La vie consacrée et la culture numérique

Congrès à Rome sur l’usage des médias dans les communautés religieuses

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ROME, Mardi 24 novembre 2009 (ZENIT.org) – La culture numérique et le virtuel traversent désormais aussi la vie consacrée, qui est donc appelée à s’interroger sérieusement sur le changement qui s’opère en l’homme et dans sa manière d’être, au plan religieux et comme croyant.

C’est la réflexion qui ressort du récent congrès sur « l’utilisation et les abus des moyens de communication en communauté », organisé les 20 et 21 novembre à l’université pontificale « Regina Apostolorum » (APRA) de Rome. 

Dans son intervention, Marcela Lombard, professeur à l’Institut supérieur des sciences religieuses de l’APRA, a rappelé que l’Eglise ne condamne pas les moyens de communication, qui sont « des dons de Dieu », mais invite à aborder avec réalisme et prudence ces moyens qui peuvent comporter « certains risques pour la vie intérieure et le vécu authentique et réel, au-delà même de la vie consacrée, de vertus importantes pour la vie chrétienne ».

« La vision du sexe comme divertissement, l’infidélité et l’absence d’une vision morale et spirituelle du contrat de mariage sont décrits de manière acritique dans les moyens de communication », a-t-elle souligné. Si bien que la personne consacrée est « exposée à ces images qui pénètrent la conscience morale des personnes et peuvent provoquer son relâchement ». 

« Dans la publicité, a-t-elle poursuivi, on tend à créer des nécessités à l’égard de produits ou de services dont on n’a, en réalité, pas besoin », ceci exigeant donc une plus grande capacité à identifier ce qui est essentiel.  

Généralement, dans les moyens de communication, le pouvoir est exalté, la transgression proposée et vantée, l’autorité contestée et sous-évaluée.

« Les vertus cardinales doivent se cultiver afin que les moyens de communication ne portent pas atteinte à la vie chrétienne et consacrée, a souligné Marcela Lombard : la prudence, la justice, la force et la tempérance appliquées à l’usage des moyens de communication éviteront de tomber dans l’abus ».  

Autre intervention au congrès de l’APRA, celle de l’écrivain Ángeles Conde qui a souligné pour sa part, comment l’Eglise continue d’inviter les fidèles et les agents de la pastorale à intégrer l’Evangile dans la nouvelle culture créée par la communication moderne pour pouvoir transformer le continent numérique en utilisant l’unique Parole qui peut sauver l’homme : le Verbe incarné. 

Cette « inculturation médiatique », a-t-elle dit, est possible pour tous et aussi pour les religieuses qui souhaitent vivre leur charisme en évangélisant les laïcs, impliquant les jeunes et cherchant les vocations là où elles se trouvent, donc aussi sur Internet.

D’innombrables initiatives de ce genre existent déjà : du Vatican sur You Tube aux cours de catéchèses on-line, aux écoles de prière sur le web. 

« L’Eglise peut donner du sens et une dimension humaine à la culture numérique, a-t-elle ajouté. Mais il faut qu’elle soit plus présente, ce qui demande un élan tous azimuts, plus de formation à la communication, auprès notamment des agents de la pastorale; plus d’intérêt à collaborer avec les autres initiatives catholiques ; mêler l’initiative et la créativité à la prudence évangélique pour offrir un service permanent d’animation évangélique dans cette culture numérique, en encourageant les laïcs, spécialement les jeunes, à devenir sur le web de vrais apôtres et missionnaires auprès de leurs contemporains » .  

Selon sœur Nicla Spezzati, a.s.c., professeur à l’Institut de théologie de la vie consacrée « Claretianum », « nous vivons dans les cultures des médias qui nous proposent une hiérarchie interprétative du monde : de bas en haut, selon l’indication d’Edmund Husserl, mais aussi de haut en bas » . 

Les médias, a-t-elle expliqué, « procèdent par généralisations toujours plus amples jusqu’à massifier une donnée occasionnelle et accidentelle » et « en même temps construisent ‘d’en haut’ des nouvelles et des images qui descendent comme paramètres d’interprétation visant à orienter et diriger les convictions personnelles et locales » .

Dans la civilisation médiatique actuelle, les moyens de communication sont devenus « un ‘acteur substantiel’ dans la compréhension des processus sociaux, jusqu’à influencer de manière réductive la personne humaine, sujet pensant qui devient sujet voyant d’une ‘représentation’ de la réalité ». 

C’est pourquoi, « devant notre téléviseur, nos défenses s’amenuisent, nous devenons vulnérables et sensibles à une séduction multi sensorielle », tout ceci finissant par créer « une inversion dans  la ‘relation de pouvoir’ entre le consommateur et le producteur d’images et d’informations » .  

Les médias, a expliqué  encore sœur Nicla Spezzati, annulent « le lieu réel de la communauté, de la croissance humaine, le remplaçant, peu à peu, par les ‘non-lieux’ de l’homo videns, de l’homo tecnologicus-oeconomicus ». 

Mais ce qui est encore plus dangereux, a-t-elle ajouté, c’est que ces médias ouvrent la voie à « un processus d’individualisme, solipsisme selon lequel la personne vit en communauté mais comme une ‘étrangère’, une ‘touriste’; se rattache et grandit en relation avec un monde tout autre », un monde fait « d’images positives et gratifiantes de beauté, de sérénité, de rêve, d’affirmation professionnelle, de relations humaines satisfaisantes » ; un monde capable de « faire taire angoisses et insatisfactions », de « se détourner de la réalité quotidienne » et d’« intégrer les relations humaines peu gratifiantes » . 

Pour cela, il est nécessaire de se réapproprier cette attitude critique qui permet de déchiffrer et de reconnaître la « force » des communautés religieuses ; cette lecture critique du langage que les médias utilisent, mélangeant les choses et les faits, pour représenter la réalité » .  

Il est en même temps nécessaire de prendre des décisions concrètes qui soient en mesure d’influer sur toute la vie communautaire, sur la vie personnelle, donnant forme « à un environnement où le climat habituel serait celui d’un regard sage, attentif, amoureux de la vie et des personnes »; « qui permet à l’intellect de respirer, de sonder avec amour et simplicité » soutenu « par son sens de l’écoute et du silence », « par le simple partage du fruit de ses propres efforts », « par sa passion pour l’homme dans sa quête de sens et ses souffrances ». 

Mirko Testa 

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ZENIT Staff

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