ROME, Mercredi 2 juin 2010 (ZENIT.org) – En ces derniers jours précédant la prochaine visite apostolique de Benoît XVI à Chypre, l’archevêque orthodoxe de Nouvelle Justinienne et de tout Chypre, sa Béatitude Chrysostome II, a cherché à éviter un éventuel scandale : en effet, certains membres orthodoxes de l’Eglise de Chypre avec, à leur tête, le métropolite de Limassol, Mgr Athanase, ont accusé le successeur de Pierre d’être « hérétique ». Ce groupe refuse tout dialogue avec l’Eglise catholique, au motif que le papisme enseigne une fausse doctrine.
Mgr Athanase a déconseillé au pape d’effectuer ce voyage qui, selon lui, n’est rien d’autre qu’une provocation contre les chrétiens orthodoxes, pour lesquels le pape est en dehors de l’Eglise, et donc pas même un évêque. Selon certains articles de la presse chypriote, ces opposants au dialogue se préparent à boycotter la visite du pape.
« Il aurait été préférable pour lui de ne pas venir, parce que je crois que nous n’en tirerons aucun bénéfice, a déclaré le métropolite Athanase, le 23 mai dernier, dans le quotidien chypriote « Phileleftheros ». Je n’ai pas encore vu la moindre intervention positive de la part du Vatican au sujet de nos problèmes nationaux. Il a déjà suscité une grande inquiétude, dont nous n’avons pas besoin en ce moment ».
L’archevêque Chrysostome a réagi durement à ces attaques, déclarant que celui qui s’oppose à la visite devra participer à l’accueil du pape, ou rester tranquillement chez lui. Le métropolite de Limassol, Athanase, qui était auparavant l’higoumène (abbé) du monastère de la Panagia tou Machera, a été élu de justesse, en 2006, chef de l’Eglise orthodoxe chypriote au moment où Sa Béatitude Chrysostome était consacré à son poste. Celui-ci, en revanche, partage la ligne du patriarche oecuménique de Constantinople, Bartholomaios Ier, davantage orientée vers la réforme et le dialogue.
En février dernier, pendant le Carême, le patriarche Bartholomaios 1er a publié une déclaration dans laquelle il refuse clairement la note critique oecuménique, signée par de nombreux évêques.
« Frères bien-aimés – avait-il écrit – l’orthodoxie n’a besoin ni de fanatisme ni d’intolérance pour se protéger. Celui qui croit que l’orthodoxie possède la vérité ne redoute pas le dialogue, car jamais la vérité n’a été menacée par le dialogue ».
L’opposition aux oecuméniques de la part de milieux orthodoxes n’est pas une nouveauté, et pas seulement en Grèce. En avril de l’année dernière, un certain nombre d’orthodoxes, qui s’étaient auto-proclamés gardiens de la foi, ont publié un document intitulé : « Une Confession de foi contre
l’oecuménisme ».
Mais la préoccupation des signataires ne se limitait pas au dialogue avec le pape Benoît XVI : « Ce profond syncrétisme inter chrétien – affirmaient-ils – est désormais élargi au syncrétisme interreligieux, qui met à égalité toutes les religions qui ont une connaissance et une vénération pour Dieu et un style de vie semblable au Christ, et tout ce qui révèle la grandeur du Christ ».
« En conséquence – lit-on encore dans la déclaration commune – en établissant un rapport avec les diverses hérésies, il rejette non seulement le dogme de l’Eglise une, sainte, catholique et apostolique, mais aussi le dogme fondamental de la seule révélation et du seul salut des hommes par Jésus-Christ, car on établit un rapport avec les autres religions du monde. C’est la pire des tromperies, la plus grande hérésie de tous les temps ».
Le pape Benoît XVI visitera la République de Chypre du 4 au 6 juin, à l’invitation de l’archevêque Chrysostome et du président communiste Dimitris Christofias. Le pape s’arrêtera à Paphos devant la colonne sur laquelle, selon la tradition, saint Paul a été flagellé. Un autre moment fort sera la remise de l’« Instrumentum Laboris » (document de travail) pour le Synode spécial sur le Moyen-Orient qui se tiendra à Rome en octobre.
Michaela Koller