ROME, Mercredi 15 octobre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous la synthèse des interventions prononcées au synode des évêques sur la Parole de Dieu, le mardi 14 octobre, dans la matinée (quatorzième congrégation générale). La treizième congrégation générale (lundi après-midi) a pris la forme d’un pèlerinage à Saint-Paul-hors-les-Murs dans le cadre de l’Année Saint-Paul, suivi d’un concert.
* * *
À cette Quatorzième Congrégation générale sont intervenus les Pères suivants, et dans un deuxième temps, les auditeurs cités plus bas.
– S.Em.le Card. Tarcisio BERTONE, S.D.B., Secrétaire d’État (CITÉ DU VATICAN)
– S.B.Em. Card. Emmanuel III DELLY, Patriarche de Babylone des Chaldéens, Chef du Synode de l’Église Chaldéenne (IRAQ)
– S.Exc. Mgr Marian GOŁĘBIEWSKI, Archevêque de Wrocław (POLOGNE)
– S.Exc. Mgr Petro Herkulan MALCHUK, O.F.M., Évêque titulaire de Media, Évêque auxiliaire de Odessa-Simferopol (UKRAINE)
– S.Exc. Mgr Ruy RENDÓN LEAL, Évêque Prélat d’ El Salto (MÉXIQUE)
– S.Exc. Mgr Angelo AMATO, S.D.B., Archevêque titulaire de Sila, Préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints (CITÉ DU VATICAN)
– S.Exc. Mgr Marin BARIŠIĆ, Archevêque de Split-Makarska (CROATIE)
– S.Exc. Mgr Javier ECHEVARRÍA RODRÍGUEZ, Évêque titulaire de Cilibia, Prélat de la Prélature personelle de la Sainte Croix et de l’Opus Dei
– S.Exc. Mgr Kurt KOCH, Évêque de Bâle (SUISSE)
– S.Exc. Mgr Joseph NGUYÊN CHI LINH, Évêque de Thanh Hóa (VIÊTNAM)
– S.Exc. Mgr Juan MATOGO OYANA, C.M.F., Évêque de Bata (GUINÉE ÉQUATORIALE)
Nous publions, ci-dessous, le résumé de leurs interventions (traductions de travail fournies par la secrétairerie générale du synode).
– S.Em.le Card. Tarcisio BERTONE, S.D.B., Secrétaire d’État (CITÉ DU VATICAN)
« Chers jeunes, je vous exhorte à devenir des familiers de la Bible, à la garder à portée de la main, pour qu’elle soit pour vous comme une boussole qui indique la route à suivre ». Telle est la conclusion pratique du Message de Benoît XVI aux jeunes du Monde entier à l’occasion de la Journée Mondiale de la Jeunesse de 2006. Cette consigne confirme celle donnée à la JMJ de Cologne 2005 et est ultérieurement développée dans une autre des interventions du Saint-Père sur la Place Saint-Pierre le 6 avril 2006, en réponse à une question directe posée par un jeune sur le sens de la Bible dans la vie d’un jeune croyant.
C’est un triptyque qui manifeste une conviction précise du Pape: dans le Livre Sacré dûment rencontré, la foi juvénile trouve une orientation indispensable (la boussole), en faisant par ailleurs attention à ce que la rencontre avec la Bible devienne une rencontre avec le Christ.
Un fossé à dépasser
Prise à part, la Bible ne parvient pas à susciter, aux yeux d’un jeune, d’autant plus si adolescent, une attraction et une affection particulière. On enregistre, en effet, une indifférence substantielle envers une foi qui est communiquée par le biais des Écritures Saintes, ce qui n’est pas le cas pour une foi transmise au contraire par le témoignage d’une personne croyante, et cette indifférence s’accompagne d’un fort taux d’ignorance et surtout d’une difficulté à en percevoir la valeur vitale. Parmi ceux qui n’entrent pratiquement jamais en contact avec la Bible (et ils représentent 80% des Italiens), le nombre le plus élevé est constitué par la tranche d’âge des adolescents, entre 14 et 19 ans. 13% seulement considère que « quelqu’un qui croit en Dieu doit lire et méditer la Bible ou d’autres textes sacrés », plaçant cette lecture à la 11e place – sur un total de 16 – ; 7% réalise « la prière en lisant, méditant la Bible ou d’autres textes religieux » (cf. AA.VV. La religiosità in Italia, Mondadori, Milano 1995).
Toutefois, on remarque chez nombre de ces jeunes une surprenante disponibilité envers la Bible, et ce, non pas tant lorsque la syntonie est atteinte, au moins au début, par l’autorité d’une page biblique dite Parole de Dieu, mais plutôt lorsqu’elle l’est par l’intermédiaire d’adultes qui les approchent comme des éducateurs patients et des témoins crédibles du personnage le plus grand, à savoir la figure de Jésus ; des personnes qui, en somme, lorsqu’elles parlent de la Parole de Dieu, la montrent avant tout dans leur vie. Si l’adulte, en tant qu’éducateur-ami, parvient à se faire ouvrir la porte du coeur du jeune, alors l’Écriture se propose comme un don qui porte en soi toutes les qualités de la Parole de Dieu selon la codification biblique, avec une caractérisation toute particulière pour l’âme juvénile. Ainsi le jeune grandira et appréciera la place centrale que les jeunes ont dans la Bible et, en particulier, dans les Évangiles ; il mettra Jésus dans son « journal de l’âme » (nous en avons de nombreux exemples dans les journaux intimes des jeunes); il appréciera également toutes les images sportives présentes dans la Bible ayant des applications originales dans la vie vertueuse (Ex. Michel Quoist).
Conclusion.
De la longue intervention susmentionnée de Benoît XVI sur la Place Saint-Pierre, qui étonna un peu tout le monde par sa clarté et sa charge de conviction, nous retenons une pédagogie de l’approche que le Saint-Père lui-même a ainsi synthétisé: « Je pense que nous devons apprendre ces trois éléments: lire dans un dialogue personnel avec le Seigneur; lire accompagnés par des maîtres qui ont l’expérience de la foi, qui sont entrés dans l’Écriture Sainte; lire au sein de la grande communauté de l’Église, dans la Liturgie de laquelle ces événements deviennent toujours à nouveau présents, dans laquelle le Seigneur parle à présent avec nous, afin que nous entrions toujours plus dans l’Écriture Sainte, dans laquelle Dieu parle réellement avec nous aujourd’hui ».
[00250-03.03] [NNNNN] [Texte original: italien]
– S.B.Em. Card. Emmanuel III DELLY, Patriarche de Babylone des Chaldéens, Chef du Synode de l’Église Chaldéenne (IRAQ)
Je suis un fils de la terre d’Abraham, l’Iraq. Je suis sûr que la plus grande partie de cette assemblée bénie désire avoir quelques informations sur la situation de l’Iraq, de ce pays torturé et ensanglanté.
Ma parole ne sera pas une lecture politique, mais un bref retour en arrière d’un père qui, depuis un demi siècle, vit avec ses fils spirituels, et qui voit souffrir et mourir ses citoyens. Qui ressent le devoir sacré de défendre les droits de l’Église et de ses fidèles, et la tâche d’avertir les responsables de suivre les voies justes de la paix et de la sécurité. Disons la vérité: on a tout essayé pour obtenir la paix et la tranquillité pour le pays.
La situation dans certaines parties de l’Iraq est désastreuse et tragique. La vie est un calvaire: la paix et la sécurité manquent, tout comme les éléments basilaires viennent à manquer dans la vie de tous les jours. L’électricité, l’eau et l’essence continuent à manquer, la communication téléphonique est toujours plus difficile, des routes entières sont bloquées, les écoles fermées et toujours en danger, les hôpitaux fonctionnent avec un effectif réduit, les personnes craignent pour leur propre sécurité. Tout le monde redoute les enlèvements, les séquestrations et les intimidations. Que dire, ensuite, de tous ces enlèvements injustifiables qui se succèdent chaque jour, causant des dommages à des familles entières et les privant souvent de leurs êtres chers, bien qu’ayant déboursé des dizaines de milliers de dollars pour une libération qui n’a jamais eu lieu. Sans parler du nombre toujours croissant de morts causés par les voitures piégées et par les kamikazes qui endossent des ceintures explosives.
Vivre la parole de Dieu signifie, pour nous, la témoigner aussi au prix de notre vie, comme cela est arrivé, et arrive, jusqu’à présent avec le sacrifice des évêques, des prêtres et des fidèles. Ils continueront à êtr
e en Iraq, forts dans la foi et l’amour du Christ grâce au feu de la parole de Dieu. Pour cela, je vous supplie de prier pour nous et avec nous le Seigneur Jésus, Verbe de Dieu, et de partager notre préoccupation, nos espérances et la douleur de nos blessures, afin que la Parole de Dieu faite chair demeure dans son Église, et ensemble avec nous, comme bonne nouvelle et comme soutien. 16 de nos prêtres et deux évêques ont été enlevés et relâchés après une très forte rançon. Certains d’entre eux appartiennent à la foule des nouveaux martyrs qui, du Ciel, prient aujourd’hui pour nous: l’archevêque de Mosul, Faraj Rahho, père Raghid Ganni, deux autres prêtres et six autres jeunes.
