Chine : Campagne internationale pour la libération d’un chrétien ouïghour

Eglises d’Asie répercute l’appel

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ROME, Mercredi 28 avril 2010 (ZENIT.org) – Eglises d’Asie (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris, répercute aujourd’hui l’appel international à la libération d’un chrétien ouïghour.

ChinaAid, organisation basée aux Etats-Unis militant pour la défense de la liberté religieuse en Chine, notamment la défense des chrétiens, a lancé une pétition visant à réunir un million de signatures afin de faire pression sur le gouvernement chinois et obtenir la libération d’Alimujiang Yimiti, un Ouïghour du Xinjiang converti au protestantisme en 1995 et détenu depuis janvier 2008.

Agé de 37 ans, Alimujiang Yimiti appartient à la minorité ouïghoure de Chine, minorité ethnique et musulmane principalement présente au Xinjiang, la vaste province de l’extrême-ouest chinois. Marié et père de deux jeunes garçons, il s’est converti au christianisme en 1995. En janvier 2008 (soit bien avant les émeutes qui ont secoué Urumuqi et le Xinjiang en juillet 2009), la Sécurité publique l’a arrêté au motif qu’il aurait fourni des secrets d’Etat à des organisations étrangères. En Chine populaire, la notion de « secret d’Etat » étant extensive et pouvant s’appliquer à la communication d’informations parues dans la presse, l’accusation est très imprécise. Li Dunyong, l’avocat d’Alimujiang Yimiti, affirme que les charges retenues contre son client sont fausses et que le « crime » qui lui est reproché est de s’être entretenu avec des chrétiens américains. Passé en jugement, Alimujiang Yimiti a été condamné à 15 ans de prison ferme et, en mars dernier, sa demande d’un jugement en appel a été rejetée par les autorités. Alimujiang Yimiti aurait été battu durant sa détention et sa femme n’a pas reçu l’autorisation de lui rendre visite.

Dès 2008, le Groupe de travail sur la détention arbitraire de l’ONU a étudié le cas du Ouïghour converti. Il a conclu que sa détention était « arbitraire » et n’était motivée que par l’appartenance et les activités religieuses de l’intéressé. Alimujiang Yimiti était devenu le responsable d’une « Eglise domestique », en fait un groupe de chrétiens et de Ouïghours intéressés par sa démarche spirituelle.

En Europe, le groupe Christian Solidarity Worldwide (CSW), basé à Bruxelles, s’est lui aussi saisi du cas du jeune Ouïghour. Le 25 avril dernier, le journal anglais Catholic Times l’a présenté comme un « prisonnier de conscience » et CSW a organisé la visite dans la capitale belge du président de ChinaAid et de l’avocat Li Dunyong, où ils ont rencontré des représentants des institutions européennes. Le cas de l’avocat Gao Zhisheng a également été rappelé (1).

A Hongkong, les groupes de défense des droits de l’homme indiquent que l’attitude des autorités chinoises n’a cessé de se durcir ces derniers temps. Le 26 avril dernier, le CHRD (Chinese Human Rights Defenders) a publié son rapport pour l’année 2009. On peut y lire que le gouvernement de Pékin n’hésite pas à réduire au silence, par intimidation ou arrestation, les ONG dont l’action lui déplaît, les militants des droits de l’homme, les avocats de ces derniers (2), les activistes sur Internet ou encore ceux qui dénoncent divers scandales de corruption ou d’atteinte aux libertés et à l’environnement. L’année 2009 se caractérise par un bilan, en termes d’arrestations, plus lourd que les années précédentes.

Patrick Poon Kar-wai est catholique. Membre de la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse de Hongkong, il est aussi le secrétaire exécutif du Chinese Human Rights Lawyers Concern Group. Il souligne qu’il est du devoir des catholiques de dénoncer les atteintes aux droits de l’homme constatées en Chine populaire, notamment en ce qui concerne la liberté religieuse. Il remarque aussi que les militants qui, sur le continent, travaillent auprès des plus pauvres, des laissés-pour-compte du système, sont eux aussi désormais la cible de la police.

(1)           Disparu depuis février 2009, Gao Zhisheng est réapparu, fin mars 2010, en Chine. Connu pour son activité de défenseur des droits de l’homme, Gao Zhisheng, qui est chrétien, résiderait dans un centre de retraite bouddhiste et aurait renoncé à toute action publique, déclarant ne souhaiter que mener une vie tranquille auprès des siens, qui ont trouvé refuge aux Etats-Unis.

Après une première condamnation à trois ans de prison en 2006, Gao Zhisheng avait été relâché, puis arrêté à nouveau à plusieurs reprises. Il avait été interpellé à son domicile du Shaanxi le 4 février 2009 par des agents de la Sécurité publique. Interrogée par sa famille sur son sort, la police avait déclaré qu’il avait « disparu » en septembre 2009.

Reconnu en 2001 par le ministère chinois de la Justice comme « l’un des dix meilleurs avocat du pays », Gao Zhisheng s’est illustré notamment dans la défense de Zheng Yichun, un journaliste et ancien professeur condamné à sept ans de prison en 2005 pour ses écrits. Il a également défendu des membres du mouvement spirituel Falungong ainsi que le pasteur protestant Cai Zhuohua, condamné à trois ans de prison pour avoir imprimé et distribué des exemplaires de la Bible (voir EDA 429). En 2006, Gao Zhisheng avait lancé avec d’autres militants, dont Hu Jia, une « grève de la faim rotative pour les droits de l’homme ». Des individus, dans 29 provinces et à l’étranger, s’étaient joints au mouvement en s’abstenant de s’alimenter pendant 24 heures d’affilée. Plusieurs participants avaient été arrêtés. Dans une lettre ouverte rédigée en novembre 2007 et rendue publique en février 2009, Gao Zhisheng avait décrit des séances de torture subie en détention : « « Gao Zhisheng ! Fils de p*** ! Ton heure est arrivée ! Mes frères ! Montrons à ce salaud à quel point nous pouvons être brutal. Tuons ce salaud ! » Un leader du groupe a alors crié et quatre hommes avec des matraques électriques ont commencé à me frapper sur la tête et sur le corps avec férocité. On n’entendait plus rien dans la salle que le bruit des coups et de mes râles. J’ai été battu si sévèrement que tout mon corps a commencé à trembler de manière incontrôlable. » (source : Reporters sans frontières)

(2)           Voir EDA 459 (Cahier de documents : « Les avocats des droits de l’homme et « le camp de l’autorité du droit »)

© Les dépêches d’Eglises d’Asie peuvent être reproduites, intégralement comme partiellement, à la seule condition de citer la source.

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ZENIT Staff

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