Synode : Synthèse des interventions du lundi 13 octobre (matin)

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ROME, Mardi 14 octobre 2008 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous la synthèse des interventions prononcées au synode des évêques sur la Parole de Dieu, le lundi 13 octobre, dans la matinée (douzième congrégation générale).

* * *

À cette douzième congrégation générale sont intervenus les Pères suivants:

– S.Em. le Card. Peter Kodwo Appiah TURKSON, Archevêque de Cape Coast, Président de l' »Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique de l’Ouest » (A.C.E.A.O.) (GHÂNA)
– S.Exc. Mgr Anton LEICHTFRIED, Évêque titulaire de Rufiniana, Évêque auxiliaire de Sankt Pölten (AUTRICHE)
– S.Em. le Card. George PELL, Archevêque de Sydney (AUSTRALIE)
– S.Em. le Card. Angelo SCOLA, Patriarche de Venice (ITALIE)
– S.Em. le Card. Stanisław RYŁKO, Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs (CITÉ DU VATICAN)
– S.Exc. Mgr Evarist PINTO, Archevêque de Karachi (PÂKISTÂN)
– S.Exc. Mgr Christo PROYKOV, Évêque titulaire de Briula, Exarque Apostolique de Sofia pour les catholiques de rite byzantin-slaves résidents en Bulgarie (BULGARIE)
– S.Exc. Mgr Freddy Antonio de Jesús BRETÓN MARTÍNEZ, Évêque de Baní (RÉPUBLIQUE DOMINICAINE)
– S.Exc. Mgr Guy-Paul NOUJAIM, Évêque titulaire de Césarée de Philippe, Évêque auxiliaire de Joubbé, Sarba et Jounieh des Maronites (LIBAN)
– S.Em. le Card. Renato Raffaele MARTINO, Président du Conseil Pontifical « Justice et Paix »; Président du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des personnes en déplacement (CITÉ DU VATICAN)
– S.Exc. Mgr Joseph AKÉ, Évêque de Yamoussoukro (CÔTE D’IVOIRE)
– S.Em. le Card. Jean-Louis TAURAN, Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux (CITÉ DU VATICAN)
– S.Exc. Mgr Walmor OLIVEIRA DE AZEVEDO, Archevêque de Belo Horizonte (BRÉSIL)
– S.Em. le Card. Odilo Pedro SCHERER, Archevêque de São Paulo (BRÉSIL)
– S.Em. le Card. Seán Baptist BRADY, Archevêque d’Armagh, Président de la Conférence Épiscopale (IRLANDE)
– S.Exc. Mgr Thomas MENAMPARAMPIL, S.D.B., Archevêque de Guwahati (INDE)
-S. Exc. Mgr Faustino ARMENDÁRIZ JIMÉNEZ, Évêque de Matamoros (MEXIQUE)
– Très Rév. P. Joseph William TOBIN, C.SS.R., Supérieur Général de la Congrégation du Très Saint Rédempteur
– S.Em. le Card. Agostino VALLINI, Vicaire Général de Sa Sainteté pour le Diocése de Rome (ITALIE)
– S.Exc. Mgr Freddy Jesús FUENMAYOR SUÁREZ, Évêque de Los Teques (VENEZUELA)
– S.Exc. Mgr Fulgence MUTEBA MUGALU, Évêque de Kilwa-Kasenga (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)
– S.Exc. Mgr Diarmuid MARTIN, Archevêque de Dublin (IRLANDE)
– S.Exc. Mgr Stanisław GĄDECKI, Archevêque de Poznań (POLOGNE)
– S.B.Em. Card. Nasrallah Pierre SFEIR, Patriarche d’Antioche des Maronites, Chef du Synode de l’Église Maronite (LIBAN)
– S.Em. le Card. Godfried DANNEELS, Archevêque de Mechelen-Brussel, Président de la Conférence Épiscopale (BELGIQUE)
– S.Exc. Mgr Patrick Daniel KOROMA, Évêque de Kenema (SIERRA LEONE)
– S.Exc. Mgr Evaristus Thatho BITSOANE, Évêque de Qacha’s Nek, Président de la Conférence Épiscopale (LÉSOTHO)
– S.Exc. Mgr Antony DEVOTTA, Évêque de Tiruchirapalli (INDE)
– S.Em. le Card. Ivan DIAS, Préfet de la Congrégation pour l’Evangelisation des Peuples (CITÉ DU VATICAN)

Nous publions, ci-dessous, le résumé de leurs interventions (traductions de travail distribuées par la secrétairerie générale du synode).

– S.Em. le Card. Peter Kodwo Appiah TURKSON, Archevêque de Cape Coast, Président de l' »Association des Conférences Épiscopales de l’Afrique de l’Ouest » (A.C.E.A.O.) (GHÂNA)

Dans cet hymne, nous professons notre foi en la présence de Jésus dans le pain de l’Eucharistie et nous l’adorons. Tout en affirmant la présence du Christ dans le pain de l’Eucharistie, l’hymne affirme aussi qu’elle est cachée par le même pain de l’Eucharistie qui la révèle. Notre affirmation de la présence réelle de Jésus dans le pain de l’Eucharistie se fonde sur une autre conviction, à savoir que, dans l’épiclèse, au cours de la Messe, le pain devient, par le pouvoir de l’Esprit Saint, le corps du Christ. Donc, dans l’Eucharistie, le pain révèle une réalité (la personne du Christ) mais, ce faisant, la personne de Jésus fait du pain eucharistique un signe de sa présence. La présence eucharistique de Jésus est assurée, alors, par l’intermédiaire du pain de l’Eucharistie, elle est inséparable de lui.
Cela est valable aussi pour les Écritures (la Bible)! En effet, les Écritures sont elles aussi inspirées (2Tm 3, 16). Et grâce au pouvoir de l’Esprit Saint, elles peuvent exprimer et révéler Jésus, le Verbe éternel de Dieu.
Les Écritures: les paroles et l’oeuvre de Moïse et des scribes dans les sanctuaires et dans les cours, les paroles et les écrits des prophètes, les enseignements et les écrits des prêtres dans les sanctuaires et dans les temples, les oeuvres des sages, les lettres de Paul, de Jacques et Jean, les Évangiles des évangélistes etc. toutes ces oeuvres des hommes (êtres humains) ont été insufflées (inspirées) par l’Esprit Saint afin de devenir Parole de Dieu. Tout en ne perdant pas les limites et les imperfections de leurs auteurs, les limites de leurs cultures et de leurs points de vue, des langues etc., ces écrits sont inspirés par l’Esprit Saint pour devenir la Parole de Dieu. Dès lors, lorsque les Écritures, grâce à l’inspiration et au don de la foi, révèlent la personne de Jésus, Parole éternelle de Dieu, en tant qu’oeuvres d’hommes, elles la dissimulent également: tel est l’aspect sacramentel de la nature des Écritures. Elles ont un caractère de signe, qui pousse le lecteur à aller au-delà des paroles afin de discerner dans la foi la personne de Jésus.
Reconnaître cela implique d’importantes conséquences pour notre lecture des Écritures:
la vérité des Écritures est, assurément, la vérité d’une personne, Jésus;
cette vérité est à la fois accessible et inaccessible aux personnes, et pour y accéder, la foi est nécessaire;
la recherche de la signification et de la vérité des Écritures ne peut se limiter au signe de la parole et au sens littéral des Écritures;
bien qu’elles aient un caractère de signe, puisque les Écritures sont inspirées pour être l’intermédiaire de la présence de la Parole de Dieu, elles sont uniques, irremplaçables, dignes d’être respectées et d’être prises au sérieux. C’est, en fin de compte, la raison du grand intérêt pour le signe des Écritures et des études critiques le concernant.