[00223-03.03] [IN191] [Texte original: italien]
– S.Exc. Mgr Marian GOŁĘBIEWSKI, Archevêque de Wrocław (POLOGNE)
Depuis quelques décennies, la méthode historico-critique reste une approche à la Bible dominante dans l’exégèse. Cette méthode a été positivement très fructueuse pour l’étude de la Bible. Cependant, l’on sait aujourd’hui qu’elle est insuffisante. C’est pourquoi, au cours de ces dernières années, d’autres méthodes de recherche sur le texte inspiré se sont développées. Parmi celles-ci, les méthodes linguistiques – la narrative et la structurelle – ainsi que la lecture de la Bible dans l’esprit de la psychologie la plus profonde, deviennent plus importantes. La demande de traiter toutes les méthodes comme complémentaires, et ne pas en traiter quelqu’une comme dominante, semble juste. Ainsi, les résultats de la recherche exégétique révèlent aux yeux du lecteur le sens pluridimensionnel du fragment analysé. Ils permettront de découvrir un grand nombre de significations et ne se limiteront pas à une seulement. Il en résulte, cependant, que la tâche de l’exégète ne finit pas avec la découverte du sens pluridimensionnel du fragment analysé (littéral, historique, symbolique, allégorique ou spirituel). Il reste une demande très pratique: comment relier avec la vie de chaque fidèle et d’entières communautés ecclésiales ce texte dont la signification a désormais été découverte? Comment passer du texte à la vie, et de la vie au texte? Le lecteur contemporain de la Bible requiert, de la part des exégètes et des théologiens, qu’ils sachent tirer des principes et des critères de l’Écriture, ces derniers devant être normatifs dans chacun des domaines de la vie personnelle et communautaire. À ce propos, les plus importants concerneraient les principes et les critères d’ordre général; de ceux-ci, il faudrait en tirer les principes plus détaillés, capables de répondre aux questions morales posées par les bioéthiciens, les écologistes, les médecins, les psychologues, les sociologues et également les politiciens. Le mouvement en direction inverse est également important: de la vie à la Bible. La demande devient toujours plus évidente pour que non seulement l’homme croyant lise la Bible, mais aussi pour que la Bible devienne le facteur interprétatif de sa vie, c’est-à-dire que la Bible « lise » la personne humaine. L’homme croyant non seulement devrait savoir tirer de la lecture de la Sainte Écriture les principes de son agir, mais il devrait savoir aussi se regarder dans la Bible comme dans un miroir.
[00218-03.03] [IN186] [Texte original: italien]
– S.Exc. Mgr Petro Herkulan MALCHUK, O.F.M., Évêque titulaire de Media, Évêque auxiliaire de Odessa-Simferopol (UKRAINE)
Dans mon intervention, je me référerai au point n° 21 dans lequel il est dit qu’à la lumière du Concile Vatican II et du Magistère successif, il faut prêter une nécessaire attention et une réflexion spécifique aux sens bibliques, c’est-à-dire aux sens historico-littéral et théologico-spirituel.
Une réalité dans laquelle se trouvent les destinataires de la Parole nous montre que les uns découvrent le sens historico-littéral et s’y arrêtent, les autres, en revanche, parviennent à découvrir le sens théologico-spirituel. Le point central de mon intervention est donc le sens théologico-spirituel.
Déjà saint Jérôme a déclaré et Vatican II a répété : « Les divines écritures doivent être lues et interprétées avec l’aide du même Esprit Saint par l’intermédiaire duquel elles furent écrites ».
Même si cela semble ridicule, il arrive parfois que les personnes appelées au service de la Parole puissent lui faire obstacle. Le Rosaire tous les jours avant la Messe? Non! Il y a le mois d’octobre. C’est à ce moment-là qu’on prie le rosaire. Qui donc a vu prier le Chemin de Croix tous les jours de Carême? Le vendredi suffit. Se confesser chaque mois? Non, une fois par an suffit! Ainsi viennent à manquer la Parole priée et la Parole qui vivifie, c’est-à-dire le sacrement de la Confession.
Voici combien se révèle actuelle l’admonition de saint François à ses frères: « La lettre tue, mais l’esprit fait vivre. La lettre tue ceux dont la curiosité s’arrête aux mots du texte; ce qu’ils veulent, c’est paraître plus savants que les autres. L’esprit de la sainte Écriture fait vivre ceux qui n’attribuent pas à leur valeur personnelle la science qu’ils possèdent ou désirent posséder, mais qui, par la parole et par l’exemple, en font hommage au Très haut Seigneur Dieu à qui appartient tout bien ».
Ma proposition vise donc à prêter une plus grande attention non seulement aux documents officiels de l’Église, mais surtout à donner au sacrement de la Réconciliation la place qui lui revient dans la pastorale. En faire usage et le mettre au service spécialement dans les séminaires et dans l’activité pastorale. L’analyse met en évidence le fait que dans les communautés, et spécialement dans les paroisses dans lesquelles la Confession manque, la fréquence diminue et la spiritualité devient moins profonde.
[00219-03.03] [IN187] [Texte original: italien]
– S.Exc. Mgr Ruy RENDÓN LEAL, Évêque Prélat d’ El Salto (MÉXIQUE)
La Parole de Dieu, nous la trouvons, en premier lieu, dans la Sainte Écriture, lorsqu’elle est accueillie et présentée dans la prière. Dieu nous parle aussi à travers les oeuvres créées, ainsi qu’à travers la Liturgie, surtout la Célébration eucharistique. D’autres présences de cette Parole salvifique, nous les trouvons dans les événements, dans le Magistère de l’Église et dans notre prochain, surtout dans le plus pauvre, dans celui qui souffre.
1. Trouver et écouter la Parole. L’Église doit favoriser, dans sa Pastorale, la lecture et la connaissance de la Bible. Nous tous, les baptisés, nous devons nous engager à susciter, en nous et dans les autres, une rencontre profonde avec Jésus Christ, Parole éternelle du Père, afin de réaliser une forte expérience de Dieu et une conversion authentique. Cette rencontre avec la Parole exige une écoute attentive, avec le coeur.
2. Prier et célébrer la Parole. À travers différentes méthodes, en particulier la Lectio divina, la Parole, présentée dans la prière, se transforme pour nous en source d’eau vive. De même, dans la Liturgie de la Parole, bien préparée et bien célébrée, de chacune des Célébrations sacramentelles, la Parole proclamée est, avec sa force salvifique, capable de transformer la vie des croyants.
3. Vivre et transmettre la Parole. La société contemporaine exige, de la part des chrétiens, un témoignage de ce que nous sommes et de ce que nous faisons. Il ne suffit pas de nous appeler chrétiens catholiques, bien plus, il ne suffit pas de prier et de participer aux Sacrements. Le témoignage d’unité et de vie cohérente avec l’Évangile devraient être le signe distinctif de tous les baptisés. L’engagement à partager notre expérience de foi, nous conduira, sans aucun doute, à transmettre aux autres, avec nos paroles, nos oeuvres et nos attitudes, la Parole de Dieu.
[00209-03.03] [IN177] [Texte original: espagnol]
– S.Exc. Mgr Angelo AMATO, S.D.B., Archevêque titulaire de Sila, Préfet de la Congrégation pour la Cause des Saints (CITÉ DU VATICAN)
Jésus
dit: « je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes » (Mt 11, 29). Pendant deux millénaires, des hommes et des femmes, grands et petits, savants et innocents, en Orient comme en Occident, se sont mis à l’école du Seigneur Jésus, qui a fait résonner dans leur esprit et dans leur coeur un commandement sublime : « soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). Le but à atteindre n’est pas une perfection à mesure d’homme, mais la hauteur de la perfection divine. Avec simplicité et humilité, même des jeunes – comme Saint Domenico Savio, quatorze ans, ou comme Laura Vicuña, treize ans – ont pris au sérieux l’invitation du Seigneur et se sont faits saints.
Leur bibliothèque était composée essentiellement par la vie et par la Parole de Jésus : heureux les pauvres, heureux les affligés, heureux les doux, heureux les affamés et assoiffés de la justice, heureux les miséricordieux, heureux les coeurs purs, heureux les artisans de paix, heureux les persécutés. Les saints, comprenant que les béatitudes sont l’essence de l’Évangile et le portrait même de Jésus, l’ont imité.
Quatre nouveaux saints ont été canonisés hier appartenant à trois continents différents. Parmi eux, une jeune religieuse, Soeur Alfonsa Muttathypadathu, la première sainte indienne, une figure noble de femme joyeuse et forte. Même la perfection de sa sainteté a été mesurée à la Parole de Jésus: « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive » (Mc 8, 34). Soeur Alfonsa a accepté ses infirmités physiques et ses tourments moraux – comme l’incompréhension et le mépris – en vivant sine glossa sa via crucis personnelle à la suite du Seigneur Jésus. Au terme de sa brève existence, Soeur Alfonsa pouvait répéter avec saint Paul : « En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l’Église » (Col 1, 24). Comme hier, les fidèles qui, quotidiennement, font des paroles de Jésus chair et sang, sont encore aujourd’hui innombrables. Et ils se sanctifient.
