xi’an.

Il est nommé évêque coadjuteur de Yan’an à la fin de l’année 2009 alors qu’il devenait évident que la maladie de Mgr Tong Hui était irréversible. La cérémonie d’ordination de Mgr Yang Xiaoting du 15 juillet a drainé une grande foule à Xiaoqiaopan, village du district de Jingbian. Trois mille tickets permettant l’accès à la cour de l’église où la messe a eu lieu avaient été distribués et plusieurs milliers de fidèles supplémentaires se pressaient au-dehors de l’enclos paroissial. Neuf évêques, tous légitimes – i.e. reconnus par Rome,  étaient présents, ainsi qu’une centaine de prêtres et des dizaines de religieuses. L’évêque consécrateur était Mgr Aloysius Yu Runchen, de Hanzhong (Shaanxi) ; il était assisté de Mgr Dang Mingyan, de Xi’an, et de Mgr Han Yingjin, de Sanyuan (2).

Mgr Yang Xiaoting prend la responsabilité d’un diocèse en grande majorité rural, qui compte vingt prêtres, 24 religieuses et 40 000 fidèles répartis sur un territoire de 80 000 km². Depuis sa nomination, Mgr Yang a pris le temps de visiter la plupart des 40 paroisses du diocèse. Selon lui, si les fidèles sont « francs et accueillants », « leur dévotion tout comme leur pratique religieuse restent faibles ». Pays de collines formées de lœss où les hivers sont très rigoureux et les printemps traversés de tempêtes de sable, Yan’an et ses environs est connu pour avoir été évangélisé par les franciscains espagnols au début du XXème siècle (3). Ceux qui se joignaient aux chrétientés formées par les franciscains recevaient un lopin de terre et devenaient ainsi des « catholiques paysans ». Cet héritage, explique Mgr Yang, explique que la pratique religieuse et l’intériorité de la foi soient plus faibles qu’ailleurs dans l’Eglise de Chine. Les jeunes ne viennent à l’église que lors des mariages et des enterrements. Lors des grandes célébrations du calendrier chrétien, un tiers seulement des baptisés se rendent à la messe. « Ma priorité sera donc la formation des laïcs. Cela se fera lors de la morte saison, après les moissons, lorsque les paysans sont disponibles », précise le nouvel évêque à l’agence Ucanews (4). Il ajoute qu’il souhaite également remonter les structures diocésaines et qu’il est urgent de fonder un hospice pour les personnes âgées, au nombre desquelles figure Mgr Tong Hui.

Elevé au rang de diocèse en 1946, Yan’an a pris le nom de Yulin en 1993. Yulin se situe à 180 km au nord du district de Jingbian et est la ville de résidence de Mgr Tong Hui.

Yan’an est aussi connu de tous les Chinois, catholiques ou non, pour être un haut-lieu de l’épopée communiste. C’est là qu’en octobre 1935, ce qui restait de l’Armée rouge s’est fixé à la fin de la Longue marche. De 1937 à 1947, le Comité central du Parti communiste chinois y a siégé. En 1935, une église catholique avait été construite à Yan’an, l’église de Qiao’ergou ; elle fut réquisitionnée par Mao Zedong et ses acolytes en 1937 et, rebaptisée « Académie Lu Xun », elle hébergea le centre de formation des cadres du Parti. En 1982, le lieu a été inscrit sur la liste du patrimoine à préserver ; il a été restauré et on peut le visiter au titre des sanctuaires de la Révolution chinoise.

(1)           Voir EDA 533

(2)           Les cinq autres évêques « officiels » étaient Mgr Nicholas Han Jide, de Pingliang, Mgr John Huo Cheng, de Fenyang, Mgr Joseph Li Jing, de Ningxia, Mgr Joseph Tong Changping, de Weinan, et Mgr Joseph Zhong Huaide, évêque émérite de Sanyuan. Mgr Tong Hui, l’ordinaire de Yan’an, n’a pris part que brièvement à la messe d’ordination.

(3)           Mgr Célestin Ibanez y Apparicio, O.F.M, nommé vicaire apostolique du Shaanxi septentrional, détaché du Shaanxi central, par bref du 12 avril 1911, consacré le 10 septembre 1911 à Jinan (Shandong), résidence à Yan’an (source : Les missions de Chine, édité par les lazaristes de Beitang, à Pékin, et publié à Shanghai en 1937).

(4)           Ucanews, 15 juillet 2010.

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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