[00204-03.03] [IN176] [Texte original: anglais]

– S.Exc. Mgr Anton LEICHTFRIED, Évêque titulaire de Rufiniana, Évêque auxiliaire de Sankt Pölten (AUTRICHE)

Je me réfère principalement au n. 27 et au n. 37 du Document de travail. Et je me demande: de quelle manière la « table de la Parole de Dieu » peut, maintenant qu’elle s’est considérablement enrichie grâce à la réforme liturgique, nourrir les fidèles?
1) Les lectures bibliques dans nos célébrations
Les textes de l’Écriture Sainte semblent être comme étrangers pour un grand nombre de fidèles. Permettez-moi de faire une comparaison superficielle: comme lorsque nous nous trouvons à la gare et que passe devant nous un train à toute vitesse. De la même manière, les lectures de l’Écriture Sainte passent, parfois, rapidement devant les yeux et les oreilles des fidèles, sans que ceux-ci puissent prendre le train et voyager. D’où la question: dans quelle mesure prenons-nous au sérieux l’Écriture Sainte? Réponse: choix attentionné des personnes pour le service des lectures. Préparation soignée des textes de l’Écriture Sainte.
2) L’importance de l’homélie
Heureusement, maintenant l’homélie est devenue habituelle, en conséquence la prédication aussi sous forme d’explication de l’Écriture. En faisant abstraction du génie littéraire, au moins 3 ten
dances, ou risques, émergent à ce propos:
a) L’homélie n’est plus qu’un récit avec les mots propres au texte biblique, une répétition, un redoublement.
b) L’homélie n’est qu’une répétition de la vie de tous les jours, une répétition et une réitération, sans la lumière de l’Évangile.
c) L’homélie n’a rien à voir ni avec l’Évangile, ni avec la vie quotidienne. L’initiative, louable en soi, d’aller puiser aux écrits des prédications, est reprise mot à mot. Il manque le témoignage personnel.
Les lectures bibliques de la messe du dimanche ont une importance particulière. Ma petite proposition pour les fidèles est la suivante: lire à l’avance l’Évangile du dimanche, ne serait-ce que pour une minute.
Conclusion: La grande responsabilité et l’opportunité de l’homélie: grâce à elle, les fidèles doivent pouvoir vivre pendant une semaine! Pour l’Évangile du Christ, nous voulons dépenser nos meilleures énergies. Pour cette raison, nous, les prédicateurs, nous devons bien nous préparer: avec la prière, avec la discussion exégétique et théologique – et à travers la vie de tous les jours en suivant l’exemple de l’Évangile.

[00205-03.04] [IN174] [Texte original: allemand]

– S.Em. le Card. George PELL, Archevêque de Sydney (AUSTRALIE)

Les Évêques sont appelés à aplanir la route à l’Esprit afin qu’il puisse agir de manière efficace lorsque la Parole de Dieu rencontre les individus et les communautés. D’où les suggestions suivantes:
1. La formation d’équipes de jeunes adultes laïcs pour témoigner le Christ au sein des groupes de jeunes, des paroisses, des écoles et des universités.
2. Le développement d’équivalents contemporains de ce que furent les Mystères médiévaux afin d’apporter la Parole de Dieu aux personnes. Les chemins de croix des Journées mondiales de la Jeunesse de Sydney et de Toronto en constituent deux exemples, tout comme Oberammergau et le film « La Passion du Christ ».
3. Développer et soutenir les réseaux sociaux catholiques en ligne sur Internet, tel que XT3, le Christ pour le Troisième Millénaire (wwww.xt3.com), un « facebook » catholique, avec au moins 40 000 membres, lancé lors de la Journée mondiale de la Jeunesse de Sydney. Sa Sainteté le Pape Benoît a adressé un bref message aux usagers le 8 septembre.
4. Le développement d’un Institut central pour la Traduction de la Bible, de manière à ce que cette dernière puisse être traduite plus rapidement et plus soigneusement dans les langues locales en Asie, en Afrique et en Océanie. Une collecte permettant de financer ce travail de traduction serait utile.
5. Demander à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de donner des lignes directrices sur l’infaillibilité des Écritures.

[00207-03.04] [IN173] [Texte original: anglais]

– S.Em. le Card. Angelo SCOLA, Patriarche de Venice (ITALIE)

Dei Verbum, 25, exhorte tous les fidèles pour « qu’ils approchent donc de tout leur coeur le texte sacré lui-même par une pieuse lecture « per piam lecturam » » reliée à la prière: « pour que s’établisse un dialogue entre Dieu et l’homme ». La pieuse lecture des Écritures ne peut se limiter ni à l’étude pure et simple, ni à la réaction immédiate. Il s’agit d’une relation personnelle avec le Seigneur, car « il est possible de lire la Bible sans avoir la foi, mais sans la foi il est impossible d’écouter la Parole de Dieu » (IL 26a). La pieuse lecture reconnaît que l’Écritures Sainte est un témoignage inspiré et normatif de la Révélation. La racine du témoignage de l’Écriture est Jésus Christ lui-même, le témoin fidèle de l’alliance de Dieu avec les hommes. Ainsi, l’Écriture ne peut être comprise d’une manière adéquate que par le témoin. Aussi, pour être pieuse, la lecture de l’Écriture doit passer de Témoin à témoin. La catégorie du témoignage met au premier plan le sujet ecclésial (personnel et communautaire) de la pieuse lecture. Telle est la voie du réalisme qui évite toute dérive fondamentaliste et intellectualiste, des risques de lecture qui font abstraction du témoignage de l’Église, lieu de l’écoute croyante de la Parole. Cette compréhension de l’Écriture garantit le caractère authentique de l’expérience chrétienne mais réclame une communion ecclésiale vécue quotidiennement.

[00104-03.06] [IN083] [Texte original: italien]

– S.Em. le Card. Stanisław RYŁKO, Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs (CITÉ DU VATICAN)

Un des plus précieux fruits du Concile Vatican II a, sans aucun doute, été la plus grande diffusion de l’Écriture Sainte et la connaissance plus approfondie que le peuple de Dieu en a acquise, selon les orientations théologiques et pastorales données par la constitution dogmatique Dei Verbum. Ce qui a signifié aussi la redécouverte du munus propheticum comme dimension essentielle de l’identité du fidèle laïc (cf. Lumen gentium, n.35).
La redécouverte de la place de la Parole de Dieu dans la vie des baptisés a, ensuite, été spécialement favorisée par des mouvements ecclésiaux et des nouvelles communautés. En effet, les charismes que l’Esprit Saint a suscités avec tant de prodigalité dans notre temps, comme réponse adéquate aux défis que le monde lance à la mission de l’Église, ont donné lieu à des parcours pédagogiques et des chemins d’initiation chrétienne – centrés précisément sur la Parole de Dieu lue, méditée, célébrée et annoncée (kerygme) -, qui se révèlent être d’une extraordinaire efficacité. Pour une grande quantité de laïcs, de mouvements et de nouvelles communautés, ils sont donc devenus de véritables « laboratoires de la Parole de Dieu » au sein desquels on se familiarise avec les Saintes Écritures, on apprend à apprécier la Parole de Dieu et à la vivre dans les conditions ordinaires de la vie laïque, au coeur du monde.
Pour le rapport des baptisés avec la Parole de Dieu, un autre grand signe d’espérance vient des nouvelles générations. Les Journées mondiales de la jeunesse ont donné, et continuent à le faire, une importante contribution à la diffusion de la connaissance de la Parole de Dieu chez les jeunes. Dans son Message pour la Journée mondiale de la Jeunesse 2006, Benoît XVI écrivait aux jeunes: « Construire votre vie sur le Christ, en accueillant avec joie sa parole et en mettant en pratique ses enseignements: jeunes du troisième millénaire, tel doit être votre programme! ».

[00105-03.06] [IN084] [Texte original: italien]

– S.Exc. Mgr Evarist PINTO, Archevêque de Karachi (PÂKISTÂN)

Le prophète Amos parle de la faim d’entendre la Parole de Dieu (Am 8, 11). De nombreux catholiques ont aujourd’hui faim et soif de la Parole de Dieu. Dans notre pays, le Pakistan, plus de 60% de la population est analphabète; par conséquent, même s’ils ont très envie d’entendre la Parole de Dieu, ils ne peuvent pas lire la Bible. D’autre part, beaucoup de personnes obtiennent d’excellents résultats dans le cadre académique mais sont illettrées en ce qui concerne la Parole de Dieu. Bon nombre de nos fidèles, y compris des prêtres et des personnes consacrées, sont des experts en sujets séculiers mais sont incapables de transmettre la sublime connaissance de la Bible à des personnes qui ont faim et soif de la Parole de Dieu.
Il est encourageant de savoir que les personnes les plus modestes, qui sont aux prises avec la pauvreté et le chômage, ont faim de l’espérance et de la consolation que la Parole de Dieu peut leur apporter. L’Église offre le Pain de la Vie depuis la table de la Parole de Dieu comme elle offre le Corps du Christ depuis la table de l’Eucharistie (Dei verbum, n. 21).
Nous savons que c’est le premier devoir des Évêques, des Prêtres et des Diacres que d’enseigner et d’instruire le Peuple de Dieu. Comme l’affirme Dei verbum : « Il appartient aux saints évêques de former opportunément les fidèles qui leur sont confiés à un usage judicieux des Livres divins » (n. 25). De même, la connaissance et la familiarité avec la Parole de
Dieu sont aussi de première importance pour les Prêtres et les Diacres, en tant que collaborateurs de l’Évêque.
Les laïcs partagent également la responsabilité d’apporter la Parole de Dieu aux fidèles. Nous rendons hommage aux nombreux mouvements et groupes laïcs dans l’Église qui se sont engagés dans l’étude et l’enseignement de la Bible. Les personnes consacrées ne peuvent rester indifférentes à la faim et à la soif que les personnes simples et pauvres ont de la Parole de Dieu.