[00214-03.03] [IN182] [Texte original: italien]
– S.Exc. Mgr Marin BARIŠIĆ, Archevêque de Split-Makarska (CROATIE)
Dans l’Église qui est en Croatie, depuis le IXe siècle, c’est la langue populaire qui est utilisée dans la liturgie. La rencontre entre la Parole de Dieu et la langue populaire se reflète dans la parole croate « pošteno » – qui signifie honnête, humain, sincère et juste – et provient étymologiquement de « po-štenju » qui signifie « selon-la-lecture ». La norme de la vie humaine provenait justement de la lecture et de l’écoute attentive de la Parole de Dieu (Document de travail, n°27).
Ce style de vie humaine et chrétienne provient de la Parole de Dieu, dont l’identité se reflète et s’exprime dans l’Église à l’écoute, l’Église en prière et l’Église en service.
– À la Parole de Dieu correspond et répond l’Église à l’écoute, qui est capable d’entendre les problèmes spécifiques de notre époque (cf. GS 1), comme d’adresser la parole adéquate et nécessaire au monde et à la culture d’aujourd’hui (cf. GS 40-45).
– La puissance créatrice et rénovatrice de la Parole doit être découverte de manière particulière dans la célébration liturgique. Partant de cette source, la Parole se diffuse dans la quotidienneté de la vie.
– Ce que l’Église écoute et célèbre se traduit dans sa mission évangélisatrice. La plénitude de la joie qui vient de l’écoute obéissante et de la célébration de la Parole de Dieu ne peut pas nous rendre muets, mais nous transforme en protagonistes confiants dans la crédibilité de l’Évangile, pour vivre « pošteno » – selon la lecture.
[00215-03.02] [IN183] [Texte original: italien]
– S.Exc. Mgr Javier ECHEVARRÍA RODRÍGUEZ, Évêque titulaire de Cilibia, Prélat de la Prélature personelle de la Sainte Croix et de l’Opus Dei
Dans la vie des saints, la rencontre avec la Parole de Dieu à travers la lecture de la Sainte Écriture a produit un changement radical dans l’existence. Nous tous, mais aussi nos prêtres et nos laïcs, devons chercher à avoir une soif profonde de Jésus Christ, et vivre chaque scène de l’Évangile comme si nous étions un personnage parmi d’autres. À son interlocuteur croyant, la Bible demande une réponse précise: la réponse de la prière. Dans le sacrement de la Confession, nous devrions, nous les pasteurs, recommander souvent aux fidèles la lecture de l’Évangile, leur enseigner à participer – étant donné que c’est dans la lecture que l’Évangile nous est raconté – et inviter les pénitents à offrir, eux aussi, ce même conseil à leurs collègues, aux membres de leurs familles et à leurs amis. Il ne suffit pas de méditer des idées ou des scènes qui puissent susciter notre admiration pour la vérité, la bonté ou la beauté qu’elles reflètent ; il faut plutôt que nous tous, les chrétiens, en tant que saints, nous essayions de porter ces textes dans notre vie personnelle de tous les jours pour la transformer. Les femmes et les hommes ont de plus en plus besoin, non pas de simples paroles éphémères et vaines, mais de la Parole de Dieu, la seule capable de donner une signification authentique à la vie. Il faudrait promouvoir des initiatives qui diffuseraient parmi les fidèles cette attitude de prière et de recueillement intérieur face à l’Évangile, pour faire en sorte qu’elle ait une retombée véritable dans notre vie quotidienne. Je pense, par ailleurs, qu’il faudrait soigner la lecture bien faite, c’est-à-dire véritablement vécue, des textes de la Messe, non pas en les déclamant, mais avec la certitude que c’est Dieu qui parle aux fidèles et à la communauté.
[00220-03.03] [IN188] [Texte original: italien]
– S.Exc. Mgr Kurt KOCH, Évêque de Bâle (SUISSE)
« L’Église a toujours témoigné son respect à l’égard des Écritures, tout comme à l’égard du Corps du Seigneur lui-même » (DV21). En général, cette orientation n’a été encore que trop peu reçue par la conscience religieuse, comme il en ressort surtout de quatre points centraux actuels.
1. En Suisse et en Europe, en général, une grande partie des membres de l’Église ont, de fait, le statut de catéchumènes baptisés, à qui non seulement le langage de la foi de l’Église est étranger, mais aussi le monde biblique. Aussi, aujourd’hui, non seulement de nouvelles voies pour accéder à la Parole de Dieu ne suffisent pas, mais c’est la pastorale tout entière qui doit être, d’une manière plus décisive, une pastorale de l’évangélisation car elle ne peut pas continuer à être seulement une pastorale de la « sacramentalisation ».
2. On ne peut parler de la Sainte Écriture que si l’on parle aussi de l’Église comme son propre sujet. Ici, l’on touche au point central du problème oecuménique. Dans ce domaine, ce n’est qu’en superficie que la discussion concerne les institutions ecclésiastiques, telles que le magistère et le ministère lui-même. La question controverse est celle du rapport entre la Parole de Dieu et les témoins officiellement chargés de cette Parole.
3. Non seulement dans la conscience générale de la foi, mais aussi dans les réflexions, on perçoit de plus en plus des tendances marcionistes, du fait que l’unité de l’Ancien et du Nouveau Testament semble s’être fragilisée. Le christianisme pourrait, cependant, apprendre beaucoup du judaïsme, comme par exemple une approche moins forcée à l’Écriture et à la tradition, car, pour les juifs, la Bible juive n’est pas seulement un livre imprimé, mais bien une réalité vivante.
4. Dans le dialogue interreligieux, on parle aujourd’hui très ouvertement des Saintes Écritures des hommes. On oublie, de cette façon, que le christianisme n’est pas, avant tout, une religion du Livre, comme le judaïsme et l’islam. En effet, la Parole de Dieu est une Personne, le Fils de Dieu fait chair, et précède donc la
Sainte Écriture. Sans un rapport intime d’amitié avec cette Personne, même la lettre de la Sainte Écriture reste muette. La représentation de la Parole de Dieu, dans la vie de l’Église, se fonde donc, et se manifeste, avec le renouvellement de la foi dans le Christ aujourd’hui.
[00221-03.04] [IN189] [Texte original: allemand]
– S.Exc. Mgr Joseph NGUYÊN CHI LINH, Évêque de Thanh Hóa (VIÊTNAM)
Vendredi dernier, mon cher confrère vietnamien, son excellence Joseph Vo duc Minh, vous a présenté sommairement l’histoire de l’évangélisation de notre peuple. Je me permets de continuer son rapport en me référant au numéro 28 de l’Instrumentum Laboris parlant du rôle de soutien de la Parole de Dieu dans l’histoire de l’Église, afin de vous illustrer comment ce rôle s’est réalisé dans la vie de l’Église au Vietnam.
L’Évangile a été pour la première fois proclamé sur notre terre au début du 16e siècle dans le contexte douloureux d’une guerre interne entre deux royaumes de frères ennemis. Merveilleusement grâce à cette coïncidence, elle est devenue une grande consolation pour les premiers baptisés et depuis, ne cesse jamais d’être le soutien moral et spirituel, le principe d’enrichissement pour l’Église au Vietnam, une des Églises les plus éprouvées par des persécutions sanglantes et consécutives. Embarqués dans une telle histoire tissée de haine, de guerres idéologiques et de restrictions discriminatoires, nos chrétiens sont de plus en plus convaincus que seule la Parole de Dieu peut les garder dans l’amour, la joie, la paix, la communion et la tolérance.
Il m’est douloureux de vous dire que le Vietnam, jusqu’ici, occupe le premier rang des avortements. Cette catastrophe pourtant, paradoxalement, a suscité le mouvement « pro vita »chez les catholiques, consistant surtout à aller chercher des bébés avortés dans les hôpitaux, les baptiser s’il y a encore un petit signe de vie, de créer des cimetières pour les enterrer. Au début, cet acte a été accusé par les autorités civiles et les responsables hospitaliers comme des crimes demandant que les catholiques devaient agir clandestinement. Maintenant, on n’autorise pas encore, mais on le tolère. Quelques cinéastes en font même des films documentaires et des reporters en font éloge sur les médias. Pourquoi ce progrès ? Réponse : on reconnaît mieux le témoignage des chrétiens, ceux qui vivent de la Parole et sous la lumière de cette Parole, on respecte la vie. Je voudrais répéter cette conviction dont parle Gaudium et Spes, au numéro 44 « l’Église reconnaît que, de l’opposition même de ses adversaires et de ses persécuteurs, elle a tiré de grands avantages et qu’elle peut continuer à le faire ».
Un autre signe mérite d’être mentionné pour montrer que la Parole de Dieu continue à soutenir l’Église au Vietnam. Il s’agit de la conversion en masse des milliers de personnes des minorités ethniques peu de temps après la canonisation des 117 Martyrs du Vietnam en 1988. Ce qui est curieux c’est que plusieurs ont avoué qu’ils ont écouté la Radio Protestante à Manille, aux Philippines, mais se convertissent au catholicisme au Vietnam. Ainsi, les Protestants sèment et les catholiques moissonnent. La Parole de Dieu résonnant de très loin, en atteignant leurs oreilles, est devenu source de l’espérance pour ces gens perdus dans les montagnes, privés de tout et sans avenir.
