ROME, Mercredi 15 octobre 2008 (ZENIT.org) – Le cardinal Dziwisz a présenté un film sur Jean-Paul II intitulé « Témoignage » et il confié comment il a vécu l’annonce de l’élection de Jean-Paul II, il y a trente ans, le 16 octobre 1978, place Saint-Pierre : on l’appelait alors « Don Stanislas ».
En fin de matinée, le cardinal Stanislas Dziwisz, archevêque de Cracovie, secrétaire particulier de Karol Wojtyla pendant presque 40 ans, a présenté au Vatican le film tiré de son livre intitulé en français « Une vie avec Karol » (Ed. Desclée de Brouwer-Seuil, 2007) – écrit en collaboration avec le journaliste italien Gianfranco Svidercoschi -, et dont le titre reprend le titre polonais du livre : « Témoignage », « Swiadectwo ».
Le cardinal était entouré de l’acteur Michael York, narrateur et « voix off » du film, et du producteur, M. Przemyslas Häuser.
Le cardinal Dziwisz, qui a partagé presque 40 ans de la vie de Karol Wojtyla, a été sollicité au téléphone par Gianfranco Svidercoschi, qui le « poussait » à accepter le film : il a cédé comme le juge de l’évangile à la veuve persévérante, a-t-il confié.
Il a précisé en souriant : « Je pense que c’était mon devoir envers Jean-Paul II pour sa bonté d’avoir bien voulu me supporter pendant tant d’années, je dis la vérité, il était très bon, il m’a supporté 39 ans ».
Il ajoutait qu’il voyait aussi un devoir envers ceux qui ont aimé Jean-Paul II, « qui ne veulent pas l’oublier, mais veulent approfondir son héritage. Je me suis senti obligé d’écrire depuis le premier jour, un journal quotidien, un volume pour chaque année du pontificat ». Il disait avoir écrit le livre pendant ses vacances en Croatie, sur la côte adriatique.
« J’envoyais le texte à Svidercoschi pour compléter », a-t-il confié. Il a aussi voulu souligner qu’il ne se serait « jamais permis de donner un titre comme l’éditeur italien » – « Une vie avec Karol » -, « parce que, disait-il, mon rapport avec Jean-Paul II était filial : pour moi, il était un père et dans ma famille, on ne disait pas ‘tu’ aux parents, mais ‘vous’. Je me suis efforcé de le suivre, de l’aider, dans un rapport certainement filial, familial ».
Pour ce qui est de l’élection, il y a trente ans, celui qui était alors le secrétaire du cardinal archevêque de Cracovie se souvient avec émotion de l’annonce du cardinal Felici, place Saint-Pierre : « J’étais près de la fontaine de gauche, lorsque j’ai entendu le cardinal Felici : mon cœur battait plus fort, et tous mes nerfs étaient touchés. Ça a été un moment très fort, psychologiquement. Je voyais comment les gens, les Romains, accueillaient le nouveau pontife. Normalement, à ce moment-là, le nouveau pape ne parle pas, il sort juste pour la bénédiction. Mais lui, il laisse l’étiquette et il commence à parler. Toute sa vie, il a été comme cela, indépendant. C’est lui qui conduisait, pas les autres ».
A une question sur « l’après » Jean-Paul II, le cardinal archevêque de Cracovie a déclaré : « Jean-Paul II nous a préparés à ce moment de congé, de passage, à l’autre maison, la maison du Seigneur, vous aussi qui avez été proches pendant sa maladie.Le monde l’accompagnait dans ce passage ».
Il a mentionné le coup de vent qui a fermé l’Evangile posé pendant les funérailles sur le cercueil de Jean-Paul II, le 8 avril 2005, place Saint-Pierre en faisant remarquer que « ce livre, l’Evangile, le lectionnaire, s’est fermé et s’est ouvert : il a clôt la vie avec nous, mais s’est ouvert à autre page que nous écrivons, il nous accompagne, je ne me sens pas seul ».
L’intercession de Jean-Paul II
Il a confié que « lorsqu’il y a des problèmes », il lui arrive de dire : « Saint Père, aidez-moi ! Après tant d’années avec vous, voici que maintenant j’attends votre aide ».
Il citait même des circonstances de la vie quotidienne comme ce jour où il devait célébrer la messe en plein air et qu’une tempête s’est annoncée. Il a demandé l’intercession de Jean-Paul II en lui disant : « Tant de fois vous sortiez et le temps changeait, et alors vous allez m’aider et nous ferons une belle célébration ». « Je dois dire, confiait le cardinal Dziwisz, qu’il m’aide aussi dans les petites choses que nous vivons dans la réalité, avec les saints, avec Dieu ».
Il ajoutait à propos des intentions de prières qui lui sont confiées pour qu’il les présente à l’intercession de Jean-Paul II: « Les gens souffrent, ont des problèmes et ils s’adressent à lui comme durant sa vie ».
Cracovie, siège de saints évêques
Pour ce qui est de Cracovie, l’archevêque a avoué que les gens du monde entier viennent y chercher le souvenir de Jean-Paul II, « surtout des jeunes qui viennent sur ses traces pour voir comment il a vécu : nous vivons encore avec lui ».
Il rappelait que le siège de Cracovie a une histoire de saints évêques depuis saint Stanislas : « C’est une cité de saints, avec tant d’églises, de tombes de saints » l’on y attend « encore un saint » : « C’est notre grand désir, nous prions, nous espérons y arriver pendant notre vie ».
Il précisait : « Nous avons confiance dans l’Esprit Saint, et nous croyons que le pape va le proclamer saint au moment opportun. Mais la canonisation ne fait pas le saint, elle ne fait que proclamer que quelqu’un est saint ».
Le cardinal Dziwisz a aussi rappelé que Jean-Paul II était fier de ses origines et disait qu’il avait justement été préparé à son ministère universel de pape par la Pologne et sa culture, et par l’Eglise de Pologne. Il disait : « Je veux servir toute l’Eglise en tant que Polonais, parce que la Pologne, l’Eglise de Pologne, m’a préparé à ce travail avec sa culture. Il n’a jamais eu de complexe » à ce sujet.
Jean-Paul II et la Bible
Mais Rome vit actuellement au rythme du synode sur la Parole de Dieu : comment Jean-Paul II vivait-il de la Bible ?
« Il lisait tous les jours la Sainte Ecriture, en continu, y compris, pendant des années, en Russe », a répondu le cardinal Dziwisz, mais il a surtout donné ce témoignage poignant des dernières heures du pape polonais : « Le dernier jour, le samedi, il a dit au revoir aux cardinaux, à tous, jusqu’au plus humble. Puis il a dit qu’il voulait rester seul avec le Seigneur, pour se préparer. Il a demandé que l’on lui lise la Bible, l’un des nôtres, son ami qui lui a succédé comme professeur à Lublin (le P. Tadeusz Styczen, ndlr) lui a lu quelques chapitres de l’Evangile de saint Jean ».
Enfin, d’où vient cet intérêt qui ne se dément pas pour la figure de Jean-Paul II ? Le cardinal Dziwisz répond par un seul mot : « Amour ». il explique : « Il a eu un grand amour pour les gens, tous disaient : « Il m’a vu, il m’a regardé ». C’est un amour toujours réciproque, qui demeure ».
Propos recueillis par Anita S. Bourdin