[00157-03.02] [IN133] [Texte original: anglais]

– S.Exc. Mgr Christo PROYKOV, Évêque titulaire de Briula, Exarque Apostolique de Sofia pour les catholiques de rite byzantin-slaves résidents en Bulgarie (BULGARIE)

Le Seigneur parle à l’homme dans sa langue. Dans l’Écriture Sainte, chacun se retrouve soi-même. En Bulgarie, depuis la chute du régime athée, en 1989, les personnes ont une véritable faim de Dieu, ils cherchent à le connaître. L’Église fait tout son possible pour les rassasier. Voilà pourquoi ils attendent de ce Synode des indications et des programmes nouveaux, un échange d’expériences non seulement à propos de l’annonce de la Parole de Dieu, mais surtout sur la Parole de Dieu vécue au quotidien. On remarque que la Lectio divina attire les jeunes. Le Christ, Verbe de Dieu, est accepté comme étant le centre de la Révélation et de la foi, mais souvent, les personnes ont des idées confuses en ce qui concerne le rapport existant entre la Tradition populaire et le Magistère. Des difficultés surgissent non seulement du fait d’un manque de connaissance de la foi chrétienne, mais aussi parce que la société dans toutes ses sphères a été entraînée dans le consumérisme et qu’il est vraiment nécessaire de témoigner Dieu au travers d’une vie conforme à Sa Parole. Les fidèles accueillent avec foi la Parole de Dieu, mais on se rend compte de l’importance du témoignage de la vie de famille et de la spiritualité même de la personne qui l’annonce. Il est important que la prédication soit bien reliée à la Parole de Dieu, expliquée de manière accessible et compréhensible à tous. Lorsque les fidèles comprennent bien la Parole de Dieu, ils se sentent fils de Dieu remplis de joie et d’espérance nouvelle. L’exemple pour tous les prédicateurs est Marie, la Mère de Jésus, qui a dit: « Faites ce qu’il vous dira ».

[00158-03.04] [IN134] [Texte original: italien]

– S.Exc. Mgr Freddy Antonio de Jesús BRETÓN MARTÍNEZ, Évêque de Baní (RÉPUBLIQUE DOMINICAINE)

« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… » (Jn 3,16), et tant aimé son Église que, malgré la chair qui attend d’être glorifiée – l’a constituée en tant que Corps du Christ, le Verbe incarné, Parole pour le monde. La Parole écrite dont elle se nourrit et dont elle tire – comme le propriétaire de la maison – du neuf et du vieux (Mt 13,52), est la partie principale du trésor que l’Esprit forma en son sein et que Dieu lui a confié.
L’Écriture est aussi le coeur de l’Église et, bien qu’elle l’ouvre tout grand à tous, il ne lui est pas permis de renoncer au battement propre à sa nature théologique.
Ce saint Synode, où nos sentiers essaient de se réunir au Chemin du Christ, devrait clarifier encore plus qu’il n’est pas possible d’aimer authentiquement la Parole sans aimer la Sainte Mère Église avec intensité comme les saints et les saintes l’aiment.

[00160-03.03] [IN136] [Texte original: espagnol]

– S.Exc. Mgr Guy-Paul NOUJAIM, Évêque titulaire de Césarée de Philippe, Évêque auxiliaire de Joubbé, Sarba et Jounieh des Maronites (LIBAN)

J’ai choisi de parler de deux sujets de l’Instrumentum Laboris
Le premier a trait à la nécessité d’accompagner la lecture de l’Écriture Sainte d’une formation théologique sans laquelle, comme l’ont souligné de nombreux pères, la compréhension de cette Écriture sera étroite ou déformée. L’argumentation rapide, se développe à propos du concept théologique de « Parole» comme nom du Fils de Dieu qui présente une certaine ambiguïté pour les profanes. Un texte de St Ephrem le Syriaque, adressé aux étudiants de son École d’exégèse biblique et au peuple, illustre cette nécessité d’unir lecture de l’Écriture et foi de l’Église.
Le second a trait à l’obstacle que constitue une exégèse idéologique et politique de l’Écriture Sainte, en particulier la question de la terre promise à Israël par Dieu dans la Bible. Certains prennent à la lettre cette promesse pour encore aujourd’hui. Il est urgent que l’herméneutique catholique concernant cette question se fasse claire afin que les croyants concernés puissent recevoir la Bible dans sa totalité et sa vérité.

[00161-03.03] [IN137] [Texte original: français]

– S.Em. le Card. Renato Raffaele MARTINO, Président du Conseil Pontifical « Justice et Paix »; Président du Conseil Pontifical pour la Pastorale des Migrants et des personnes en déplacement (CITÉ DU VATICAN)

Le Cardinal Martino nous a fait part de certains besoins concernant le rapport entre la Parole de Dieu et la Doctrine sociale de l’Église, rapport essentiel à la définition de la nature de cette doctrine, même s’il a besoin d’être approfondi et précisé. Quand l’Église s’adresse à l’homme au travers de sa doctrine sociale, il pense à lui « non seulement à la lumière de l’expérience historique, non seulement avec l’aide des multiples méthodes de la connaissance scientifique, mais en premier lieu à la lumière de la Parole révélée du Dieu vivant ». La foi suscitée par la Parole de Dieu doit donc constituer, comme il a été souligné dans les premiers chapitres du Compendium de la Doctrine sociale, l’horizon toujours présent et indispensable de la doctrine sociale. Le deuxième point signalé concerne le rapport entre l’étude de l’Écriture Sainte et de la doctrine sociale, afin d’éviter des approches erronées et extrêmes. Il faut tenir compte du fait que tant l’étude de l’Écriture Sainte que celle de la Doctrine sociale, tout en employant des concepts et des méthodologies différents, représentent dans tous les cas une connaissance « dans la foi ». Le Cardinal a souhaité une corrélation plus grande et plus féconde entre l’étude de l’Écriture et de la doctrine sociale. Dans l’Écriture Sainte, il est possible de trouver les lignes directrices de la doctrine sociale, comme l’option pour les pauvres, l’engagement en faveur de la justice, le principe de la destination universelle des biens, qui ont de toute évidence une origine biblique.

[00162-03.03] [IN138] [Texte original: italien]

– S.Exc. Mgr Joseph AKÉ, Évêque de Yamoussoukro (CÔTE D’IVOIRE)

Au cours de nos échanges, nous avons porté un regard critique sur nos homélies qui sont fades, qui n’accrochent pas, qui ne tiennent pas en éveil.
Nous avons suggéré des cours de formation en homilétique et la rédaction d’un directoire pour les homélies.
Nous avons raccroché à cela une bonne et solide formation des lecteurs <br> Mais je crois qu’il y a un élément fondamental que nous ne devons pas oublier, ni occulter et qu’il convient de rappeler. Cet élément nous le trouvons dans la rencontre de Jésus et la Samaritaine (Jn 4, 1-42).
Après le témoignage de la Samaritaine qui a conduit ses compatriotes à Jésus, ceux-ci se sont exclamés en ces termes, s’adressant à la femme: « Ce n’est plus à cause de tes dires que nous croyons, nous avons entendu nous mêmes et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde » (Jn 4, 42).
De même l’hagiographe Mt nous rapporte ceci à propos du Centurion debout devant la Croix. Nous ne pouvons pas ne pas évoquer l’expérience fulgurante et bouleversante de Paul sur la route de Damas; rencontre qu’il rappelle à trois reprises dans le livre des Actes. Que s’est-il passé exactement dans le coeur des ces samaritains, de ce Centurion et de ses compagnons, de Paul l’Apôtre des Gentils?
Dans tous les cas le message a touché sa cible; l’objectif est atteint et c’est cel
a l’essentiel.
Voilà à mon humble avis la finalité de toutes nos recherches, nos échanges, nos partages. Amener nos fidèles et ceux qui se laisseront toucher par notre prédication à faire cette expérience personnelle et unique de la rencontre avec Jésus. Il faudrait qu’ils arrivent à ceci. « Je crois non pas parce que j’ai écouté l’homélie de tel Evêque, de tel prêtre charismatique, mais parce que j’ai moi-même rencontré Jésus ». Comment y parvenir ? Quels sont les voies et moyens susceptibles de provoquer, de susciter cette expérience?
L’incamation de la parole exige une rencontre. Quand vous avez rencontré celui qui vous aime parce qu’il est Amour, vous ne pouvez pas ne pas l’écouter et mettre en application ce qu’il vous dit.