En conclusion, je voudrais, en tant que chrétien vietnamien, répéter cette conviction que dans les persécutions, notre plus grande grâce est la fidélité à la Parole de Dieu.
[00249-03.02] [IN197] [Texte original: français]
– S.Exc. Mgr Juan MATOGO OYANA, C.M.F., Évêque de Bata (GUINÉE ÉQUATORIALE)
Géographiquement, la Guinée Équatoriale occupe une position privilégiée qui, déjà au XVe siècle, facilita l’arrivée de quelques missionnaires. Seulement quatre siècles plus tard, les évangélisateurs purent s’établir d’une manière stable dans le pays, dont les petites dimensions leur permirent d’apporter facilement la Parole à tous ses habitants.
Une fois passée la période de la première évangélisation, nous avons, comme les autres populations, affronté le défi d’approfondir la Bonne Nouvelle que nous avions reçue. Et plus concrètement: comment faire pour que la lumière de l’Évangile éclaire nos racines culturelles, notre tradition, pour parvenir à l' »homme nouveau » auquel le Christ nous appelle. Et comment faire pour sortir, avec tous nos frères, de la pauvreté et aller vers de meilleures conditions de vie, sans pessimismes fatalistes ni matérialismes égoïstes, et vivre avec la dignité des fils de Dieu. Dans ce double engagement, les voix et les réalités ne manquent pas qui, s’érigeant comme guides, offrent divers attraits, avec la prétention d’être la solution appropriée à chaque moment. Mais leurs propositions se succèdent les unes après les autres, car aussitôt elles se révèlent aussi incomplètes qu’éphémères.
La Parole autorisée. Être chrétien en fonction de ses racines et de ses traditions culturelles, requiert de les éclairer avec l’Évangile. Et cela est possible seulement lorsque l’on suit d’une manière décisive les pas de celui qui enseigna à évaluer d’une manière adéquate ces deux réalités. C’est pourquoi, il est affirmé, d’un côté: « N’allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes… » (Mt 5,17), et de l’autre, « Vous avez entendu qu’il a été dit…, Eh bien ! moi je vous dis… » (Mt 5,21 ss).
De la même manière, sortir de la pauvreté, en solidarité avec nos frères, en nous éloignant tant du pessimisme fataliste que du matérialisme égoïste, suppose un fondement consistant en Celui qui enseigna: « Car où est votre trésor, là aussi sera votre cœur » (Lc 12,34).
La tâche permanente des évangélisateurs. Nous devons, donc, imiter le Semeur qui sème avec abondance les grains de la Parole (cf. Mt 13,1 ss). De plus, nous devrions faire nôtre la requête du vigneron qui demande de nouvelles opportunités et qui s’offre pour développer de nouvelles stratégies, pour favoriser plus intensément la croissance de la graine semée et, par conséquent, pour pouvoir attendre avec une foi active le fruit correspondant (cf. Lc 13,8-9).
[00210-03.03] [IN178] [Texte original: espagnol]
AUDITION DES AUDITEURS (II)
À cette Quatorzième Congrégation générale sont intervenus les Auditeurs et Auditrices suivants:
– M. Andrea RICCARDI, Fondateur de la Communauté de Sant’Egidio (ITALIE)
– Mme Maria VOCE, Présidente du Mouvement des « Focolari » (ITALIE)
– M. Luis Fernando FIGARI RODRIGO, Supérieur du « Sodalitium Vitae Christianae » (PÉROU)
– Mme Michelle MORAN, Président du Conseil de le Service de Renouveau Charismatique Catholique Intenational, (I.C.C.R.S.) (ANGLETERRE)
– Prof. Thomas Hong-Soon HAN, Professeur d’ Economie près le « College of Business and Economics, Hankuk University of Foreign Studies » (Seoul); Président du Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques (CORÉE)
– Soeur Evelyne FRANC, F.d.C., Supérieure Générale des Filles de la Charité de Saint Vincent de’ Paoli (FRANCE)
– Prof. Rafael Chainarong MONTHIENVICHIENCHAI, Vice-Chancellier de l’Université de St.John, Bangkok (THAÏLANDE)
– M. Moysés Louro DE AZEVEDO FILHO, Fondateur et Modérateur Général de la Communauté Catholique Shalom (BRÉSIL)
– Mme Ewa KUSZ, Présidente de la Conference Mondialedes Institus Séculiers (C.M.I.S.) (ITALIE)
– Soeur Jocelyne HUOT, S.F.A., Présidente Générale du Mouvement « Les Brebis de Jésus », Québec (CANADA)
– Mme Agnes Kam Leng LAM, Présidente de l’Association Catholique Biblique de Hong Kong (CHINE)
– Mme Teresa Maria WILSNAGH, Directrice Régionale de la Fondation Biblique Catholique, « Catholic Bible Foundation » (C.B.F.), Cape Town, Durban, Johannesburg (AFRIQUE DU SUD)
– M. Amel Diockel SARR, Catéchiste de l’Archidiocése de Dakar (SÉNÉGAL)
– M. Daniele BOSCARO, Guide-Chef de l’Associati
on « Guide et Scouts Catholiques Italiens »(A.G.E.S.C.I.), Padoue (ITALIE)
– Soeur M. Clare MILLEA, A.S.C.J., Supérieure Générale des Apôtren du Sacré- Coeur de Jésus (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)
– Soeur M. Viviana BALLARIN, O.P., Supérieure Générale des Soeurs Doménicanes de Sainte Catherine de Siéne, Présidente de l’Union des Supérieures Majeures d’Italie (U.S.M.I.) (ITALIE)
– Mme Natalja FEDOROVA BOROVSKAJA, Professeur près l’Universitè d’État Humaniste Russe; Professeur près l’Accadémie Russe des Beaux Arts (FÉDÉRATION RUSSE)
– Mme Silvia SANCHINI, Présidente Nationale Feminine de la Fédération Catholique Universitaire Italienne (F.U.C.I.) (ITALIE)
Nous publions, ci-dessous, le résumé de leurs interventions:
– M. Andrea RICCARDI, Fondateur de la Communauté de Sant’Egidio (ITALIE)
Grégoire le Grand nous enseigne que la Parole croît avec celui qui la lit. Elle éclaire les pauvres, elle nous conduit à comprendre que, leur être proches c’est l’être aussi au Christ lui-même. Elle fait émerger la dimension structurante du chrétien: le disciple. Il l’est devenu sur la Mer de Galilée, en écoutant Jésus, avant d’être appelé chrétien à Antioche. À une époque de tourbillonnement de paroles, la Parole fait mûrir dans le silence. Du silence ressort une prière qui garde le monde. Parfois la Parole est enchaînée par des projets, une tendance à se mettre en avant, des lectures idéologiques. Aujourd’hui les personnes sont dépaysées ; elles ont peur de l’avenir. Parlons des difficultés d’évangéliser. Mais les personnes veulent écouter. Comment les aider ? En nous nourrissant nous-mêmes de la Parole de Dieu. Le peuple sent celui qui l’aime. On ne sent pas ce goût dans certains chrétiens, ni même dans certains ministres de la Parole. Il suffit d’écouter certains sermons. Pour tous, une seule façon : l’assiduité de la lecture durant toute une vie. Celui qui écoute la Parole, sait aussi parler aux coeurs. Évangéliser n’est pas une technique, mais un débordement de la Parole. Le Synode peut être le moment opportun pour faire mûrir, dans le peuple de Dieu, une saison d’amour pour les Écritures. Forts d’un siècle de culture biblique, le temps n’est-il pas enfin venu de développer, au sein du peuple de Dieu, la dévotion à la Page sacrée ? L’homme et la femme chrétiens deviendront alors – dit Jean Chrysostome – « simples avec intelligence » dans un monde complexe.
[00226-03.04] [OD003] [Texte original: italien]
– Mme Maria VOCE, Présidente du Mouvement des « Focolari » (ITALIE)
Depuis l’aube du Mouvement des Focolari, Chiara Lubich, avec un petit groupe de compagnes, entreprenait un chemin spirituel tracé par une profonde redécouverte et vie de l’Évangile.
L’effet de cette vie fut la naissance d’une communauté formée par ceux qui, venus en contact avec elles, commençaient à leur tour à vivre avec engagement et enthousiasme l’Évangile, échangeant entre eux les multiples expériences surprenantes.
Aujourd’hui encore, la Parole de Dieu occupe une place centrale.
La Parole est expérimentée comme une source de Dieu (cf. DV 7) à laquelle s’abreuver, nourrir l’âme, comme avec l’Eucharistie (cf. DV 21).L’habitude d’effectuer un échange réciproque des expériences dérivées de la vie de la Parole contribue à susciter une évangélisation toujours plus authentique.
Il est dès lors possible de comprendre le désir ardent de Chiara de laisser seulement l’Évangile à qui l’aurait suivie. « Ce qui reste et demeurera toujours – a-t-elle dit – c’est l’Évangile qui ne subit pas l’usure du temps » (…) « ainsi l’oeuvre de Marie demeurera sur la terre véritablement comme une autre Marie: tout l’Évangile, rien d’autre que l’Évangile et, parce qu’Évangile, il ne mourra pas » (C. Lubich, Essere tua Parola, [Être ta Parole], Rome, p.85) .
