Sortir la famille du processus de « déconstruction » qui va contre sa nature

Entretien avec le père Raniero Cantalamessa

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ROME, Mardi 17 février 2009 (ZENIT.org) – Selon le prédicateur de la Maison pontificale, les chrétiens d’aujourd’hui devraient chercher à suivre l’exemple de leurs premiers prédécesseurs : changer la société en apportant leur propre témoignage, plutôt que de se concentrer à changer les lois.

Dans un entretien à ZENIT, le père Raniero Cantalamessa, OFM Cap., illustre les défis qui interpellent les familles chrétiennes. 
 
ZENIT – L’un des problèmes majeurs de la famille d’aujourd’hui, comme vous le dites vous-même, est la carence d’amour. Quelles solutions les Saintes Ecritures apportent-elles aux familles face aux problèmes d’aujourd’hui?
 
 
P. Cantalamessa – Le mariage naît de l’humilité, d’un acte d’humilité. En lui, chacun reconnaît sa propre dépendance, la nécessité de l’autre. Sans humilité, le mariage ne peut survivre et rester en bonne santé. L’orgueil est l’ennemi numéro 1 du mariage et de l’amour. 
 
Aujourd’hui, plutôt que de défendre le mariage chrétien dans la société et dans la culture, je crois qu’il faut chercher à améliorer la qualité de la famille chrétienne et faire en sorte que les familles chrétiennes soient vraiment un lieu où le projet initial de Dieu puisse se réaliser, autrement dit que l’homme et la femme vivent dans leur couple un amour qui les porte à désirer cette Amour éternel et infini. 
  
ZENIT –
Au cours d’une conférence lors de la rencontre mondiale des familles de Mexico, vous avez dit que les chrétiens devraient s’engager dans le monde plus dans les faits que par les paroles, comme ce fut le cas dans les premiers siècles de l’Eglise. Pouvez-vous ainsi nous indiquer les éléments qui, dans le message biblique, peuvent nous aider à redevenir des témoins de l’Evangile, de la vie et de la famille? 
 
P. Cantalamessa – J’ai dit, et j’en suis convaincu, que les premiers chrétiens, surtout au cours des trois premiers siècles, ont réussi à changer les lois de l’Etat par leur comportement. Aujourd’hui nous ne pouvons prétendre de faire le contraire, soit de changer les comportements à travers les lois de l’Etat. En tant que citoyens nous devons faire tout notre possible pour que l’Etat adopte de bonnes lois, des lois positives, qui ne soient pas contraires à la vie, mais cela n’est pas suffisant. Ce n’est pas suffisant parce que dans une société pluraliste comme celle d’aujourd’hui, les chrétiens de certains pays représentent déjà une minorité, donc nous nous trouvons plus près d’une situation semblable à celle des premiers siècles, que près d’une situation comme celle vécue au Moyen Age, où les chrétiens n’étaient pas défendus par l’Etat, mais par leur propre vie et par leur témoignage. 
 
ZENIT – Quel est aujourd’hui le processus de « déconstruction » de la famille qui va contre le projet de Dieu? 
 
P. Cantalamessa – Nous nous trouvons dans des situations extrêmes. C’est comme si nous voulions réinventer l’homme, le mariage… avec des résultats « in-humains ». Par exemple, le projet d’abolition des sexes, où il n’y aurait pas d’identité sexuelle définie, mais où chacun peut construire sa vie en fonction de son propre désir de masculinité, de féminité ou de quelque chose de plus variable. Ceci est inacceptable, contraire à la nature humaine. 
 
Un processus de « déconstruction » peut-être par exemple la proposition d’abolir la maternité, l’assimilant à un acte d’esclavage. La femme est esclave de la maternité, et c’est la raison pour laquelle on a trouvé la manière de faire naître les enfants autrement, de manière plus artificielle. C’est ce type de proposition qui est vraiment dangereuse, « in-humaine ». 
 
Je me fie au bon sens des personnes et à leur instinct : au désir du sexe opposé que Dieu a instillé dans la personne, et au désir de maternité et de paternité, qui sont des valeurs que Dieu a placées dans le cœur humain.

Mais je pense que ces propositions peuvent créer beaucoup de dégâts, comme ce fut le cas pour le marxisme. Le marxisme a été reconnu comme un grand mal pour la société, qui a fait beaucoup de victimes. De la même manière, cette révolution (la révolution du genre), avant même d’être reconnue comme « in-humaine », aura le temps de provoquer d’énormes dégâts. 

Mercedes de la Torre

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ZENIT Staff

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