[00166-03.04] [IN142] [Texte original: français]

– S.Em. le Card. Jean-Louis TAURAN, Président du Conseil Pontifical pour le Dialogue interreligieux (CITÉ DU VATICAN)

La parole a toujours eu un rôle décisif pour la compréhension du phénomène religieux. Un patrimoine d’expériences spirituelles s’est peu à peu constitué. Il a été transmis et interprété. Ainsi sont nés les « livres sacrés ». Toutes les grandes religions possèdent leurs Livres sacrés. L’Islam, en particulier, est considéré par ses adeptes comme la « religion du Livre » par excellence.
Ces livres sont qualifiés de « sacrés »parce que ceux qui s’y réfèrent considèrent qu’ils viennent d’un Ailleurs, qu’ils ont été transmis par des personnes inspirées et qu’ils révèlent quelque chose du mystère du monde visible et invisible.De ces religions, les chrétiens peuvent apprendre beaucoup, bien que le christianisme ne saurait être inclus dans les « religions du Livre ». Il serait opportun que les futurs prêtres, religieux et les agents pastoraux soient formés à la lecture directe des textes fondateurs des autres religions au lieu de se contenter d’un commentaire.
Mais il est tout aussi important de faire connaître la Bible à nos partenaires du dialogue interreligieux, en particulier notre approche herméneutique du texte sacré.
En partageant nos patrimoines spirituels respectifs, sans irénisme ni syncrétisme, nous serons amenés à découvrir que nous sommes tous des hommes et des femmes désireux d’être enseignés par Dieu.

[00168-03.03] [IN144] [Texte original: français]

– S.Exc. Mgr Walmor OLIVEIRA DE AZEVEDO, Archevêque de Belo Horizonte (BRÉSIL)

La Cinquième Conférence de l’Épiscopat de l’Amérique latine et des Caraïbes, réfléchissant sur les défis de la mission, spécialement par rapport à l’exode de beaucoup de catholiques de l’Église, conclut: « Selon notre expérience pastorale, très souvent les personnes sincères qui laissent notre Église ne le font pas pour ce que croient les groupes ‘non-catholiques’; mais fondamentalement pour ce qu’elles vivent, elles; non pas pour des motivations strictement dogmatiques mais pastorales; non pas pour des problèmes théologiques mais méthodologiques au sein de notre Église. En réalité, beaucoup de ceux qui passent à d’autres groupes religieux ne veulent pas abandonner notre Église, mais sont sincèrement à la recherche de Dieu » (DA 225).
Les sectes représentent vraiment, dans notre contexte et dans d’autres, un énorme défi. Les diverses contributions des Pères synodaux convergent vers une compréhension qui se révèle toujours plus commune: la nécessité d’avoir une étroite connexion entre le mystère célébré et le mystère témoigné, entre la Parole proclamée et écoutée, et la Parole écoutée et faite fructifier. A ce propos, le Saint-Père parle de cette ‘performativité’ de la Parole (cf. Instrumentum Laboris 39).
Il est à noter que les personnes qui remplissent les diverses sectes, dans nos différents contextes, proviennent presque toujours du catholicisme. Il suffit qu’elles passent à ces sectes pour qu’elles changent leur manière de se comporter. Elles assument de dignes comportement moraux, laissant ce qu’elles considèrent indigne de leur nouvelle vie de croyants. Donc, la Parole qu’elles écoutent devient ‘performative’ dans leur vie, alimente leur spiritualité et leur choix pour un témoignage des valeurs religieuses que, à présent, elles intériorisent.
Pourquoi n’étaient-elles pas touchées par la ‘performativité’ de la Parole quand elles étaient catholiques? Qu’ont-elles trouvé dans ces sectes, qu’elles n’avaient pas trouvé auparavant dans nos communautés? Une analyse de la question déborderait assurément le cadre de notre sujet en ce moment.
Le numéro 22 de Dei Verbum nous rappelle que l’accès à la Sainte Écriture doit être largement ouvert aux fidèles. Ce désir aussi sublime, ne peut que nous animer à nous engager pour la réalisation de cet objectif. Par ailleurs, nous sommes, toutefois, interpellés du fait que devant tant de personnes qui ont soif et faim de Dieu et de sa Parole, nous manquons d’apôtres de la Bonne Nouvelles du Christ qui puissent satisfaire les besoins de tant de fidèles.

[00170-03.03] [IN146] [Texte original: italien]

– S.Em. le Card. Odilo Pedro SCHERER, Archevêque de São Paulo (BRÉSIL)

Nous vivons à une époque de grande mobilité humaine: les personnes voyagent, visitent d’autres pays, font des échanges culturels, cherchent du travail et des moyens pour assurer leur subsistance. Le nombre des personnes qui vivent actuellement hors de leur pays natal est impressionnant! Dans de nombreux cas, elles sont victimes de déplacements forcés. Je ne traiterai pas la question pastorale des immigrés proprement dite, je voudrais plutôt indiquer que ce phénomène représente aussi une grande occasion missionnaire pour l’Église. Les immigrés ne devraient donc pas être considérés simplement comme un objet de préoccupation pastorale: ils sont ou bien ils peuvent devenir de véritables missionnaires!
C’est ce qui arriva autrefois, lorsque de nombreux européens de diverses nations émigrèrent en direction de l’Amérique du Sud et du Nord ou vers l’Afrique et l’Océanie. Les familles catholiques précédèrent les prêtres et les religieux; elles furent missionnaires et apportèrent leur foi, en lui donnant une expression dans un nouveau contexte social et culturel. Et c’est ce qui arriva aussi au début du christianisme, quand la communauté de Jérusalem, persécutée après le martyre d’Étienne, se dispersa dans d’autres pays où elle apporta l’Évangile du Christ et fonda des communautés chrétiennes (cf. Ac 8, 4). Avec saint Paul, nous pouvons dire: « La Parole de Dieu n’est pas enchaînée », elle se répand grâce au témoignage du Christ, qu’apportent ceux qui croient (cf. 2Tm 2, 9).
Pour les raisons susmentionnées, je crois que le Synode pourrait recommander en particulier deux choses:
1) Encourager les personnes qui se trouvent en situation de migration ou en voyage à emporter la Parole de Dieu et même le livre de l’Écriture Sainte, conscientes qu’il s’agit d’une richesse qui n’a pas de prix et qui ne connaît pas de limites géographiques ou culturelles, d’un don à vivre dans la nouvelle patrie et à partager avec le peuple qui les accueille.
2) À ceux qui reçoivent les immigrés dans leur lieu de destination, on pourrait recommander d’accueillir avec une attitude positive ces frères, qui proviennent d’autres nations apportant dans leur bagage « la bonne nouvelle », en favorisant leur insertion dans les communautés locales et le partage de leurs expériences de foi et de vie chrétienne.

[00171-03.03] [IN147] [Texte original: italien]

– S.Em. le Card. Seán Baptist BRADY, Archevêque d’Armagh, Président de la Conférence Épiscopale (IRLANDE)

Les participants à une récente rencontre inter-Églises en Irlande étaient invités à se laver réciproquement les pieds tandis qu’ils écoutaient le récit de la Dernière Cène quand Jésus lave les pieds de ses disciples. Cette expérience forte d’un rituel « inter-communion » dans la Parole les amena sur un nouveau plan d’engagement personnel et ecclésia
l.
La contribution de la tradition protestante à l’érudition biblique a été immense. Il est bon de rappeler pour mémoire que l’accent mis par la Réforme sur l’accès aux textes des Écritures fut un « bonus » qui a profité à tous les chrétiens.
Les pasteurs ont besoin d’un préparation adéquate et d’une aide continue pour leur tâche. Nous espérons que les exégètes, les théologiens, et les liturgistes travailleront ensemble pour aider les ministres de la Parole à dire ce que le Saint-Esprit veut que l’Église dise au monde à notre époque.
Les technologies modernes de communication donnent à l’Église de merveilleuses possibilités de transmettre son message aux confins de la terre. Nous espérons que le Synode trouvera des propositions pratiques pour permettre à l’Église de tirer pleinement profit de cette opportunité.
La Parole de Dieu est une réalité imprégnée de la présence de Dieu. La Parole est comme l’Eucharistie, un viaticum – une nourriture pour le voyage de la vie, une nourriture pour le voyage du mariage. Étant donnés les défis particuliers que la famille doit affronter de nos jours, une des choses que nous pourrions apprendre avec profit de la tradition protestante est que, de coutume, chaque foyer possède une Bible que l’on lit souvent en famille.