[00227-03.03] [UD001] [Texte original: italien]
– M. Luis Fernando FIGARI RODRIGO, Supérieur du « Sodalitium Vitae Christianae » (PÉROU)
Dans Ecclesiam suam, le Pape Paul VI mettait en relief la dimension communicative de la révélation divine. Ce même aspect est exprimé dans ce beau passage de l’Exode où l’on nous dit que « Le Seigneur parla avec Moïse face à face, comme avec son ami ». Venue la plénitude des temps, Dieu prononça sa Parole, qui est en Dieu depuis le principe et qui est Dieu, et s’incarne dans la Vierge Marie Immaculée par l’action de l’Esprit Saint.
La Parole Éternelle incarnée parle un langage humain et manifeste le mystère de Dieu et son Dessein, ainsi que le mystère de l’être humain, la grandeur de sa vocation et l’horizon de sa réalisation personnelle.
La Parole de Dieu écrite sur l’inspiration de l’Esprit, interpelle l’être humain en profondeur, et l’invite à la rencontre passionnante et indescriptible avec le Seigneur Jésus.
Dans ce chemin, est fondamentale la maîtrise dans un silence actif qui implique non seulement écouter dûment, mais le faire en Ecclesia, en ouvrant son coeur à l’intériorisation et à l’adhésion à la Parole de Dieu. La Parole écoutée et accueillie, nourrit en nous la foi dans l’esprit, transformant nos critères jusqu’à parvenir à avoir « l’esprit du Christ »; éveillée la foi dans le coeur jusqu’à parvenir à « avoir entre nous les mêmes sentiments qu’eut Jésus Christ »; et nous pousse à la foi dans l’action, conscients que sont bienheureux ceux qui « écoutant la Parole la mettent en pratique ».
La Vierge Marie est le modèle d’écoute et de réponse à la Parole de Dieu.
[00228-03.03] [OD005] [Texte original: espagnol]
– Mme Michelle MORAN, Président du Conseil de le Service de Renouveau Charismatique Catholique Intenational, (I.C.C.R.S.) (ANGLETERRE)
Mon commentaire se base sur le rapport fondamental existant entre l’Esprit Saint et la Parole de Dieu (IL 3). Le Renouveau Charismatique aide à promouvoir une nouvelle ouverture aux grâces et aux dons de l’Esprit Saint. Il est engagé dans la production de ressources permettant d’aider les personnes non seulement à avoir accès aux Écritures, pour important que cela soit, mais également à vivre des expériences qui changent leur vie au travers de la rencontre avec la Parole de Dieu dans la puissance de l’Esprit Saint.
Lorsque les personnes deviennent vivantes dans la foi, elles ont faim de la Parole de Dieu. Certaines ne réussissent pas à apaiser cette faim à cause d’une prédication homélitique pauvre. Il faut certainement faire davantage en matière de formation homélitique des prêtres. Toutefois, si la prédication veut devenir vivante, ouverture et docilité à la force de l’Esprit Saint sont nécessaires. Je voudrais suggérer d’offrir à toutes les personnes engagées dans le ministère de la prédication et de la proclamation, la possibilité d’expérimenter dans leur vie un renouveau de l’Esprit Saint.Dans la troisième partie du Document de travail, « La Parole de Dieu dans la mission de l’Église », il nous est dit qu’avant de débuter son ministère public, Jésus était rempli d’Esprit Saint et qu’il était mené par l’Esprit (Lc 4, 1). L’Esprit Saint est donc une donnée fondamentale pour une évangélisation et une mission efficaces. L’attention orante à la Parole de Dieu, menée par l’Esprit Saint, nous protégera de l’activisme excessif et nous amènera à un engagement missionnaire fécond envers le monde.
[00240-03.04] [UD017] [Texte original: anglais]
– Prof. Thomas Hong-Soon HAN, Professeur d’ Economie près le « College of Business and Economics, Hankuk University of Foreign Studies » (Seoul); Président du Conseil de l’Apostolat des Laïcs Catholiques (CORÉE)
Mon intervention se réfère aux numéros 38, 39 et 41 du Document de travail.
Il est urgent d’assurer que le fidèle du Christ ait une formation solide à la Parole de Dieu. Ce devrait être plus qu’une simple transmission de connaissances. La formation relative à la Parole de Dieu doit être « performative » (Spe Salvi 2). Elle doit être capable de transformer la vie et devrait viser à c
ombattre les « structures de péché » afin de créer un monde meilleur dans lequel vivre.
La formation performative à la Parole de Dieu devrait comprendre une solide formation en doctrine sociale de l’Église. Dans ce sens, le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église peut constituer un instrument valable. Nous avons besoin d’éducateurs compétents dans les domaines de la doctrine sociale et de l’étude de la Parole de Dieu. L’Église devrait investir des ressources humaines et financières dans la formation des éducateurs.
Une formation performative à la Parole de Dieu requiert que l’Église entière et tous ses membres témoignent avec des actions. Nous devons reconnaître que les personnes sont plus persuadées par la sainteté de la vie que par la discussion intellectuelle.
Les guides de l’Église doivent faire un examen sérieux des styles de vie et des biens au sein de l’Église à la lumière de la Parole de Dieu et prendre toute mesure possible afin de mettre en oeuvre la doctrine sociale. En outre, lorsqu’elle conclut des contrats commerciaux, l’Église doit garantir qu’y soient inclus les principes de la justice, des rétributions suffisantes pour vivre et de bonnes conditions de travail. Malheureusement les actes précédents de l’Église n’ont pas toujours été satisfaisants.
J’espère que le Synode instituera un style de vie biblique adapté à une Église qui témoigne et qu’il promouvra une formation performative du fidèle laïc.
[00225-03.03] [UD002] [Texte original: anglais]
– Soeur Evelyne FRANC, F.d.C., Supérieure Générale des Filles de la Charité de Saint Vincent de’ Paoli (FRANCE)
1. La Parole de Dieu au coeur de notre vie (Instrumentum Laboris n° 24, 38, 52)
La Parole nous réveille chaque matin et nous accompagne au long du jour à travers la liturgie des heures, l’Eucharistie, les temps de prière et de service. Elle est à la fois douce comme le miel et amère comme le fiel; elle conforte et bouscule, provoque à avancer au large, nous désinstalle.
Le partage de la Parole (lectio divina) ranime notre engagement apostolique, est facteur d’unité et chemin de pardon, de réconciliation et de discernement. Il est encore plus nécessaire à notre époque où, dans les cinq continents, les Soeurs en proximité de coeur et de vie avec les pauvres, sont parfois confrontées à des situations de difficulté extrême. Le partage de la Parole fortifie alors leur sens d’appartenance au Christ, les relie à la communauté qui les envoie, à la mission de l’Église.
2. L’annonce de la Parole à travers notre service des pauvres. (Instrumentum Laboris n°36, 39,43,44)
La Parole nous pousse à servir non seulement pour combattre la faim matérielle, la misère, elle nous pousse aussi à travailler pour un monde où tous soient respectés, elle nous pousse à dénoncer les injustices. Une double lecture de la Parole s’impose : lire la vie des pauvres à la lumière des Écritures et lire les Écritures du point de vue des pauvres ; ils sont sacrement du Christ au milieu de nous, ces pauvres qui nous évangélisent.
En conclusion, deux mots sur l’annonce de la Parole dans la pastorale des jeunes et la piété populaire.
Les jeunes des cinq continents répondent avec enthousiasme aux défis lancés lors des JMJ : « Vous êtes le sel de la terre … Vous êtes la lumière du monde » (Mt 5,13-14) à Toronto, « Nous sommes venus L’adorer » (Mt 2,2) à Cologne, « Vous allez recevoir une force, celle de l’Esprit Saint qui descendra sur vous. Vous serez alors mes témoins » (Ac 1, v8) à Sydney. Les jeunes attendent de nous de tels défis et sont prêts à les relever quand nous cheminons à leurs côtés, vivons de cette Parole et savons la leur expliquer.
Le numéro 36 de l’Instrumentum Laboris cite la piété populaire, prenons un exemple : La médaille miraculeuse offerte à tant et tant de personnes à travers le monde est un humble outil catéchétique, un résumé de l’histoire du salut qui permet d’annoncer la Parole de Dieu.
Cette Parole, Marie, la femme eucharistique, notre modèle de vie spirituelle, l’a reçue pleinement et nous la partage totalement.
[00237-03.02] [UD014] [Texte original: français]
– Prof. Rafael Chainarong MONTHIENVICHIENCHAI, Vice-Chancellier de l’Université de St.John, Bangkok (THAÏLANDE)
Le rôle des parents dans le développement de la foi chez leurs enfants ne sera jamais assez souligné. Par le passé et encore actuellement, la plupart des parents catholiques enseigne à leurs enfants à faire le signe de la croix et à réciter des prières simples, avant même qu’ils ne commencent à aller à l’école.
