ROME, Mardi 28 juillet 2009 (ZENIT.org). – Un an après la vague de violence qui s’est abattue sur les chrétiens de l’Etat d’Orissa, en Inde, ces derniers demandent que la journée du 23 août soit proclamée Journée pour la paix et la concorde.
Les violences avaient éclaté après l’assassinat du swami (titre honorifique des hauts représentants hindous) Laxamananda Saraswati, dont les chrétiens ont été ensuite accusés injustement.
La proposition présentée aux autorités civiles est le fruit de l’engagement du forum œcuménique présidé par l’archevêque de Cuttack-Bhubaneswar, Raphael Cheenath.
Dans un communiqué, le forum affirme que « la paix et la concorde se sont brisées après l’horrible assassinat du swami, déclenchant des violences contre des hommes, des femmes et des enfants dans le district de Kandhamal et dans tout l’Orissa. Les criminels ont tâché l’image d’Orissa et de l’Inde aux yeux de la communauté internationale ».
L’organisme souligne que « les chrétiens attendent patiemment que les vrais coupables soient punis selon la loi », mais il est important aussi que « de tels événements ne se répètent plus », c’est pourquoi « il faudrait proclamer le 23 août, Jour de paix et de concorde, et ainsi mettre un terme aux plans diaboliques de criminels qui s’emploient à diviser la société en se servant de motifs religieux » .
« Nous devons pardonner et oublier le passé, construire une société civile forte et intégrée qui ne se laisse pas détruire par des projets de criminels », ajoute-t-il.
Le forum, auquel adhèrent également le leader des minorités de l’Orissa, Swarupananda Patra, et le porte-parole du conseil chrétien, Utkal, Bibhudata Das, a aussi proposé un plan en divers points pour « déraciner la campagne de haine et de violence de la pacifique Orissa ».
Il invite en ce sens la société civile à l’unité pour combattre les plans qui encouragent la discorde et les divisions. Il sollicite par ailleurs le gouvernement à garantir la sécurité nécessaire aux minorités et à étendre sa protection aux swamis, à leurs disciples et aux ashram (lieux religieux), car, souligne-t-il, la violence contre les leaders hindous sert de prétexte aux criminels pour attaquer les minorités.
Le forum souligne en outre la situation dramatique de nombreux réfugiés qui vivent encore dans les camps mis en place par le gouvernement, surtout dans la zone de Kandhamal.
Mgr Cheenath appelle les autorités à prendre les mesures nécessaire pour assister de manière adéquate les réfugiés qui ont peur de regagner leurs villages, en raison de menaces persistantes de la part d’extrémistes hindous.
« Nous voulons donner à tous les hommes de bonne volonté un message positif de pardon et de réconciliation, pour bâtir ensemble une société pacifique, juste et fraternelle », ajoute l’archevêque indien. « Unissons-nous pour la paix et la concorde dans l’Etat d’Orissa et dans toute l’Inde », déclare-t-il.
En Orissa, comme dans d’autres Etats indiens, il n’y a pas eu d’autres vagues de violences contre les chrétiens, mais on y enregistre toujours des cas isolés d’agressions et de menaces.
Le récent rapport provisoire de la commission d’enquête du gouvernement d’Orissa sur les violences de l’année dernière, a été accueilli avec déception par la communauté chrétienne.
Mgr Cheenath a déclaré à ce propos que « plus qu’une enquête pour mieux connaître la vérité, nous voudrions que cette enquête soit le signe d’ une volonté politique de mettre en pratique ce que disent la Constitution indienne et la loi ».
Il rappelle que « l’Eglise est victime de violence » et que ni lui ni la communauté chrétienne n’ont été consultés sur la publication du rapport provisoire.
Pour l’archevêque, « les enquêtes réalisées de cette manière courent le risque de se transformer en une perte de temps et de justifier la fâcheuse tendance à éviter de fournir le nom des coupables et des personnes arrêtées ».
En attendant, deux autres personnes, un jeune homme et sa femme, du parti communiste-maoïste, se sont livrés à la police, confessant leur implication dans l’assassinat de Laxamananda Saraswati.
Avant eux, trois autres personnes, deux hommes et une femme, membres eux aussi du parti, s’étaient présentées à la police, et avaient admis leur implication dans le meurtre.
Nieves San Martín