Caritas in veritate : un document à prendre au sérieux, selon Carl Anderson

Chevalier suprême des Chevaliers de Colomb

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ROME, Mardi 14 juillet 2009 (ZENIT.org) – Bien avant une « gauche » ou une « droite », il y avait l’Evangile, et quand ces étiquettes politiques seront tombées dans l’oubli, l’Evangile sera toujours là. Bien conscients de cela, nous devons accueillir l’encyclique de Benoît XVI « Caritas in Veritate », comme un document qui doit orienter notre vision du monde.

C’est ce qu’affirme l’Américain Carl Anderson, chevalier suprême des Chevaliers de Colomb et auteur de best-sellers selon la classification du New York Times. Nous publions ci-dessous son analyse de l’encyclique de Benoît XVI.

On pourrait résumer ainsi la pensée du pape sur l’économie : chacun de nous doit répondre à la question du Christ : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » Si, avec Pierre, nous répondons : « Le Messie », alors cette réponse devrait orienter l’axe de notre vie. Pour nous, la réalité la plus importante doit être nos relations. Nous comprenons ainsi comment la loi et les prophètes ont pu être résumés dans deux commandements du Christ : aimer Dieu de tout notre coeur, et aimer notre prochain comme nous-mêmes, et nous sommes alors capables de parler de « l’amour dans la vérité ».

Une fois que nous acceptons le Christ et ces deux commandements, nous ne pouvons plus nous poser la question de Caïn : « Suis-je le gardien de mon frère ? » Nous devons plutôt comprendre que notre exercice de la liberté ne peut pas se réduire à une simple accumulation du maximum de richesse. Au contraire, tout ce que nous faisons librement doit refléter cette réalité et, dans toutes nos actions, nous devons prendre en compte leurs effets éventuels sur les autres. Ne cherchons pas à aller au-delà des deux premiers mots du « Notre Père », que le pape Benoît XVI cite à la fin de son texte, pour voir la famille humaine commune à laquelle nous appartenons.

Pour cela, nous devons avoir présents à l’esprit plusieurs points importants :

Tout d’abord, ne pas nous demander comment cette encyclique rejoint notre vision du monde, mais plutôt, comment notre vision du monde doit changer en réponse à ce document.

Les commentateurs doivent éviter la tentation d’essayer d’analyser l’encyclique de leur propre point de vue, ou à travers une lorgnette politique. La thèse du pape montre clairement qu’un fondement éthique doit transcender la politique et que, comme le texte le laisse entendre de manière explicite, les solutions techniques relèvent des décideurs politiques.

Deuxièmement, le monde mérite une économie de marché pourvue d’une conscience, comme l’ont clairement démontré, l’année dernière, les péripéties de l’économie mondiale. Le pape Benoît XVI, dans un essai daté de 1985, a critiqué le marxisme, parce qu’il excluait de son horizon autant Dieu qu’un rôle humain juste, et donc parce qu’il était trop « déterministe ». Il a mis en garde contre le risque d’un effondrement des économies de marché si, à leur tour, elles excluaient ou ignoraient la composante éthique de toute prise de décision individuelle. A l’évidence, les récents évènements lui ont donné raison et, par conséquent, cette encyclique du pape et son appel en faveur d’un système moral, sont d’autant plus à prendre au sérieux.

Troisièmement, alors que le débat dans le monde se focalise sur les solutions techniques à la crise économique, le pape Benoît XVI, quant à lui, nous demande de revoir le fondement même de notre système – et de construire sur le roc de l’éthique plutôt que sur le sable du déterminisme.

Quatrièmement, le pape nous appelle à une réalité économique qui doit respecter la vie de chaque personne – même de la plus petite et la plus démunie. Un appel à la fois remarquable et opportun, comme l’est le fait qu’il ait mis en lumière le rôle nécessaire de la religion dans la sphère publique.

Cinquièmement, cette encyclique est à la fois un document Catholique et un document catholique. Le voir d’un point de vue uniquement national serait une erreur, tout comme le considérer sous l’angle politique. Prenons l’exemple de l’appel du pape en faveur d’une juste « redistribution ». Je doute que quelqu’un puisse trouver un pays qui ne redistribue pas la richesse de ses citoyens, d’une manière ou d’une autre. Le pape demande si, indépendamment du pays, cette redistribution s’opère avec justice. Ce qui doit faire réfléchir un instant ceux d’entre nous qui vivent dans des pays à économie dynamique, avec un niveau de vie bien au-delà de ce que la majeure partie du monde peut imaginer.  Nous avons, assurément, la responsabilité d’aider notre prochain. Nous pouvons et nous devons faire davantage.

Mais nous ne sommes pas les seuls. Est-il juste que le « président » d’un pays d’une région pauvre du monde prenne sa retraite avec des milliards de dollars sur un compte bancaire en Suisse, alors que son peuple vit avec un dollar par jour ? Est-il juste qu’une population meure de faim pendant qu’une oligarchie s’enrichit de plus en plus ? A l’évidence, tout le monde a droit à la nourriture, et aux services de base.

Un chrétien doit être une personne pour les autres. En fait, pas seulement les chrétiens, mais tout le monde est appelé à vivre de cette manière.

Pendant trop longtemps, trop de personnes se sont comportées comme si elles n’avaient une obligation de fidélité qu’à elles-mêmes. Nous avons tous vu les résultats d’un tel comportement, et nous savons donc que c’est un piètre modèle – sur les plans éthique et économique.

Maintenant, les gens sont en quête d’une boussole morale, et savent que le pape Benoît XVI en possède une. Mais si une boussole peut indiquer la voie, c’est à nous de la suivre.

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ZENIT Staff

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