Les blessures du communisme encore présentes en Europe de l’Est

Troisième rencontre des évêques d’Europe centrale

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ROME, Jeudi 12 février 2009 (ZENIT.org) – Les blessures du communisme sont toujours bien présentes et empoisonnent la vie et la société des pays qui se trouvent derrière le rideau de fer. C’est le message lancé par les présidents et les cardinaux des conférences épiscopales d’Europe centrale, réunis jusqu’au mardi 10 février à Zagreb (Croatie). 

Après celle de Budapest (Hongrie) en 2004 et celle de Prague (en République tchèque) en 2007, cette réunion est la troisième réunion du genre depuis la chute du Mur de Berlin en 1989.

Le thème de cette année est : « La mission de l’Eglise dans les pays d’Europe centrale et orientale vingt ans après la chute du système communiste, 1989-2009 ». 

La rencontre réunit des représentants de 13 conférences épiscopales, sur invitation du cardinal Josip Bozanić, archevêque de Zagreb et vice-président du conseil des conférences épiscopales d’Europe. 

La date a été choisie de manière à ce que la rencontre coïncide avec l’anniversaire de la béatification du cardinal Alojzije Stepinac par Jean Paul II. Une grande partie des travaux ont tourné autour de la personnalité et de l’héritage spirituel de ce martyr,  et avec lui tant d’autres du communisme. 

Dans l’homélie de la messe de clôture, le cardinal Bozanić a comparé la foi du cardinal Stepinac et celle d’autres martyrs, au grain de blé qui meurt pour produire des fruits. 

« Le rideau de fer est l’image de la division, de la fracture, de l’éloignement et de l’égoïsme. Il a été dressé par l’homme pour que l’homme ne puisse passer, mais son objectif est beaucoup plus profond, il veut empêcher que le regard de l’homme se tourne vers Dieu et qu’il puisse ainsi reconnaître sa bienveillance », a-t-il expliqué. 

Toutefois, alors que l’homme dresse ce rideau, « Dieu jette le grain, le don de la vie et permet qu’il meure. C’est justement quand on a l’impression que la terre a empêché la vie que vient le fruit ».

Le communisme est toujours présent

« Nous avons l’impression que le système s’est arrêté de fonctionner dans ses formes précédentes, mais il a subi une transformation et se présente sous la forme d’un sol empoisonné d’où le grain de blé devrait en revanche germer », a-t-il relevé.

Une des questions qui inquiète le plus les prélats est que sa structure, malgré la chute du communisme, « est encore bien présente dans la législation et dans le pouvoir judiciaire, dans l’économie et dans la culture », mais surtout elle est présente dans ce voile de silence que l’on a jeté sur les événements du passé récents. 

« Sinon comment expliquer que, vingt après ces événements, la vérité n’arrive pas à s’enraciner dans des terres qui se disent pourtant éprises de liberté et vantent tant leur amour de la vérité? », s’interroge le cardinal Bozanić, affirmant qu’en Croatie, par exemple, on évite de parler du cardinal Stepinac. 

« Les ‘enfants du mensonge’ ont emporté avec eux des morceaux de ce grand rideau de fer et s’en servent pour cacher et voiler la vérité sur certains faits, sur certaines personnes et institutions bien précises. Quelques uns, avec les restes de ce rideau, sèment la division et le trouble ». 

La vérité, a dit le cardinal croate, c’est que « le système a volé en éclats, mais que ces éclats sont très résistants et qu’ils se manifestent sous des formes qui encouragent les mêmes mensonges, non seulement par le biais de la politique, mais également dans le rapport avec l’éducation, la science, l’instruction ».  

Le cardinal Bozanić a mis en garde contre les « demandes contradictoires sur la vérité anthropologique de l’homme », surtout sur la famille. « Nous ne leur permettrons jamais et nous ne permettre jamais de ‘compromis politique’ sur de telles questions, car il ne s’agit pas d’accords humains, mais de la vérité centrale dont nous ne sommes pas la source ». 

Autre question évoquée par le cardinal Bozanić, celle de la communion entre les Eglises, entre les fidèles d’orient et d’occident, que les idéologies « ont cherché à détruire ». A ce propos, il a invité l’assemblée à ne pas oublier « le grand soutien des Eglises qui ont vécu dans la liberté et qui, par leur solidarité, ont encouragé l’Eglise martyre à avancer ».

A un autre moment de la rencontre de Zagreb, le cardinal Bozanić a expliqué que l’heure est venue d’entreprendre « une nouvelle et courageuse évangélisation pour redécouvrir ses propres racines chrétiennes » et « de faire face aux défis posés par une vision réductionniste de l’homme », pour répondre surtout à la « dictature du relativisme ». 

En ce sens, les prélats ont eu l’occasion d’approfondir les défis liés à la mondialisation, la bioéthique, les neurosciences, les migrations et la construction d’un nouvel ordre mondial, la protection de la liberté de conscience, les nouvelles idéologies, surtout concernant la vie et la famille. 

Récupérer le passé

Les Evêques ont également exprimé la nécessité que l’Eglise aide à reconstruire la « mémoire historique » des années du communisme, en luttant contre cette tendance à vouloir garder le silence sur ce qui s’est réellement passé, surtout avec les martyrs. 

Ils ont notamment souligné le besoin d’aider les jeunes « à connaître leur vraie histoire » et à « entretenir la mémoire de ceux qui ont été prêts au martyre pour leur foi ».

« Le communisme a laissé en héritage des blessures profondes dans la vie des personnes et de la société, d’où émergent une demande urgente d’aide et le besoin de Dieu, de l’Eglise, pour guérir l’homme », soulignent les évêques dans un communiqué distribué par le secrétariat de l’archevêché de Zagreb.

Aussi a-t-il été décidé de promouvoir des congrès historiques qui mettent en lumière la vie de l’Eglise et des chrétiens pendant la période communiste. 

Inma Álvarez

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ZENIT Staff

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