ROME, Lundi 9 février 2009 (ZENIT.org) – Le patriarche œcuménique de Constantinople, Bartholomée Ier, souhaite que l’élection de Kirill, nouveau patriarche de Moscou et de toute les Russies, conduise à « plus d’unité et de concorde » et constitue concrètement « un pas en avant » vers la célébration du grand et saint synode qui réunit toutes les Eglises orthodoxes ».
Un souhait que Bartholomée Ier a exprimé personnellement au nouveau patriarche de Moscou dans le message qu’il lui a adressé à l’occasion de son intronisation, le 1er février dernier, et dont L’Osservatore Romano a fait écho.
Le message, précise le quotidien du Saint-Siège, a été remis à Kirill par l’intermédiaire de l’archevêque Irénée de Crète, qui guidait la délégation du patriarcat de Constantinople.
« Les attentes de l’Eglise de Constantinople sont nombreuses et surtout orientées vers l’unité et la concorde, et le cheminement commun vers l’organisation et la convocation du grand synode, depuis longtemps annoncé », précise Bartholomée dans son message.
La préparation du grand synode « doit être accélérée pour sauvegarder la crédibilité de l’Eglise orthodoxe et la coopération dans la conduite du dialogue théologique avec les autres Eglises chrétiennes », ajoute la patriarche.
Mais Bartholomée Ier estime également que cette union entre chrétiens orthodoxes est nécessaire pour pouvoir « aborder ensemble et résoudre pacifiquement les éventuelles divergences bilatérales qui peuvent surgir avec le temps ».
Les chrétiens doivent également affronter ensemble, « le très grave problème de la crise économique et morale mondiale que traverse le monde moderne », de même que les défis de la bioéthique.
Pour le patriarche de Constantinople, l’élection de Kirill est un motif de grande joie. Il considère que le nouveau patriarche de Moscou est « un homme religieux, créatif et actif, de grande influence ecclésiale, connu pour sa pensée canonique et théologique, pour ses paroles équilibrées, ses sentiments d’amour envers le Christ et sa contribution à la question de l’unité des chrétiens ».
Désaccords
L’origine de l’Église orthodoxe russe née selon la tradition en 988 à la suite de la conversion et du baptême du prince Vladimir, dépendait à ses origines du patriarcat de Constantinople. Celle-ci se séparera de la métropole de Kiev en 1448 et sera reconnue comme église autocéphale en 1589, avec l’érection du premier patriarcat de Moscou, reconnu par le patriarcat de Constantinople.
Elle est actuellement une des 14 Eglises orthodoxes autocéphales, mais la plus importante en nombre de fidèles (plus de 80 millions sur les 200 millions d’orthodoxes présents dans le monde).
Le patriarcat de Moscou ne reconnaît pas au patriarche de Constantinople le rôle de « primus inter pares » (premier entre ses égaux) que lui attribuent traditionnellement les autres Eglises orthodoxes, ceci étant un facteur de frictions et de discordes historiques.
La dernière controverse remonte à 1996, à l’occasion de l’indépendance de l’Estonie, lorsque l’Eglise apostolique estonienne a demandé d’entrer sous la juridiction du patriarcat de Constantinople, quittant celle de Moscou et suscitant le mécontentement du patriarcat de Moscou qui ne reconnaît donc pas sa structure.
Cette controverse a conduit l’Eglise orthodoxe russe à quitter la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Eglise catholique et les Eglises orthodoxes, réunie à Ravenne, en Italie, du 8 au 14 octobre 2007, marquant ainsi son désaccord à la participation des estoniens parmi les délégués orthodoxes.