ROME, Lundi 29 mars 2010 (ZENIT.org) – Le président du Pakistan annonce la mise en place d’un numéro d’urgence pour venir en aide aux minorités religieuses opprimées, indique Eglises d’Asie, l’agence des Missions étrangères de Paris (EDA).
Le 22 mars dernier, le président du Pakistan, Ali Zardari, a annoncé la mise en place d’une ligne d’urgence directement reliée au ministère des minorités que les membres des minorités religieuses du pays victimes de violences pourront utiliser afin de dénoncer les actes qu’ils subissent et demander l’aide des autorités. La nouvelle intervient dans un contexte marqué par plusieurs cas de violences atroces commises à l’encontre de chrétiens de la part de musulmans.
Le président Ali Zardari, qui, par crainte des attentats, vit reclus dans son palais présidentiel placé sous très haute sécurité, a demandé au ministre des minorités, Shahbaz Bhatti, qui est de religion catholique, que les contacts entre le ministère et son cabinet soient maintenus très étroits afin de favoriser une réaction rapide des autorités en cas de besoin. Il a aussi appelé de ses vœux la mise sur pied d’une commission nationale interreligieuse chargée de débattre avec le gouvernement des sujets qui empêchent l’harmonie interreligieuse dans le pays.
Pour les responsables de la communauté chrétienne du Pakistan, ces annonces sont bienvenues et vont dans le bon sens, tout particulièrement si elles permettent aux minorités religieuses de se faire entendre de la police, qui bien souvent refuse d’enregistrer les plaintes que viennent déposer les victimes de ces violences. Mais ces mêmes responsables ajoutent aussitôt que la réaction des plus hautes autorités est bien faible et tardive en regard de l’actualité de ces derniers jours. Le secrétaire exécutif de la Commission ‘justice et paix’ de la Conférence des évêques catholiques du Pakistan regrette notamment le silence dans lequel se maintient le ministre Shahbaz Bhatti et estime que le gouvernement « n’a pas à ce jour pris les mesures qui s’imposent pour empêcher les violences perpétrées contre les minorités et poursuivre les auteurs de ces violences ».
Ces derniers jours, les violences contre des chrétiens ont été nombreuses et particulièrement cruelles. On se souvient que, le 22 janvier dernier, une fillette catholique de 12 ans était décédée des mauvais traitements extrêmes subis chez son employeur, un puissant avocat musulman de Lahore, qui depuis a été mis en examen pour ce crime (1). Mais, toujours au Pendjab, une autre jeune fille chrétienne est morte le 10 mars dernier. Kiran George était tombée entre les mains d’une mère maquerelle qui l’avait vendue à un musulman, lequel avait voulu la convertir de force à l’islam pour l’épouser ensuite. Tombée enceinte, la jeune femme a eu la force de raconter son calvaire à la police, qui n’a pas voulu enregistrer sa plainte et c’est finalement son « mari » qui, ayant eu vent de son initiative, qui l’a brûlée vive en l’aspergeant d’essence.
Le 23 mars enfin, c’est toute une famille de chrétiens au service d’un riche musulman de Rawalpindi qui a vu sa destinée brisée. Arshed Masih et sa femme Martha travaillaient depuis cinq ans, lui comme chauffeur, elle comme domestique, pour cheikh Mohammad Sultan. Pour une raison ou une autre, celui-ci a voulu se séparer de ses deux employés et leur a demandés de se convertir à l’islam s’ils voulaient rester à son service. Devant le refus d’Arshed Masih et de son épouse, les menaces se sont faites plus pressantes et le couple a été accusé d’avoir volé des objets de valeur. Niant être l’auteur du vol et refusant de céder à la demande de conversion, Arshed Masih a été brûlé vif par son employeur le 19 mars et sa femme violée par des policiers habitant en face du domicile de Mohammad Sultan. Après trois jours d’agonie, Arshed Masih est mort à l’hôpital de la Sainte-Famille à Rawalpindi. Agé de 38 ans, il laisse trois orphelins de 7 à 12 ans qui, semble-t-il, ont assisté au calvaire de leurs parents.
Par ailleurs, non au Pendjab mais dans les zones tribales limitrophes de l’Afghanistan, des violences sanglantes ont été commises contre des membres des minorités religieuses. Fin février, deux fidèles sikhs ont été séquestrés, puis décapités, car leurs familles, de pauvres agriculteurs, ne pouvaient pas payer la rançon demandée. Le 10 mars, dans la Province de la frontière du Nord-Ouest, un commando suspecté d’appartenir aux talibans a fait irruption dans des locaux occupés par des personnels de World Vision ; six employés pakistanais de l’ONG d’inspiration chrétienne ont été tués et sept autres blessés.
(1) Voir EDA 522, 524
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