[00174-03.02] [IN150] [Texte original: anglais]

– S.Exc. Mgr Thomas MENAMPARAMPIL, S.D.B., Archevêque de Guwahati (INDE)

Ma question est d’ordre missionnaire: Comment pouvons-nous apporter la « Parole » à ceux qui ne vont pas à l’Église, à ceux qui n’ont jamais entendu l’Évangile? Comment pouvons-nous trouver des auditeurs dans des contextes informels comme le fit Jésus, et adapter notre message aux différentes cultures comme le fit Paul? Comment pouvons-nous apporter la « Parole » dans les marchés, les hôpitaux, les écoles, les universités, les parlements, les moyens de communication, dans le sport et l’athlétisme: c’est-à-dire dans le monde du commerce, de la politique, de la science, de la bioéthique, des médias, de l’art, du spectacle; dans les lieux les plus sécularisés (cf. Document de travail n.53). Je demande que, là où nous ne pouvons arriver, nous le fassions à travers les autres; que nous demeurions toujours créatifs du point de vue pastoral afin que, là où nos membres ne peuvent arriver, nos idées le puissent; que nous développions nos compétences et mettions au point des stratégies nécessaires pour persuader et convaincre, non pour réfuter et rejeter (IL 57), de sorte que la « Parole » devienne une « histoire dynamique » (IL 10).
Je voudrais aller plus loin. La « Parole » de Dieu doit être apportée dans les situations de conflict, aux jeunes armés, dans les contextes d’injustice et de pauvreté absolue. Nous n’essayons pas de gagner l’écoute au moyen de condamnations hypocrites, de prétendues vérités et de prétentions du plus bas niveau, mais avec une sollicitude humaine visible, un engagement envers ceux qui souffrent inspiré par l’Évangile, une attention à l’égard des différentes sensibilités culturelles. La « Parole » révèle son pouvoir dans les contextes réels de vie; elle défie les sociétés injustes, réconcilie, soutient les pauvres, apporte la paix.
Un dernier point. Étant donné que nous reconnaissons le rapport spécial qui existe avec le judaïsme et l’islam pour des raisons historiques, pourquoi ne pas exprimer notre proximité à ces communautés qui possèdent des valeurs et des pratiques semblables aux nôtres? Par exemple, au bouddhisme, avec ses traditions de respect pour la vie, monachisme, renoncement, célibat, contemplation, silence; à l’Hindouisme, qui compte en plus le concept de ‘sacrifice’, traditions de rituels, rubrique, processions, utilisation d’images, eau sainte, pèlerinages, jeûne; au confucianisme avec son attachement profond aux valeurs de la famille, ordre social, respect pour les anciens (cf IL 56)? Ils représentent, pris tous ensemble, plus de la moitié de l’humanité.

[00186-03.03] [IN153] [Texte original: anglais]

– S. Exc. Mgr Faustino ARMENDÁRIZ JIMÉNEZ, Évêque de Matamoros (MEXIQUE)

« Dieu l’a ressuscité, ce Jésus ; nous en sommes tous témoins » (Ac 2, 32). Nous sommes nous aussi témoins du Christ mort et ressuscité. D’une part, nous devons faire face au défi inquiétant de la diffusion mondialisée, envahissante et agressive d’une culture, ou sous-culture, étrangère et hostile à notre tradition chrétienne catholique. De l’autre, nous sommes confrontés à un autre défi redoutable, à savoir l’apparition de différentes propositions religieuses qui cherchent à répondre, à leur manière, à la soif de Dieu manifestée par notre peuple. Ces deux phénomènes déconcertent et confondent nos fidèles, secouant et créant une hémorragie au sein de notre Église. « Nous ne pouvons pas rester tranquilles, dans une attitude d’attente passive à l’intérieur de nos temples… Il faut que nous en sortions et que nous allions dans toutes les directions… » (DA 548).En parlant des Évêques, dans le ministère de la Parole, le Document de travail, au n. 48, exprime engagement missionnaire qui est le nôtre en tant que pasteurs. Cet engagement missionnaire et notre vie tout entière sont fondés sur le roc de la Parole de Dieu.
Propositions: 1. L’annonce kérygmatique dans chaque maison, dans chaque communauté (Ac 9, 40). Après que les apôtres aient rejoint Jésus, le Seigneur les envoya prêcher (Mc 3, 14); n’attendons pas qu’ils viennent mais allons les chercher et traduisons dans les faits la parabole de la brebis égarée, sauf que nous irons chercher les 99 en laissant celle dont nous sommes sûrs c’est-à-dire que nous devrons êtres des pêcheurs d’homme plutôt que des gardiens d’aquariums. 2. Parler de la Parole et laisser que d’autres parlent de la Parole parce que la Parole est « force de Dieu » ou, comme en témoigne saint Paul, « ma parole… reposât sur la puissance de Dieu » (cf. 1Co 2, 4-5); être disciples et serviteurs de la Parole plutôt que possesseurs de la Parole. La Parole a la force (dynamis) de nous faire retourner de la Colline du Vatican comme Moïse du Sinaï, avec le visage radieux qui illumine ou, mieux encore, comme Jésus sur le Mont Tabor: ce n’était pas son visage qui était illuminé, il était lui-même lumineux et c’est pourquoi il rayonnait. Nous pouvons, nous les pasteurs, être »lettre du Christ » pour les autres (2Co 3, 3). C’est l’Esprit Saint qui appelle, illumine, donne l’élan et allume la passion pour la mission parce que c’est Lui le véritable acteur de la mission.

[00187-03.03] [IN154] [Texte original: espagnol]

– Très Rév. P. Joseph William TOBIN, C.SS.R., Supérieur Général de la Congrégation du Très Saint Rédempteur

Mon point de départ est le numéro 52 du Document de travail, qui exprime certaines attentes existant au sein de l’Église à l’égard de ses membres de vie consacrée. Cette forme d’engagement à la suite de Jésus est un exemple que ce Synode pourrait proposer au Peuple de Dieu pour expliquer le type d' »obéissance de la foi » (Rm 16, 26) que nous devons réserver à Dieu: « À Dieu qui révèle, il faut apporter « l’obéissance de la foi », par laquelle l’homme s’en remet tout entier librement à Dieu » (Dei Verbum 5). Cette obéissance radicale, demandée à tout croyant, est vécue publiquement par les consacrés. Je tiens à souligner trois aspects de cette réponse: la vie consacrée comme obéissance à la Parole faite chair en Jésus Christ, l’obéissance à la Parole qui parle à travers les signes des temps et des lieux et l’obéissance apprise à l’école de la souffrance.

[00188-03.03] [IN155] [Texte original: anglais]

– S.Em. le Card. Agostino VALLINI, Vicaire Général de Sa Sainteté pour le Diocése de Rome (ITALIE)

Afin que le plus grand nombre possible d’hommes et de femmes, baptisés ou non, puissent rencontrer Dieu qui parle à leur vie, l’action des pasteurs est décisive. Ce n’est qu’en vivant la la conviction que la Parole de Dieu est centrale que les p
rêtres (et des autres ministres de la Parole) feront en sorte que cette même conviction entre progressivement dans la vie des fidèles.
Dans ce but, la formation biblique des candidats au sacerdoce doit être soignée. La formation des facultés de théologie doit être complétée par des parcours de formation au sein des séminaires qui favorisent une approche plus spirituelle à la Parole de Dieu pour la vie. Certes, les bonnes initiatives à cet égard ne font pas défaut (lecture sapientielle de l’Écriture Sainte et Lectio divina etc.), mais il serait bon de prévoir un plus grand espace de formation en vue de l’approfondissement de la Parole de Dieu, enrichi par la connaissance des Pères et conduit par des guides spirituels qui sachent accompagner les candidats au sacerdoce dans l’acquisition d’une spiritualité biblique solide.
La place centrale que la Parole de Dieu occupe dans le ministère pastoral est aujourd’hui ressentie davantage que par le passé, mais l’on perçoit encore la difficulté à parcourir des « voies nouvelles » par rapport à une pastorale qui propose aux fidèles une approche surtout sacramentelle. Les expériences appréciables ne manquent pas mais nous sommes loin d’atteindre la large diffusion et mise en pratique de la conviction selon laquelle le service de la Parole est central dans la pastorale ordinaire de la communauté ecclésiale.
Le Synode devrait encourager fortement la pratique hebdomadaire de la lecture commentée et priée de la Parole de Dieu dans chaque paroisse et dans chaque communauté ecclésiale, sous la responsabilité du curé, prenant la forme de Lectio divina ou d’autres formes jugées plus adaptées au contexte. Cet engagement fondamental devrait être prévu au sein des plans pastoraux diocésains, ainsi que l’offre de supports accessibles et d’itinéraires de préparation, non seulement culturelle, des agents pastoraux disposés à guider, sous la direction des curés, des groupes d’écoute de la Parole de Dieu qui pourront se rencontrer en tout lieu, même chez eux.

