ROME, Mardi 2 Février 2010 (ZENIT.org) – Première urgence pour Haïti depuis le tremblement de terre du 12 janvier : faire face aux « besoins élémentaires de nourriture, de logement et de médicaments ».
Frère Manuel Rivero, o.p., vicaire provincial des Dominicains en Haïti, évoque pour ZENIT le quotidien de sa communauté en Haïti et les efforts de la Famille Dominicaine, au niveau international, pour aider à la reconstruction de ce pays ravagé. Il décrit aussi la grande foi des Haïtiens, qui « ne cessent de prier ».
ZENIT – Depuis le terrible tremblement de terre qui a dévasté Haïti, quel a été le quotidien de la communauté Dominicaine ?
Fr. Manuel Rivero – La Famille dominicaine comprend en Haïti une communauté de frères qui loge au collège Sainte-Rose de Lima, au centre-ville de Port-au-Prince, et deux communautés de sœurs dominicaines de la Présentation de Tours, originaires de Colombie et d’Haïti. Le quotidien des frères et des sœurs a consisté à s’occuper des blessés, des morts et des disparus, de leurs familles ainsi que de leurs proches : enfants des écoles, professeurs, familles des bidonvilles… Comme tout le monde, les frères et les sœurs passent leurs jours et leurs nuits dehors car les maisons risquent de s’effondrer lors d’une réplique. Les sœurs dominicaines ont accueilli d’autres sœurs infirmières et psychologues pour aider la population. Nous avons reçu de la Famille dominicaine en République dominicaine des médicaments et de la nourriture grâce à l’association Vera Paz.
ZENIT – Actuellement, y a-t-il des signes visibles d’un début de reconstruction ?
Fr. Manuel Rivero – Pour l’instant, il s’agit de faire face aux besoins élémentaires de nourriture, de logement et de médicaments. Il n’y a pas assez de tentes pour abriter la nuit les centaines de milliers de personnes sans abri.
ZENIT – Quel rôle joue l’Eglise et votre communauté ?
Fr. Manuel Rivero – L’Eglise et la Famille dominicaine travaillent au niveau international pour aider à la reconstruction du pays. En ce moment, je me trouve au Brésil où sont réunis les frères et les sœurs dominicains d’Amérique latine qui réfléchissent ensemble pour aider au mieux l’ordre de Saint-Dominique et l’Eglise d’Haïti à court terme, à moyen terme et à long terme. Il s’agit d’une aide non seulement économique mais aussi humaine et spirituelle. L’Eglise, mystère de communion, est source d’espérance pour le peuple haïtien.
ZENIT – Avez-vous le sentiment que Dieu est présent au milieu de toute cette souffrance ?
Fr. Manuel Rivero – Face à la souffrance et à la mort provoquées par le séisme, l’homme a à choisir entre l’absurde et le mystère. Les Haïtiens, croyants, ne cessent de prier. En Europe, nombreux sont ceux qui avouent ne pas comprendre ce geste de foi : « Pourquoi prient-ils si Dieu n’a rien fait pour leur éviter la douleur et la mort ? » Pour la plupart des Haïtiens, Dieu n’est pour rien dans cette catastrophe. En revanche, Jésus Christ continue de protéger son Eglise. Lors des répliques du séisme, la prière montait vers le Ciel : « Jésus ! Jésus ! ».
ZENIT – Comment envisagez-vous l’avenir et comment peut-on vous aider ?
Fr. Manuel Rivero – La solidarité et l’amitié entre les peuples sont source d’espérance. Le pire serait de se sentir abandonné. Mais ce n’est vraiment pas le cas ! Ceux qui voudraient nous aider peuvent envoyer leurs chèques, libellés à l’ordre de « Solidarité-Haïti », à l’adresse suivante : « Solidarité-Haïti » – Couvent des Dominicains – 20 rue des Ayres – F-33082 Bordeaux Cedex.
Propos recueillis par Marine Soreau