ROME, Lundi 2 février 2009 (ZENIT.org) - Des milliers de chrétiens pakistanais ont échappé à la mort après la programmation d'un attentat qui aurait du faire voler en éclats la Cathédrale catholique de Lahore le jour de Noël, et qui a échoué quelques heures avant son exécution.
La sécurité du curé de la cathédrale du Sacré-Cœur, le P. Andrew Nisari, reste toutefois précaire, ce dernier ayant reçu depuis des menaces anonymes de la part d'extrémistes musulmans qui, dans une lettre, lui demandent, ainsi qu'à sa congrégation de se convertir à l'islam ou « de s'attendre à des conséquences », rapporte l'œuvre internationale d'aide catholique Aide à l'Eglise en détresse (AED) dans un communiqué.
Ces faits ajoutent au sentiment de frustration que le clergé ressent face à l'inaction de la police depuis les attaques perpétrées contre un village du diocèse de Lahore, où la quasi totalité des chrétiens ont dû s'enfuir pour sauver leur vie.
Près de deux semaines plus tard, aucune arrestation n'a encore eu lieu, et les quelque 100 chrétiens du village de Kot Lakha Singh ont encore trop peur pour renter chez eux.
Evoquant la situation de Lahore dans un entretien à l'AED, le P. Nisari a fait savoir que la découverte de cartes et d'autres preuves a conduit à l'arrestation de six personnes liées à la tentative d'attentat contre la cathédrale.
La veille de Noël, un véhicule contenant de l'explosif et, semble-t-il, destiné à la cathédrale, a explosé (probablement par erreur) à trois kilomètres de Lahore, tuant un passant, qui a été identifié comme étant un catholique.
D'après Fr. Nisari, les six personnes arrêtées ont reconnu que leur intention était de provoquer un attentat contre la cathédrale durant la messe de Noël, jour de grand rassemblement pour les fidèles.
« Nous sommes continuellement entourés de menaces, mais grâce à Dieu, pour le moment, nous avons la vie sauve, a-t-il confié. Je dis aux fidèles d'être prêts à mourir. Beaucoup d'entre nous mourront dans leur lit ou à l'hôpital, mais il serait tellement beau de pouvoir mourir dans la maison de Dieu ».
Le curé affirme que les fidèles qui fréquentent la cathédrale, refusant de se faire intimider par les menaces, s'étaient rendus nombreux aux célébrations de Noël. Il n'y avait que des places debout et certains fidèles ont dû rester à l'extérieur.
Le P. Nisari s'est par ailleurs dit consterné de voir que la police n'avait pas réussi à arrêter les coupables des attaques survenues le 14 janvier à Kot Lakha Singh, où les extrémistes ont torturé les habitants, y compris femmes et enfants, au domicile d'un chrétien appelé William.
Après s'être rendu dans le village pour faire le bilan de la situation, il a critiqué les forces de sécurité locales qui encouragent certes les initiatives de réconciliation mais sans agir de manière ferme pour remettre les coupables à la justice.
« En tant que groupe minoritaire, nous les chrétiens ne sommes pas pris au sérieux dans ce pays », a-t-il déploré. « Nous ne nous sentons pas défendus. On dirait que malgré la justice les musulmans prendront toujours le parti de ceux qui partagent leur religion. C'est très injuste. »
C'est une dispute entre un chrétien et un musulman pour une question de terre qui serait à l'origine des attaques subies. La décision d'une femme musulmane de quitter son mari musulman pour un homme chrétien, a également provoqué des incidents.
Quoiqu'il en soit, les chrétiens ne se laissent pas intimider et, sur les conseils de leurs prêtres, invitent les familles qui ne vont pas à la messe à s'unir à eux pour les célébrations.
« Nos gens sont très courageux, souligne le curé. Alors que l'Eglise est persécutée, ils deviennent plus conscients de leur propre foi ».
« Nous avons besoin de vos prières », a-t-il dit à l'AED. « Nous vous demandons de prier afin que nous puissions surmonter tous ces défis et afin que Dieu nous sauve ».