Malheureusement, le rôle de la plupart des parents diminue énormément dès que leurs enfants vont à l’école. Les enseignants acquièrent une influence majeure par rapport aux parents, surtout pour la formation à la foi des enfants.
Une éducation catholique et des catéchistes/enseignants attentifs peuvent aider , à l’aide d’une méthodologie pédagogique efficace, à former une foi durable et solide dans leurs jeunes élèves qui font spontanément référence à la Parole de Dieu quand les temps sont favorables et l’appliquent lorsque surviennent des problèmes.
[00242-03.03] [UD020] [Texte original: anglais]
– M. Moysés Louro DE AZEVEDO FILHO, Fondateur et Modérateur Général de la Communauté Catholique Shalom (BRÉSIL)
Grâce aux mouvements ecclésiaux et aux nouvelles communautés, des milliers de personnes ont fait un chemin de rencontre avec Jésus Christ vivant et ont découvert la joie d’être Église. Cette rencontre personnelle avec le Ressuscité, qui est passé par la Croix et qui souffle l’Esprit Saint, est l’événement qui transforme la personne en disciple, lui faisant découvrir la beauté et la force de Sa Parole.À partir de cette expérience, naît, dans le coeur du disciple du Christ la nécessité vitale de s’alimenter de la Parole de Dieu et, en même temps, il se sent poussé à la rencontrer au travers d’une lecture orante de l’Écriture Sainte, dans la Liturgie Eucharistique, et dans l’engagement missionnaire de témoigner cette même Parole avec fermeté et courage, c’est-à-dire avec parresia.
Dans l’expérience de la Communauté catholique Shalom, le disciple parcourt un itinéraire de formation systématique et orante, au niveau personnel et communautaire, se rapportant aux Écritures Saintes à la lumière de la Tradition vivante de l’Église selon l’orientation de Son Magistère. Il alimente ainsi son intelligence et son coeur, et la Parole de Dieu devient la force puissante qui transforme sa vie, au niveau personnel, communautaire et social, le poussant de manière urgente à la mission. Nous sommes convaincus qu’en réalité, nous avons la pleine compréhension de la Parole de Dieu quand, par la force de l’Esprit, nous la mettons en pratique dans notre vie quotidienne et nous la partageons avec les autres. La Parole accueillie et transmise avec foi fait du disciple un témoin.
Il est impressionnant de voir comment le contact avec le témoin, alimenté par la Parole, par la prière et par l’Eucharistie, peut se transformer en une expérience avec le Christ lui-même, dans une rencontre capable de changer la vie.
Aujourd’hui, nous contemplons une multitude qui souffre de faim et de soif de la Parole de Dieu. Ces visages nous interpellent à aller à leur rencontre et, en témoins passionnés, avec parresia et créativité, leur faire aimer et connaître en profondeur la Parole qui s’est fait chair! Telle est notre unique réponse. Merci.
[00224-03.03] [UD001] [Texte original: italien]
– Mme Ewa KUSZ, Présidente de la Conference Mondialedes Institus Séculiers (C.M.I.S.) (ITALIE)
Dans le cadre de ce Synode, je représente les Instituts séculiers, dont les membres veulent constituer un signe de l’appartenance illimitée au Christ dans le monde.
Dans mon intervention, je désire insister sur l’homme qui doit accueillir et vivre selon la Parole de Dieu. Pour écouter l’autre – qu’il s’a
gisse de Dieu ou d’un homme – la personne doit avoir fait l’expérience d’être écoutée par quelqu’un. Nous vivons dans un monde dans lequel trop de paroles sont dites sans que personne ne les écoutent parce qu’il est presque impossible de trouver un espace silencieux où pouvoir écouter. Il s’agit d’un monde dans lequel l’homme écoute surtout ses propres besoins et cherche à les satisfaire.
1. Si nous voulons donc faire en sorte que les personnes écoutent la Parole de Dieu, ceux qui la proclament doivent d’abord s’exercer à l’écoute de la Parole. Ils doivent apprendre à écouter Dieu et les hommes. J’estime que la formation au sein des séminaires majeurs, mais aussi la formation permanente des prêtres, ne devrait pas seulement transmettre la connaissance intellectuelle de l’Écriture Sainte, mais aussi trouver le temps pour la rencontre avec Dieu et pour s’exercer à écouter sa Parole. Outre les capacités de communication, il faudrait développer surtout la disponibilité et la capacité à écouter.
2. Le Document de travail encourage les laïcs à « proclamer la Bonne Nouvelle aux hommes dans leurs situations de vie ». Je souhaiterais souligner que cette « proclamation » de la Parole de Dieu de notre part à nous, laïcs, intervient fréquemment de manière silencieuse. Elle a lieu, en effet, au travers du simple témoignage quotidien à la maison, sur le lieu de travail et dans le voisinage. Cet apostolat « silencieux », qui peut être comparé à la fonction du levain, est notre mission principale. Seulement dans un second temps, certains d’entre nous sont animateurs dans les différents cercles bibliques des paroisses ou ailleurs. Je demande donc que les responsables nous fassent plus confiance à nous, laïcs, dans la mesure où nous assurons vraiment dans la vie quotidienne le « service de la Parole » caché. J’estime important que l’expérience des laïcs engagés dans l’Église soit prise au sérieux et que des formes adaptées de « proclamation » soient donc recherchées et trouvées ensemble, puisque, dans la vie, nous sommes les plus proches de ceux auxquels la Parole est proclamée.
[00229-03.03] [UD006] [Texte original: allemand]
– Soeur Jocelyne HUOT, S.F.A., Présidente Générale du Mouvement « Les Brebis de Jésus », Québec (CANADA)
« Je suis le bon Berger, je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Je suis venu pour que mes brebis aient la vie et l’aient en abondance » (Jn 10,14).
Telle est la Parole fondatrice du mouvement d’évangélisation Les Brebis de Jésus (né en avril1985). L’Amour se révèle, l’Amour a soif de nous. Qui donc accueille cette révélation de douceur et de force tout à la fois? L’enfant, parce qu’il a soif d’être aimé. « Me voici Jésus, je suis ta brebis. Par ton Esprit Saint, conduis-moi dans le coeur du Père! ». Cette image biblique du pasteur et de la brebis n’est pas atteinte par la brisure de la relation parent-enfant. Elle offre donc un merveilleux chemin de découverte de l’amour de Dieu pour chacun de nous.
Toute la pédagogie du mouvement s’appuie sur la puissance de la Parole de Dieu. Elle se présente comme une semence de vie, appelée à donner son fruit. Elle demande donc à être accueillie dans un coeur ouvert et attentif. La mise en route de chaque rencontre favorise cette écoute et met en présence de l’Amour.
La Parole de Dieu se présente aussi comme une nourriture amoureusement préparée par le Berger pour sa Brebis. Chaque expérience évangélique est comparable à un repas où la nourriture est offerte à chaque enfant personnellement, partagée et mangée dans une atmosphère de joie et de communion.
Enfin, la Parole de Dieu se présente comme une lumière d’amour. En même temps que l’intelligence est éclairée, le coeur s’embrase d’un feu nouveau qui porte en lui un souffle missionnaire. Le mouvement grandit par la force du témoignage et dans le mystère de la Croix.
[00230-03.02] [UD007] [Texte original: français]
– Mme Agnes Kam Leng LAM, Présidente de l’Association Catholique Biblique de Hong Kong (CHINE)
1. La Parole de Dieu pour que l’Église guide les personnes d’aujourd’hui dans le monde actuel
L’Église devrait répondre au schéma comportemental quotidien des personnes d’aujourd’hui, en adaptant son mode de présenter la Parole de Dieu, afin que les personnes d’aujourd’hui puissent connaître Jésus Christ, le suivre et trouver leur vie en lui.
– Méthode simple pour un monde complexe. Exemples de méthode simple: récitation, Lectio Divina.
– Lire la Bible c’est comme manger, un mets préparé à la maison avec amour et patience est délicieux, alors que les plats tout prêts n’ont pas de saveur.
– Essayer de vivre aujourd’hui la Parole de Dieu et inviter à participer à la vie et à la mission de la Parole de Dieu.
– Inviter le Saint-Père à ouvrir un blog multilingue pour guider le monde actuel: versets bibliques quotidiens avec des réflexions simples, des textes brefs et beaucoup d’images.
2. La Parole de Dieu pour que l’Église guide les fidèles d’aujourd’hui
Formation biblique pour les laïcs
– Formation à l’écoute attentive de la Parole de Dieu: « Lire la Bible, entrer dans le coeur du Seigneur » (soeur Maria Ko, FMA; cf. Jn 14,20; Ph 2,5).
– Formation de base pour s’approcher au Livre de la Bible, incluant la formation sur son mode de lecture: attention portée plus sur le contenu que sur l’exégèse.
– Instruments indispensables pour la connaissance biblique de base.
– En vue de la demande de diffusion, retour, variété et influence sur la vie, essayer de stimuler chez les laïcs un intérêt stable pour la lecture de la Bible à l’aide d’un programme biblique de base suffisamment long, afin que les fidèles puissent s’habituer à se mettre au service de la Parole de Dieu.
