ROME, Mardi 27 avril 2010 (ZENIT.org) – « La bioéthique à la française« , c’est ce que présente le « Panorama du médecin » : une synthèse proposée aujourd’hui par « Gènéthique ».
Le Panorama du médecin a publié un dossier intitulé « L’affirmation de la bioéthique à la française« . A l’approche du projet de loi de bioéthique, la réflexion éthique s’avère nécessaire pour « savoir si et comment la science peut influer sur les valeurs de notre société pluraliste et laïque » affirme Alain Grimfeld, président du Comité consultatif national d’éthique (CCNE). Certains se demandent si l’on est déjà « entré dans l’ère du transhumanisme« , un courant de pensée technoscientiste né aux Etats-Unis dont l’objectif est « de repousser les limites biologiques de l’espèce humaine pour parvenir, à terme, à une autre espèce« . En France, lors des Etats généraux de la bioéthique, les citoyens ont affirmé les valeurs phares qu’ils souhaitent voir respecter : le « développement des sciences au service de l’humain, et notamment des plus vulnérables« , le rejet des dérives eugénistes que peut engendrer l’usage inadéquat et non maîtrisé des techniques biomédicales, le refus de l’exploitation biologique du corps humain, et la mise en place de moyens ou « garde-fous » pour garantir le respect de la dignité de chaque personne. Dans le cadre de cette réflexion bioéthique, de nombreuses interrogations surgissent : le rôle de la médecine est-il de répondre au désir d’enfant, quel qu’en soit le prix ? Jusqu’où est-il légitime d’aller pour avoir un enfant en bonne santé ? Ou, plus fondamentalement, est-ce la fonction du droit de « répondre à des demandes en s’adaptant à leur évolution ou bien de structurer l’offre techniquement disponible en fonction de principes clairement identifiés ?«
Bien que certains aient dénoncé la « terminologie hypocrite » des préconisations concernant la recherche sur l’embryon humain, le texte du projet de loi à venir ne sera pas « un chamboule-tout législatif » rompant « l’équilibre global d’un édifice protecteur » a assuré le ministre de la Santé Roselyne Bachelot. Jean Leonetti explique que cette révision de la loi permet d’affirmer une fois de plus « une bioéthique à la française » où « le collectif prime sur l’individu et l’intérêt général sur l’intérêt individuel« . Le texte de loi de 2010 conservera les grands principes qui l’ont précédemment fondé – indisponibilité du corps humain, consentement, anonymat et gratuité – et prendra en considération une nouvelle notion : l’intérêt de l’enfant à naître. Les arbitrages de Matignon et de l’Elysée sont attendus ainsi que l’avis du Conseil d’Etat pour ce projet de loi qui, bien qu’annoncé avant l’été, pourrait n’arriver qu’en septembre 2010.
Le Panorama du médecin dresse le portrait de Jean Leonetti, rapporteur de la mission d’information parlementaire sur la bioéthique. Celui-ci se définit comme « profondément laïc » et « très inquiet des gens qui sont certains« . L’hebdomadaire publie également une interview du Dr. Véronique Fournier, directrice du Centre d’éthique clinique de l’hôpital Cochin à Paris, qui a récemment publié un livre intitulé « Le bazar bioéthique » (Cf. Synthèse de presse du 19/03/10). Elle y relate des histoires singulières, des cas-limites de demandes d’AMP, et à l’inverse de Jean Leonetti, plaide pour une législation « au service des personnes plutôt qu’au service de l’intérêt collectif« .
Source : Panorama du médecin (Gaëlle Desgrées du Loû) 26/04/10