[00193-03.04] [IN160] [Texte original: italien]

– S.Exc. Mgr Freddy Jesús FUENMAYOR SUÁREZ, Évêque de Los Teques (VENEZUELA)

Ce Synode sur la Parole de Dieu met l’accent sur « la parole de Dieu en tant qu’elle est consignée par écrit sous l’inspiration de l’Esprit divin » (DV9), sur l’Écriture Sainte dans la vie de l’Église et dans sa mission évangélisatrice. Autrement dit, la finalité de cette Assemblée en ce qui concerne la Parole de Dieu est « éminemment pastorale et missionnaire », comme l’indique le Document de travail au numéro 4, sans négliger d’approfondir les raisons doctrinales: la Parole de Dieu, la Tradition vivante, l’Écriture Sainte, la fonction du Magistère.
Je voudrais me référer au n. 53, et en particulier à son premier paragraphe qui débute par une citation de DV 22: « l’accès à la Sainte Écriture [doit être] largement ouvert aux chrétiens », et signale que « c’est aujourd’hui une condition indispensable pour la mission ».
En ce sens, je voudrais faire un commentaire qui concerne la région du monde dont je proviens: l’Amérique latine. L’affirmation de Dei Verbum à propos de la place de la Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église y trouve un fort écho. L’accueil de la Constitution Dei Verbum eut lieu trois ans à peine après la conclusion du Concile Vatican II, au cours de la Conférence générale de l’Épiscopat latino-américain à Medellin (Colombie) en 1968 et ensuite aux Conférences générales de Puebla (Mexique, 1979), de Saint-Domingue (République dominicaine, 1992) et d’Aparecida (Brésil, 2007). La multiplication des communautés de base, la réflexion des groupes chrétiens sur la vie et l’engagement en faveur de la justice, l’évangélisation et la mission, ont offert de bonnes possibilités pour que la Parole de Dieu transmise par la Bible occupe une place importante dans la pastorale de l’Église et dans la vie des chrétiens et de leurs communautés.
Promue par l’enseignement des évêques latino-américains, quarante ans après la fin du Concile Vatican II, la pastorale biblique connut un essor important qui a produit des fruits abondants, moyennant des rencontres, des ateliers, la diffusion de la pratique de la Lectio divina, la multiplication de l’expérience intéressante des délégués de la Parole et d’autres activités pastorales en de nombreux endroits. Il convient de souligner ici la mise en oeuvre systématique et organique du Conseil épiscopal latino-américain, CELAM, au cours de ces dernières années au travers du Centre de Pastorale biblique, de la Fédération biblique catholique internationale et d’autres organisations , sans oublier la précieuse et constante collaboration des Sociétés bibliques unies qui nous place dans une perspective oecuménique intéressante. Tous ces efforts ont concouru, progressivement, à ce que la Bible soit plus connue et plus vivante en Amérique Latine facilitant la rencontre avec Jésus Christ et la communion dans l’amour.

[00192-03.04] [IN161] [Texte original: espagnol]

– S.Exc. Mgr Fulgence MUTEBA MUGALU, Évêque de Kilwa-Kasenga (RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO)

Mon intervention porte sur les numéros 48 et 53 du Document de travail, en complémentarité avec les autres numéros, parlant du processus de la communication de vérité et de l’utilisation des médias dans l’ annonce de la Parole de Dieu. Cette intervention a pour finalité de mettre en évidence le caractère performatif, actif et vivant de la Parole de Dieu. Elle a un double fondement. Premièrement, elle se fonde sur le fait que Jésus a proc1amé le message du salut avec autorité et compétence (Mt 7,29). Les apôtres, puis les Pères de l’Eglise ont fait de même. Deuxièmement, avec le Pape Jean-Paul II, il faut reconnaître que « le premier aréopage des temps modernes est le monde de la communication … »( JEAN-PAUL II, cité dans le Document de travail n. 143). A l’instar d’Inter mirifica, je préconise le bon usage des communications sociales dans la proc1amation de la Parole de Dieu.
Je voudrais insister sur le fait que pour toucher davantage les hommes et les femmes d’aujourd’hui, l’annonce de la Parole de Dieu est invitée à composer de manière équilibrée avec la culture médiatique. Il ne s’ agit pas seulement de faire usage de ces médias, ce qui me paraît évident et largement entamé en beaucoup de milieux aujourd’hui, mais d’acquérir une saine culture médiatique dans la démarche d’annoncer la Parole de Dieu. Cela revient à assumer Inter mirifica et à écrire une nouvelle page des communications, celle en rapport avec la nature de la Parole à proc1amer et respectueuse de la dignité ainsi que de la liberté des auditeurs.
D’une part, je propose que ceux qui sont chargés d’annoncer la Parole s’initient aux enjeux d’une communication efficace et que cette initiation soit un chapitre de l’apostolat biblique. D’autre part il me semble urgent qu’il nous faut exorciser la peur des médias qui caractérisent beaucoup d’agents pastoraux, et inaugurer ce que le Pape appelle, à bon droit, la  » médiaéthique ». L’heure me semble venue de ne plus se contenter de dire avec Saint Paul « malheur à moi si je n’annonce pas l’Evangile », mais « malheur à moi si je n’annonce pas efficacement l’Evangile ».

[00190-03.06] [IN163] [Texte original: français]

– S.Exc. Mgr Diarmuid MARTIN, Archevêque de Dublin (IRLANDE)

De nombreuses interventions ont traité de la situation culturelle complexe dans laquelle l’homme d’aujourd’hui reçoit la proclamation de la Parole de Dieu. Je parle en tant qu’Évêque d’un diocèse où, au cours des dernières années, un climat de sécularisation s’est infiltré dramatiquement et rapidement dans une culture qui, jusqu’à peu de temps encore, la foi y était fortement présente. Il existe encore, à la base, des éléments d’une culture religieuse traditionnelle mais, malheureusement, pour beaucoup de personnes les Écritures demeurent en réalité un territoire inexploré, presque étra
nger.
Souvent je pense au récit évangélique, dans Marc au chapitre 6, de la visite de Jésus dans sa ville, lorsque ses concitoyens, malgré toutes les informations qu’ils possédaient sur lui et sur sa famille, restèrent pris au piège d’une mentalité qui ne leur permettait pas de parvenir à une compréhension de son message et de sa vraie identité, au point que Jésus n’accomplit aucun miracle à cause de leur manque de foi.
Un grand nombre de nos contemporains possèdent une certaine connaissance de Jésus basée sur la catéchèse de leur enfance, mais ils pourraient n’avoir jamais eu l’expérience d’une authentique rencontre avec lui. Dans un climat de sécularisation, ce qui superficiellement leur reste de cette connaissance religieuse, comme cela s’est produit pour les concitoyens de Jésus, peut même représenter un obstacle pour un développement plus approfondi de la foi.
Mais l’épisode, dans Marc 6, ne se termine pas avec le rejet de Jésus de la part des siens et son non accomplissement de miracles pour eux. Significativement, Jésus rencontra un certain nombre de malades et les guérit. La foi de ces malades est mise en net contraste avec celle de ses concitoyens.
Dans les Évangiles, nous remarquons que la proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus était accompagnée dans tant de nombreuses occasions par sa sollicitude envers les malades et par la consolation qu’il apportait à ceux qui vivaient dans l’affliction et dans l’angoisse. La proclamation de la Parole et l’exercice de la charité concrète vont de pair: dans un certain sens, les Écritures ne peuvent être comprises qu’à travers une sorte d’herméneutique de la charité.
Nos réponses pastorales, pour ouvrir plus largement l’accès à la Parole de Dieu, doivent être différenciées. La lecture est devenue toujours plus un passe-temps de la classe moyenne. Les plus pauvres, bien que n’étant pas illettrés, ne lisent guère plus que les pages sportives des journaux. Il faut, donc, trouver des modes nouveaux – plus visuels que verbaux, plus basés sur l’expérience que purement intellectuels – pour les introduire nouvellement dans une culture de la parole.