Encourager des groupes de lecture de la Bible
– Les laïcs ont besoin d’une expérience communautaire ou d’un guide à la lecture et au partage de la Bible.
– Mettre l’accent sur les capacités et l’habilité dans le partage de la Bible.
– La formation au Ministère de pastorale biblique pour ceux qui facilitent la lecture de la Bible ou les groupes de partage, y compris le développement de méthodes de partage de la Bible, devraient être réalisés sur mesure à partir de la situation locale ou pour y répondre.
Je propose d’adopter la « méthode simple pour un monde complexe ».
[00231-03.04] [UD008] [Texte original: anglais]
– Mme Teresa Maria WILSNAGH, Directrice Régionale de la Fondation Biblique Catholique, « Catholic Bible Foundation » (C.B.F.), Cape Town, Durban, Johannesburg (AFRIQUE DU SUD)
Peu nombreux sont ceux qui connaissent la Fédération Biblique Catholique qui célébrera son 40e anniversaire l’année prochaine. La FBC est engagée dans l’apostolat de la pastorale biblique par l’intermédiaire de ses membres présents dans le monde entier. Au sein de la FBC, il existe un solide réseau de soutien entre les membres concernant les différents moyens de porter l’Écriture à tous.
En Afrique du Sud, nous avons développé, de manière créative, différents programmes permettant de porter la Bible à tous de manière stimulante.
Le mot « formation » ne me plaît pas beaucoup. Je préfère le mot « autoriser ». Nous offrons aux personnes de tous les âges – des plus jeunes aux moins jeunes – une rencontre avec la présence vivante de Dieu/Jésus dans la Bible. Nombreux sont ceux qui ont peur d’ouvrir leur Bible et nous leur montrons qu’ils sont de toute manière toujours les bienvenus; Dieu nous parle dans la vie quotidienne, Dieu nous parle au travers des autres et Dieu nous parle à travers Sa Parole.
J’estime impossible de partager l’Écriture avec d’autres si, auparavant, je ne me la suis pas appropriée, si je ne l’ai pas intériorisée et écoutée! L’observation suivante a été faite au cours du Synode: nos vies sont un témoignage réciproque; ce que nous faisons est beaucoup plus puissant que ce que nous disons!
Nos programmes comprennent des méthodes simples d’étude de
la Bible, de partage et de prière. Nous montrons aux personnes qu’il n’est pas nécessaire d’être un chercheur pour entendre parler Dieu. Dans la Lectio divina, elles voient comment elles peuvent reprendre le texte plusieurs fois; comment lire, réfléchir et répondre au message que Dieu leur transmet par l’intermédiaire d’un texte spécifique.
Nous les invitons à partager avec les jeunes de manière créative – par exemple au moyen de chants, de représentations, de marches de protestation etc. – leur compréhension d’un texte spécifique. Une Lectio divina simple destinée aux jeunes a même été développée.
Les personnes sont encouragées à utiliser la lecture évangélique du dimanche suivant de manière à ce que, quand ils participent à la Messe, ils aient déjà dédié un peu de temps à la Parole. Dieu leur parle de nouveau quand la Parole est proclamée et quand elle est expliquée dans l’homélie.
Nous avons rencontré des personnes qui ne savent ni lire ni écrire mais qui sont parvenues à apprendre des passages par coeur; leur amour envers la Parole est puissant. Nous avons eu la possibilité, quand le temps nous en a été accordé durant la Messe, au moment de l’homélie, de présenter notre programme aux paroissiens. Comme nous le savons, pour la majeure partie d’entre eux, la Messe représente la seule rencontre avec les Écritures et nombreux sont ceux qui parcourent de longues distances à pied pour pouvoir célébrer l’Eucharistie et la Parole.
Nous faisons en sorte que les personnes soient en mesure de prendre les Écritures et de les faire leurs; nous les rendons capables de porter l’Écriture aux autres en leur enseignant nos méthodes, de manière à ce que la Parole puisse connaître une diffusion encore plus grande!
La Parole de Dieu est puissante, elle est capable d’accomplir toute chose pour laquelle elle a été envoyée. Il suffit de l’accueillir dans la foi!
[00232-03.03] [UD009] [Texte original: anglais]
– M. Amel Diockel SARR, Catéchiste de l’Archidiocése de Dakar (SÉNÉGAL)
Je suis à ce synode en tant que catéchiste auditeur, proposé au Saint-Siège par Son Éminence le Cardinal Théodore Adrien SARR, Archevêque de Dakar, pour ces assises. Notre intervention porte sur la Parole de Dieu certes, mais nous croyons que nous ne pouvons pas nous prononcer sur cette Parole sans faire allusion à ceux qui vous aident de façon particulière à véhiculer le message du Seigneur : nous, les catéchistes.
En nous inspirant de la Vérité: « Jésus Verbe ou Parole de Dieu par Excellence », nous disons souvent aux catéchistes que nous formons, qu’à force d’annoncer l’Évangile (ou la Parole de Dieu), en actes surtout, le Catéchiste devient lui-même évangile ou parole, c’est-à-dire un modèle.
Cela veut dire que le Catéchiste, lui-même initié dans l’Église et déjà formateur, doit être le premier à respecter la Parole de Dieu et à vivre ce qu’il enseigne ; il doit être son propre catéchiste.
En pédagogie catéchétique, nous disons encore qu’on n’enseigne pas seulement la catéchèse entre quatre murs. L’enseignement doit se poursuivre dans la cité par le témoignage.
Les catéchistes ont fait partie des « pionniers » durant la première évangélisation dans plusieurs pays. Imprégnés de nos différentes cultures, en lien avec l‘Évangile, ils ont été et demeurent les collaborateurs incontournables dans la traduction et la transmission de la Parole de Dieu.
De ce fait, si nous avons pris la parole, c’est pour vous demander, chers Pères synodaux, une plus grande attention et soutien pour leur formation et leur ministère.
Très Saint-Père, de la part de tous les catéchistes, je vous souhaite longévité et une très bonne santé en vue de la mission. Nous prions toujours pour vous, en union avec nos Évêques et nos prêtres.
[00234-03.02] [UD011] [Texte original: français]
– M. Daniele BOSCARO, Guide-Chef de l’Association « Guide et Scouts Catholiques Italiens »(A.G.E.S.C.I.), Padove (ITALIE)
Le scoutisme compte, parmi ses spécificités: le contact avec la nature, le primat de l’éducation à travers l’expérience, l’esprit de communauté et le service aux frères. Il peut se décliner: dans la recherche des traces de la Parole de Dieu qui se trouvent dans le monde créé, dans la capacité de relire sa propre histoire comme histoire de salut, dans le partage de la vie avec les frères et le choix de les servir. L’optique de référence est qu’il ne peut y avoir d’éducation globale de la personne sans une proposition de foi qui lui soit intégrée.
D’après notre expérience, il s’avère urgent que la Parole de Dieu engage la personne tout entière, passant de la tête au coeur, pour engager existentiellement les personnes dans leurs décisions fondamentales qui concernent leur être avant le faire. Cela signifie travailler sur une intégration entre Foi et Vie qui soit capable d’offrir une approche au texte biblique dans la perspective de la pleine réalisation de l’homme: aujourd’hui, Dieu et bonheur sont souvent perçus par les jeunes générations comme étant séparés, alimentant d’illusoires tentatives d' »autosalut ». On peut, à la tête et au coeur, ajouter les mains: elles mettent en lumière la nécessité d’une foi qui trouve son accomplissement naturel dans le service au prochain, ainsi la foi sera racontée dans l’agir.
Il ressort combien une relation personnelle avec le Vivant est d’une nécessité primordiale, et pour cela repartir de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Des parcours kérygmatiques et catéchétiques, surtout s’ils sont soutenus par un accompagnement personnel, sont capables de conduire à une relecture de l’histoire du salut en référence à sa propre histoire personnelle. Pour cela, partant de la centralité de la Sainte Écriture, peuvent être d’utilité des approches au texte qui arrivent à des dimensions plus intérieures de la personne en utilisant des techniques actives (dramatisation, expression corporelle, jeu).
Sur les jeunes, le point central est qu’ils représentent les chrétiens adultes de demain et, en fonction de la présence de la Parole de Dieu dans la période des choix fondamentaux de vie, ils la conserveront et seront Église vivante et passionnée!
Sur les laïcs et la définition de « géant dormant » entendue dans cette salle: le terme « géant » révèle la force et la visibilité qu’ils peuvent être pour l’Église, mais aussi la nécessité d’espace pour se mouvoir. L’être « dormant » met en évidence la nécessité d’un appel pour se réveiller et, probablement le temps pour se préparer et organiser le programme des choses à faire.
[00235-03.04] [UD012] [Texte original: italien]
– Soeur M. Clare MILLEA, A.S.C.J., Supérieure Générale des Apôtren du Sacré- Coeur de Jésus (ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE)
Le Document de travail, avec ses sept références spécifiques à la vie consacrée et ses trois références à la vie communautaire, invite clairement nos congrégations et chacun d’entre nous personnellement à contribuer à cet événement ecclésial. En tant que religieux, suivre le Christ est, comme nous l’enseigne l’Évangile, notre règle suprême, et l’union à Dieu au travers de la profession des conseils évangéliques est notre raison d’être (Perfectae Caritatis 2a; e).
