ROME, Mardi 7 juillet 2009 (ZENIT.org) - « Le développement humain aujourd'hui » et l'impératif du bien commun constituent le fil conducteur du deuxième chapitre de l'encyclique de Benoît XVI « Caritas in veritate », présentée ce mardi à la presse.

Les inégalités en hausse

Benoît XVI évoque la « vision structurée » que Paul VI avait du développement qui signifiait pour lui « faire sortir les peuples de la faim, de la misère, des maladies endémiques et de l'analphabétisme ». Or, aujourd'hui, déplore Benoît XVI, « la visée exclusive du profit, s'il est produit de façon mauvaise ou s'il n'a pas le bien commun pour but ultime, risque de détruire la richesse et d'engendrer la pauvreté ». Le pape énumère les conséquences actuelles de cette conception, et la crise qu'elle a engendrée. Mais il en appelle à une réaction positive  : « La crise devient (...) une occasion de discernement et elle met en capacité d'élaborer de nouveaux projets » (21).

Le pape évoque une réalité « multipolaire » du développement aujourd'hui, et pointe du doigt que « La richesse mondiale croît en terme absolu, mais les inégalités augmentent » et spécialement qu'il « existe des formes excessives de protection des connaissances de la part des pays riches à travers l'utilisation trop stricte du droit à la propriété intellectuelle, particulièrement dans le domaine de la santé ». Et « certains pays pauvres » fonctionnent selon « des modèles culturels et des normes sociales de comportement qui ralentissent le processus de développement » (§ 22).

Corriger erreurs et dysfonctionnements

Benoît XVI souligne qu'après « l'écroulement du système économique et politique des pays communistes de l'Europe de l'Est et la fin de ce que l'on appelait les blocs opposés », Jean-Paul II avait demandé « une nouvelle réflexion globale sur le développement ». Et c'est donc le moment de diagnostiquer « les choix nécessaires pour dépasser les problèmes économiques actuels » (§ 23).

Le pape introduit ici une réflexion sur le rôle des Etats en faisant observer que « fort des leçons données par l'actuelle crise économique où les pouvoirs publics de l'État sont directement impliqués dans la correction des erreurs et des dysfonctionnements, une évaluation nouvelle de leur rôle et de leur pouvoir semble plus réaliste » (§ 24). Le pape souligne aussi le besoin d'une « participation de la société civile » au niveau national et international.

L'homme, premier capital à sauvegarder

Le pape déplore « l'affaiblissement des réseaux de protection sociale » au nom de la compétitivité et il y discerne « de graves menaces sur les droits des travailleurs », sur « les droits fondamentaux de l'homme » et sur « la solidarité » traditionnelle. Le pape rappelle aux décideurs « du monde, que l'homme, la personne, dans son intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à valoriser » (§ 25).

Pour ce qui est du domaine de la culture, le pape constate un « éclectisme culturel assumé souvent de façon non-critique », ce qui risque de produire un « nivellement culturel » et une « uniformisation des comportements et des styles de vie ». « Réduire l'homme à un donné purement culturel » a pour conséquences « de nouveaux périls d'asservissement et de manipulation » (§ 26).

Mais surtout, une nouvelle fois, le pape dénonce le « scandale de la faim » qui « risque de s'aggraver ». Il souligne qu'elle doit au contraire être éliminée aussi pour « sauvegarder la paix et la stabilité de la planète ». Il déplore « l'irresponsabilité » internationale et l'absence d'une « organisation des institutions économiques » en mesure de « garantir un accès régulier et adapté » à la nourriture et à l'eau, de faire face « aux urgences des véritables crises alimentaires, provoquées par des causes naturelles ou par l'irresponsabilité politique nationale ou internationale ». Plus encore, « la voie de la solidarité pour le développement des pays pauvres peut constituer un projet de solution de la crise mondiale » (§ 27).

Le respect du droit à la vie

Mais le pape ajoute, dans la ligne de Paul VI, que le respect du droit à la vie « ne peut en aucun cas être disjoint des questions relatives au développement des peuples ». Il déplore que des « pratiques de contrôle démographique » des gouvernements « souvent diffusent la contraception et vont jusqu'à imposer l'avortement », que la « mentalité antinataliste » soit présentée comme « un progrès culturel » et que des ONG fassent adopter « dans les pays pauvres » « la pratique de la stérilisation, y compris à l'insu des femmes ». Au contraire, le pape affirme que « l'ouverture à la vie est au centre du vrai développement » et rappelle « le respect du droit fondamental de tout peuple et de toute personne à la vie » (§ 28).

Un autre droit rappelé par le pape parce qu'il a lui aussi une incidence sur le développement  : le droit à la liberté religieuse. En effet, affirme Benoît XVI « les violences freinent le développement authentique et empêchent la marche des peuples vers un plus grand bien-être socio-économique et spirituel ». Et de citer le terrorisme mais aussi l'athéisme qui offrent une « vision réductrice de la personne et de sa destinée », alors que « les conclusions des sciences ne pourront pas, à elles seules, indiquer le chemin vers le développement intégral de l'homme » (§ 29). Par conséquent, pour le pape, « les évaluations morales et la recherche scientifique doivent croître ensemble » (§§ 30-31).

L'accès au travail pour tous

Le développement a besoin de l'interaction de différents niveaux du savoir, harmonisés par la charité et « les choix économiques » doivent être guidés par le souci de « ne pas augmenter de façon excessive et moralement inacceptable les écarts de richesse ». Benoît XVI fait en outre observer que « l'abaissement du niveau de protection des droits des travailleurs et l'abandon des mécanismes de redistribution des revenus pour donner au pays une plus grande compétitivité internationale gênent la consolidation d'un développement à long terme ». Benoît XVI répète son appel à favoriser « l'accès au travail » pour tous. Et parmi les corrections à apporter aux dysfonctionnements, il recommande des mesures pour améliorer « le statut de santé écologique de la planète ».

Enfin, à propos de la mondialisation, qui est la « grande nouveauté » surgie depuis « Populorum progressio », le pape indique une tâche « inédite et créatrice »  : « Il s'agit d'élargir la raison et de la rendre capable de comprendre et d'orienter ces nouvelles dynamiques de grande ampleur, en les animant dans la perspective de cette « civilisation de l'amour » dont Dieu a semé le germe dans chaque peuple et dans chaque culture » (§§ 32-33). Une « civilisation de l'amour » qui tenait tant à cœur à Paul VI.

Anita S. Bourdin