[00189-03.03] [IN164] [Texte original: anglais]

– S.Exc. Mgr Stanisław GĄDECKI, Archevêque de Poznań (POLOGNE)

Au numéro 55 du document de travail intitulé « Parole de Dieu, source du dialogue entre chrétiens et juifs », nous lisons: « Une attention particulière doit être accordée aux relations avec le peuple juif. Chrétiens et juifs sont tous enfants d’Abraham, enracinés dans la même alliance, du fait que, fidèle à ses promesses, Dieu, n’a pas révoqué la Première Alliance (cf. Rm 9,4; 11,29) ». Toutefois, ce paragraphe ne touche pas à la question de l’unicité et de l’universalité salvifique de Jésus Christ vis-à-vis du peuple juif.
Le refus de la mission chrétienne vis-à-vis des juifs.
D’une part, nous connaissons bien l’exposition de Dominus Jesus qui déclare que la grâce de Dieu – qui, selon notre foi, est la grâce de Jésus Christ – est à la disposition de tous. Par conséquent, l’Église croit que le judaïsme, c’est-à-dire la réponse fidèle du Peuple juif à l’alliance irrévocable de Dieu, est en soi source de salut, parce que Dieu est fidèle à ses promesses.
Ainsi, la mission, au sens strict, ne peut être utilisée à propos des Juifs qui croient au Dieu unique et vrai. Par conséquent, il n’existe aucune organisation catholique de mission vis-à-vis des juifs.
Le caractère unique et l’université salvifique de Jésus Christ
D’autre part, il faut dire que de nombreux catholiques ne savent pas comment faire concorder ce fait avec les témoignages provenant de l’époque apostolique et qui attestent clairement l’existence d’une mission apostolique vis-à-vis des juifs.
Dans le Nouveau Testament, la volonté salvifique universelle de Dieu est strictement liée à l’unique médiation du Christ: « [Dieu] qui veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car Dieu est unique, unique aussi le médiateur entre Dieu et les hommes, le Christ Jésus, homme lui-même, qui s’est livré en rançon pour tous » (1Tm 2, 4-6).
C’est sur cette conscience du don du salut unique et universel offert par le Père par l’intermédiaire Jésus Christ dans l’Esprit (cf. Ep 1, 3-4) que « les premiers chrétiens se sont tournés vers Israël pour lui montrer l’accomplissement du salut au delà de la Loi. Ils se sont ensuite adressés au monde païen d’alors, qui aspirait au salut par une pluralité de dieux sauveurs » (Dominus Jesus, 13). Bien que connaissant les véritables raisons pauliniennes de l’endurcissement des juifs vis-à-vis du Christ, nous n’avons pas encore une doctrine ecclésiastique claire et officielle sur ce que pense vraiment l’Église vis-à-vis de l’unicité et de l’universalité salvifique de Jésus Christ par rapport au peuple juif qui devrait, justement, être exposée à toute l’Église dans le document final au numéro 55.

[00198-03.04] [IN165] [Texte original: italien]

– S.B.Em. Card. Nasrallah Pierre SFEIR, Patriarche d’Antioche des Maronites, Chef du Synode de l’Église Maronite (LIBAN)

Je me réfère au n. 56 de l’Instrumentum Laboris qui traite du dialogue religieux, et particulièrement des relations entre chrétiens et musulmans. Cette relation entre les adeptes de ces deux religions remonte loin dans l’Histoire du Liban, même jusqu’au début de l’Islam c’est-à-dire au début du septième siècle.
Nous lisons dans l’Instrumentum Laboris que : « l’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu UN, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes ».
Ce même document cite la rencontre d’Assise qui a eu lieu en 1986, et le Saint Père Benoît XVI dit à ce propos: « Nous. voulons rechercher les voies de la réconciliation et apprendre à vivre en respectant chacun l’identité de l’autre ».
Le Liban se caractérise par cette convivialité islamo-chrétienne depuis la parution de l’Islam, malgré quelques difficultés qui ont jalonné leur histoire commune. Ces derniers temps, c’est-à-dire depuis une quarantaine d’années, cette convivialité islamo-chrétienne est devenue d’autant plus difficile que des ingérences extérieures sont intervenues pour compliquer encore davantage la situation. Nous ne voulons pas parler de politique, mais nous relatons un fait. C’est que la situation des chrétiens du Liban devient de plus en plus critique et difficile. Ils diminuent en nombre, chaque année davantage. Depuis une quarantaine d’années, il y aurait plus d’un million de libanais aussi bien des musulmans que des chrétiens, qui ont quitté le pays pour aller s’installer dans d’autres pays occidentaux. Si l’émigration continue en suivant cette cadence, on peut se demander, sans être pessimiste, combien de chrétiens restera-t-il dans cet Orient chrétien ou le Christ est né, vécu, et mort sur la croix pour racheter le genre humain.
Malgré tout, nous ne pouvons pas désespérer. Quand on a la foi, on doit, par ce fait même, avoir l’espérance. Dieu merci, nous avons la foi et l’espérance, puisque nous continuons à avoir des intercesseurs au ciel

[00197-03.02] [IN166] [Texte original: français]

– S.Em. le Card. Godfried DANNEELS, Archevêque de Mechelen-Brussel, Président de la Conférence Épiscopale (BELGIQUE)

Les obstacles rencontrés dans l’annonce de la Parole sont multiples: difficultés de communication, culture et environnement sécularisés, résistance et ignorance chez les auditeurs. Mais peut-être le plus grand obstacle se situe-t-il dans le coeur de l’évangéliste même: son manque de confiance et son ignorance quant aux lois de l’annonce de l’évangile, qui sont différentes de celles du monde. Jésus y répond en Mc 4 par trois paraboles et une comparaison tirée de la vie quotidienne.
Parabole du semeur. Malgré tous les obstacles (épines, sentiers battus, rochers) sur le champ à seme
r, il y a toujours quelque part de la bonne terre qui portera du fruit. Semez donc : il y aura toujours une moisson, mais vous ne savez pas nécessairement où. Mais semez, dit Jésus.
Parabole du grain qui pousse tout seul. Tout paysan jette la semence en terre, puis va se coucher. Durant la nuit il ne se lèvera pas pour aller vérifier si ça germe. Car « d’elle même la semence produit son fruit » dit Jésus. Le succès ne dépend nullement des soucis que nous nous faisons, ni de notre hantise de vérification. Semez, dit Jésus sans souci et avec beaucoup de patience: la moisson viendra.
Parabole du grain de sénevé. La plus petite des semences produit un arbre plus grand que tous les autres et tous les oiseaux du ciel pourront y faire leur nid. Dans le royaume de Dieu, il n’y a pas de proportionnalité entre investissement et résultat comme c’est le cas dans le monde bancaire des hommes. Semez, dit Jésus, même si le grain semble si petit.
La lampe sur le candélabre. Si vous avez allumé une lampe, ne la mettez pas sous le lit . Laissez- la briller pour tous. C’est de la simple logique humaine et divine. Qui commence doit continuer, dit Jésus. C’est la logique même.
Mais il y a des frères et soeurs, qui n’arrivent pas à percevoir la simple lumière naturelle de la lampe: ce sont les aveugles et les malvoyants. Pensez aussi à eux, dit Jésus. Assurez-leur un accès plus facile à la parole de Dieu. Par d’autres moyens techniques.

[00194-03.02] [IN169] [Texte original: français]

– S.Exc. Mgr Patrick Daniel KOROMA, Évêque de Kenema (SIERRA LEONE)

Je suis ici en tant que représentant de la Conférence Épiscopale de Sierra Leone et de Gambie. Nous avons cherché à examiner les trois parties du Document de travail.
Concernant la première partie: le mystère de Dieu qui nous parle, et en particulier le chapitre II. La Bible comme Parole inspirée de Dieu et sa vérité. Nous avons remarqué que l’affirmation diffuse selon laquelle les catholiques ont un faible niveau de connaissance de la Bible n’est plus vraie. Nous nous sommes concentrés en particulier sur la deuxième partie: la Parole de Dieu dans la vie de l’Église; la Parole de Dieu dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament et la Parole de Dieu qui s’est fait chair, qui est venue parmi nous et qui continue à être entendue dans la proclamation de la Parole, rendue visible dans la célébration des sacrements et dans d’autres services ainsi que dans la vie de nos fidèles.
La Bible est le principal moyen au travers duquel nous cherchons la direction de Dieu dans les différentes circonstances de notre vie, le guide déterminant pour nos vies, ce que Dieu veut de nous et ce que Dieu nous demande d’être.
Dans nos pays, nous avons vu que les personnes s’approchent de deux manières de la Parole de Dieu:
1. au cours des célébrations liturgiques;
2. au sein de petites communautés chrétiennes et dans les groupes de prière. C’est là que la Parole de Dieu est interprétée, la Bible transformée de parole en esprit, de mémoire passée en événement présent, qui donne un sens nouveau et porte à l’action.
Enfin, en tant que communauté d’évangélisation, nous avons observé, dans la troisième partie, que la Parole de Dieu est centrale dans l’oeuvre d’évangélisation, que la Bible devrait être au centre de notre oeuvre d’évangélisation.