Les fondateurs et fondatrices des congrégations religieuses ont été illuminés par une étincelle de la Parole de Dieu que l’Esprit Saint a allumée dans leur coeur, afin que chaque charisme et chaque Règle jaillisse de cette Parole et en soit une expression (cf. CIVCSVA, Repartir du Christ, 24).
Le charisme de la Servante de Dieu Clelia Merloni, fondatrice des Apôtres du Sacré Coeur de Jésus, plonge ses racines dans le Coeur de Jésus transpercé sur la croix pour le salut du monde (cf. Jn 19, 34). Elle exhorte ses filles à apporter à tous la Parole qui illumine, la foi qui sauve, l’exemple qui convainc, le sacrifice de soi qui rachète et l’amour infini et miséricordieux qui jaillit du Coeur de Jés
us.
À l’occasion de la préparation et de la célébration de ce Synode, bon nombre de nos communautés locales se sont engagées de nouveau sur le chemin de la Lectio divina personnelle et communautaire et cherchent des manières de promouvoir la lecture orante des Écritures parmi les personnes qu’elles servent, en particulier chez les jeunes.
Nous avons également lancé une campagne de solidarité, au niveau de la congrégation, afin de fournir des Bibles aux plus jeunes et aux familles qui ne peuvent pas se la permettre et qui sont disposés à apprendre à lire et à prier l’Écriture avec nos Soeurs.
Des Apôtres provenant de 13 pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique, d’Amérique du Nord et du Sud ont partagé avec moi leurs expériences de transformation personnelle à travers la puissance de la Parole, y compris dans la vie de non chrétiens.
Nous sommes reconnaissantes pour l’encouragement et la prière que ce Synode a exprimé à nous tous qui avons choisi de suivre le Christ suivant les conseils évangéliques. Nous vous promettons notre fidèle et affectueuse obéissance ainsi que notre collaboration joyeuse dans le cadre de la grande mission évangélisatrice de l’Église.
[00236-03.03] [UD013] [Texte original: anglais]
– Soeur M. Viviana BALLARIN, O.P., Supérieure Générale des Soeurs Doménicanes de Sainte Catherine de Siéne, Présidente de l’Union des Supérieures Majeures d’Italie (U.S.M.I.) (ITALIE)
Je me réfère aux n° 25 et 52 du Document de travail.
Il existe un lien mystérieux et très étroit entre la Parole et la femme.
C’est l’expérience d’une multitude de femmes consacrées qui, appelées par leur nom, n’ont pas résisté au charme de cette Parole divine prononcée dans leur vie, de femmes qui, avec la sollicitude de Marie, courent sur les sentiers de multiples histoires humaines en portant en leur sein la Parole et en l’offrant à ceux qui ont faim et soif de vérité, à tous, y compris à ceux qui ne savent pas qu’ils la cherchent. Des femmes conscientes et heureuses d’offrir leurs énergies afin que l’espérance, l’amour, la dignité, la tendresse et la beauté puissent habiter dans tout coeur humain.
Dans une société orpheline et repliée sur elle-même, les femmes consacrées deviennent une exégèse vivante de la Parole de Dieu qui continue à se faire chair dans le concret de leur vie livrée, itinérante, jalonnée de bonnes oeuvres, totalement dévouée, parfois jusqu’au martyre.
Et elles le sont pour tous, y compris pour ceux qui ne les reconnaissent pas ou pour ceux vers lesquels il est difficile et dangereux d’aller, ceux vers lesquels, souvent, on évite d’aller. Elles arrivent jusqu’aux replis les plus cachés de l’existence humaine, jusqu’aux espaces ou aux situations dans lesquelles on ne peut guère prononcer d’homélies, où l’on ne peut que crier avec la force d’un silence qui se fait présence et accompagne, action et service, caresse qui prend soin.
Une multitude de femmes consacrées/religieuses inlassables témoins, dispensatrices de la Parole de Dieu qui est père et mère. Elles vivent entre les bancs de l’école et dans les prisons, entre les lits d’hôpital et dans les rues aux côtés des drogués, des sidéens, des femmes exploitées à des fins de prostitution, des personnes âgées et des enfants victimes d’abus, des familles détruites ou sans abri et sans travail, des malades de tout genre, une tendre présence à tous les coins de la terre. Cette multitude de femmes infatigables dispensatrices de la Parole avec des mains et des coeurs de mères, représentent le visage de l’Église mère, elles sont son sein fécond, l’espace dans lequel Dieu peut rencontrer l’homme et l’homme son Dieu.
Que ce visage et ce coeur de mère, reflet d’un Amour passionné qui cherche ses fils, puisse être exprimé de manière efficace dans le document final du Synode sur la Parole de Dieu et plus encore dans les paroles quotidiennes de l’Église elle-même.
[00238-03.03] [UD015] [Texte original: italien]
– Mme Natalja FEDOROVA BOROVSKAJA, Professeur près l’Universitè d’État Humaniste Russe; Professeur près l’Accadémie Russe des Beaux Arts (FÉDÉRATION RUSSE)
Je suis professeur d’histoire de l’art et mon intervention porte donc sur le n. 22 du Document de travail, où l’art est indiqué comme « un témoignage fécond de lecture spirituelle » de la Bible. Nous venons d’écouter les belles réflexions des évêques de Roumanie et d’Allemagne sur le rôle de l’art dans nos approches de l’Écriture Sainte. Pour moi, l’art chrétien, et en particulier les icônes russes et les peintures de la Renaissance italienne, sont devenues un chemin dans l’espace de la vie de Dieu. Je suis née en URSS, le pays de l’athéisme d’État. Je n’ai jamais pensé à Dieu et personne ne m’a jamais parlé de Lui, à part les oeuvres d’art, la musique et la littérature.
Aujourd’hui, j’enseigne l’histoire de l’art. La question principale que je me pose est: quels sont les méthodes et quel est le concepts éducatifs qui peuvent aider mes étudiants à rencontrer l’amour de Dieu au travers de leurs études. Et il est évident qu’ils trouveront leur Père seulement dans la mesure où je serai capable de demeurer dans l’espace de Sa Parole. Mais comment y demeurer, dans un cours ou dans un séminaire, alors qu’il faut prendre des décisions sur des questions professionnelles concrètes? Dans cette situation, trois aspects sont importants:
1. Accueillir dans son coeur l’oeuvre d’art comme une prière du peintre. Enseigner à comprendre que l’on demeure dans l’atmosphère de cette prière comme un prêtre dans la prière éternelle du Christ pour sa célébration liturgique.
2. Étudier l’histoire de l’art avec une attention spirituelle, en cherchant de lire son symbolisme religieux profond. Je considère que l’Église doit constamment prier pour tous les maîtres et les historiens de l’art, parce que la vie de l’art dans le monde est l’histoire sacrée de la miséricorde de Dieu.
3. Regarder la personne de l’artiste à la lumière de l’amour de Dieu. Nous voyons que, souvent, la biographie de l’artiste est un chemin de croix, et que le contenu de la croix comprend ses péchés, ses erreurs et ses tentations, qui sont malheureusement trop bien connues. Tous les peintres n’ont pas mené la vie de Fra Angelico. Pourquoi, malgré les sombres circonstances de leur vie, ont-ils su créer leurs oeuvres d’un niveau spirituel élevé ? Le concept de ces phénomènes n’est pas seulement scientifique. C’est une histoire de l’art vue comme histoire de la Parole de Dieu, l’histoire du salut pour laquelle le Verbe éternel – Jésus Christ – est disposé à souffrir, à être crucifié et à mourir dans l’âme de tous les peintres pour la croissance de son talent, qui a été créé par le Père comme langage de son fils préféré.
[00239-03.03] [UD016] [Texte original: anglais]
– Mme Silvia SANCHINI, Présidente Nationale Feminine de la Fédération Catholique Universitaire Italienne (F.U.C.I.) (ITALIE)
Deux considérations fondamentales : l’importance de la Parole dans la vie des jeunes et le lien entre Parole et vie, et donc entre Parole et étude. La Parole peut et doit être une véritable lampe sur le chemin des jeunes, dans le discernement et la compréhension de leur vocation, surtout à cette époque difficile caractérisée par ce que le Pape a défini comme une « urgence éducative », marquée par de nouvelles formes de mal-être et de violence. L’étude également peut aider à découvrir l’importance de l’écoute et l’importance de vivre la Parole. Évangile et culture, foi et intelligence ne sont en effet pas antithétiques. Elles peuvent même s’alimenter l’une l’autre et favoriser la formation d’une conscience mûre et croyante.
Je suggère qu’on réfléchisse à des propositions sérieuses et de qualité pour favoriser la rencontre des jeunes avec la Parole. Avant toute chose, l’expérience de la Lectio divina, pour la prière personnelle et communautaire mais également des journées et des se
maines d’études bibliques adressées aux jeunes, de préférence en collaboration avec les communautés monastiques. En souhaitant que davantage de jeunes redécouvrent le primat et la centralité de la Parole dans leur vie.
[00241-03.02] [UD018] [Texte original: italien]
Traduction de travail distribuée par la secrétairerie générale du synode