[00206-03.03] [IN170] [Texte original: anglais]

– S.Exc. Mgr Evaristus Thatho BITSOANE, Évêque de Qacha’s Nek, Président de la Conférence Épiscopale (LÉSOTHO)

Un très petit nombre de nos jeunes du Lesotho a participé aux Journées Mondiales de la Jeunesse de Cologne et de Sydney. Leurs expériences, au travers du témoignage d’autres jeunes d’autres pays catholiques du monde, les ont convaincus que la Parole de Dieu a une réponse concernant de nombreux problèmes de la vie. Des programmes télévisés et radiophoniques n’ont pas réussi à apporter des solutions significatives et durables à leurs problèmes. Après avoir interagi avec d’autres jeunes du monde entier, ils comprennent à présent que le véritable amour et la véritable sollicitude envers les autres, opposés à l’égoïsme, sont les seules choses qui leur donnent une joie durable. Ils sont conscients que la majeure partie de leurs tristes situations est le résultat direct de l’égoïsme. Ils ont appris que l’unique manière pour changer la société est d’être guidés par la Parole de Dieu. Nombre de ces jeunes sont désormais disposés à aller dans différentes zones du pays afin de partager leurs expériences avec d’autres jeunes.
Malheureusement, la Conférence, à cause du manque de fonds, n’est pas en mesure de maintenir en activité le Département d’Apostolat Biblique. La Conférence a cependant lancé une campagne visant à recueillir des fonds dans le pays. Si cette campagne aura du succès, la Conférence pourra gérer des programmes qui aideront les jeunes à résoudre leurs problèmes en se fondant sur la Parole de Dieu.
Je suis convaincu que seuls les jeunes pourront s’aider réciproquement et que le témoignage de ceux qui ont fait l’expérience de l’amour de Dieu dans la Parole de Dieu pourra aider les autres. Les jeunes sont les futurs leaders de nos pays et s’ils sont guidés par la Parole de Dieu, ils peuvent aider nos pays à éviter les désastres à l’avenir.
Le Saint-Père nous a donné un exemple avec ces Journées Mondiales de la Jeunesse. Pour de nombreux jeunes de nos pays pauvres, il n’est malheureusement pas possible d’y participer. Je pense, par contre, qu’il serait possible d’organiser, au niveau diocésain ou national, quelque chose de semblable aux Journées Mondiales de la Jeunesse au cours desquelles les jeunes pourraient célébrer ensemble la force et la joie de la Parole de Dieu.

[00201-03.03] [IN171] [Texte original: anglais]

– S.Exc. Mgr Antony DEVOTTA, Évêque de Tiruchirapalli (INDE)

Je pense que les laïcs, qui sont notre plus grande richesse, représentent l’espérance de l’Église dans le monde globalisé non seulement pour leur rôle spécifique dans le renouvellement des réalités temporelles (AG 2), mais aussi dans nos efforts pour comprendre et interpréter la Parole de Dieu d’une manière significative. Ayant reçus l’onction du Saint Esprit, l’Église toute entière reçoit Son aide non seulement pour être préservée des erreurs dans le domaine de la foi et de la morale (LG 12), mais aussi, j’en suis certain, dans le processus de notre compréhension et interprétation commune de la Parole de Dieu, plus ou moins semblable au « sensus fidei ». Dans la Bible, Dieu non seulement parle, mais il écoute aussi. Il écoute et il répond, comme on peut le voir dans l’Ancien Testament, spécialement dans les Psaumes. Si c’est ainsi, pourquoi nous, les guides de l’Église, ne pouvons-nous pas écouter les laïcs, spécialement les pauvres, les opprimés et les marginalisés?
Pour bénéficier d’une participation de qualité de la part des laïcs, les guides de l’Église devraient considérer comme étant leur priorité urgente de les éclairer et de les renforcer à l’aide d’une catéchèse de pastorale biblique bien programmée, spécialement au moyen des petites communautés chrétiennes, et des autres mouvements et associations, où ils seront introduits à une « Culture de la Bible ». Des fonds devraient lui être alloués, de la même manière que pour la formation des séminaristes.
« Culture de la Bible » signifie que la vie quotidienne des personnes est exposée et séduite par la force explosive, dynamique et créative de Dieu (Is 6,8; Je 20,7; Ez 3,3). Les personnes et les communautés sont mises au défi de transpercer (Ac 2,37) leur coeur avec un glaive à deux tranchants (He 4,12). En Inde, cela veut dire que les personnes et les communautés doivent être converties de toutes formes de divisions, de caste, de langue et de rites, ainsi que de toute forme de supériorité, dans leurs relations avec les autres religions et traditions. De cette façon, émergera un témoigna
ge commun de l’Église dans sa mission, pour être un signe et un instrument du Royaume de Dieu de justice, de paix et d’amour. L’Inde a plus besoin de témoins que de maîtres, et si elle respecte les maîtres c’est parce que ce sont des témoins (Pape Paul VI).

[00200-03.03] [IN172] [Texte original: anglais]

– S.Em. le Card. Ivan DIAS, Préfet de la Congrégation pour l’Evangelisation des Peuples (CITÉ DU VATICAN)

La Parole de Dieu est intimement liée à la mission qu’a l’Église de proclamer la Bonne Nouvelle de Notre Seigneur Jésus Christ et elle est indispensable pour les deux aspects nécessaires à l’évangélisation: l’inculturation et le dialogue interreligieux.

L’inculturation devrait porter la proclamation de l’Évangile dans les cultures locales, mais aussi et surtout, devrait consister en une évangélisation des cultures elles-mêmes à partir de l’intérieur. Ceci vaut pour toutes les cultures, pour celles se trouvant en terres de mission, mais aussi pour les cultures chrétiennes traditionnelles qui ont été infectées par les dangereux virus de la sécularisation, de l’indifférence spirituelle et du relativisme. De tels virus tentent d’effacer toute référence à Dieu ou au surnaturel, et de le remplacer par des valeurs mondaines et des modèles de comportement qui ignorent sciemment le transcendant et le divin. Loin de satisfaire les désirs ardents du coeur humain, ils promeuvent une culture de la mort, autant physique que morale, spirituelle ou psychologique, face à laquelle les deux institutions vitales pour la société humaine – la famille et les jeunes – sont particulièrement vulnérables. En étudiant et en assimilant régulièrement la Parole de Dieu, les chrétiens peuvent grandir dans l' »esprit du Christ » qui est le seul antidote aux virus susmentionnés et peut transformer de l’intérieur les personnes et les cultures, en les élevant du naturel au surnaturel, de l’humain au divin.

La Parole de Dieu est également inestimable en ce qui concerne le dialogue interreligieux. Dieu, Père de toute l’humanité, veut que tous Ses fils soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Son Esprit Saint agit également en dehors des limites de l’Église et laisse des « semences de Parole » – « semina Verbi », tels que le Concile Vatican II l’affirme – même dans les religions non-chrétiennes, nous lançant le défi d’apprécier en eux « tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d’aimable, d’honorable » (Ph 4, 8), et de faire que ces semences éclosent dans la Sainte Personne de Notre Seigneur Jésus Christ. Cela fait écho aux paroles de Jésus : Il n’était pas venu pour abolir la Loi et les prophètes, mais les accomplir ; et c’est exactement ce qui advint quand Dieu envoya l’Apôtre Pierre au centurion romain Cornelius, en l’invitant à ne pas appeler impur ce que Dieu avait purifié, ou quand l’Apôtre Paul prêchait le « Dieu inconnu » à l’Aréopage d’Athènes.

Ces deux grands Apôtres, Pierre et Paul, sont ensevelis ici, à Rome. Quand les pèlerins chrétiens ont visité leurs tombaux dans les premiers siècles, ils ont demandé en prière une grâce particulière : recevoir la foi de Pierre et le coeur de Paul (fides Petri et cor Pauli). Que l’étude assidue de la Parole de Dieu remplisse l’Église de ces sentiments, si nécessaires à la proclamation de la Bonne Nouvelle de Notre Seigneur Jésus Christ, l’unique Sauveur universel de toute l’humanité.

[00208-03.05] [IN175] [Texte original: anglais]

Traduction de travail distribuée par la secrétairerie générale du synode

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ZENIT Staff

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