ROME, Mardi 14 octobre 2008 (ZENIT.org) – Six thèmes principaux ressortent des 191 interventions préparées et lues au synode et des 99 interventions libres, prononcées entre le 6 et le 13 octobre, soit, durant la première semaine du synode des évêques sur « la Parole de Dieu dans la vie et dans la mission de l’Eglise ».
1. La Parole de Dieu est beaucoup plus que la Bible
Le synode a commencé par évoquer un malentendu fréquent parmi les croyants. Comme l’a expliqué le cardinal Marc Ouellet, P.S.S., archevêque de Québec, le premier jour du synode, la Parole n’est pas un simple texte écrit, c’est l’amour de Dieu fait homme en Jésus Christ.
Par conséquent, la Parole est beaucoup plus que la Bible. Le Nouveau Testament est d’ailleurs écrit au cœur de l’Eglise naissante et implique donc la Tradition et l’interprétation du Magistère.
Les 7 et 8 octobre, plusieurs pères synodaux sont revenus sur cet éclaircissement.
Les pères ont souligné que ce synode ne cherche pas à réécrire la constitution dogmatique « Dei Verbum » du Concile Vatican II qui explique déjà ces questions doctrinales. Il ne s’agit donc pas d’un synode doctrinal (même s’il rappelle des vérités du Magistère) mais avant tout d’un synode pastoral.
Des questions telles que l’inspiration des auteurs bibliques ne sont donc pas évoquées directement. Plusieurs pères synodaux ont demandé un document du Saint-Siège sur l’interprétation des Saintes Ecritures, suggérant même un document papal sous forme d’encyclique (cardinal Ouellet).
2. Prêcher par l’exemple : le problème des homélies
La préoccupation concernant la qualité des homélies en général a été constante pendant la première semaine du synode. Certains y voient même une raison de l’abandon de l’Eglise par de nombreux fidèles.
Le synode tente d’offrir des solutions concrètes à ce problème.
Des évêques ont demandé un « Directoire pour les homélies », reprenant l’idée du « Directoire pour la catéchèse » avec des indications pratiques sur la prédication.
Le cardinal Angelo Scola, patriarche de Venise, rapporteur du synode sur l’Eucharistie en 2005, a précisé que la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements prépare un document sur les homélies thématiques destiné aux prêtres, pour la préparation des homélies. Il ne s’agit pas, cependant, d’un manuel de prédication.
De nombreux évêques ont insisté également sur le fait que les séminaristes et les prêtres doivent non seulement étudier la Bible mais aussi apprendre à la savourer en la méditant, comme l’a fait ce lundi le cardinal Agostino Vallini, vicaire du pape pour le diocèse de Rome.
Les évêques ont toutefois expliqué, surtout lors des interventions libres, que l’homélie n’est pas uniquement une question de formation rhétorique ou académique.
Les célèbres paroles de Paul VI qui affirmait que le monde écoute les maîtres mais suit les témoins, ont été citées plusieurs fois. Si le prédicateur ne vit pas la Parole qu’il prêche, il perd toute sa crédibilité, ont constaté les pères synodaux.
Les évêques ont également cité l’expression de Benoît XVI qui dit que la Parole n’est pas seulement « informative » mais « performative », c’est-à-dire qu’elle doit accomplir ce qu’elle énonce, elle doit conformer la vie de la personne.
3. La lectio divina
L’un des termes les plus répétés cette semaine a peut-être été celui de lectio divina. La méditation priante de la Parole de Dieu, spécialement en communauté (il existe différentes méthodes, comme les sept étapes pour partager l’Evangile), est un encouragement du synode à chaque paroisse.
On pourrait dire, d’une certaine manière, que l’efficacité de ce synode pourra donc être mesurée dans une dizaine d’années selon l’extension de la lectio divina, que le pape Benoît XVI encourage par ailleurs depuis le début de son pontificat.
4. L’Ancien Testament
Plusieurs pères ont constaté que les catholiques ont du mal à lire et à méditer l’Ancien Testament. Ils ne peuvent donc pas profiter pleinement de la révélation divine. Ce phénomène est aggravé dans certains milieux, pour deux raisons.
Dans le cas des Eglises orientales, comme l’a expliqué Mgr Kidane Yebio, évêque de Keren (Erythrée), la liturgie ne prévoit presque jamais la lecture de passages de l’Ancien Testament.
Dans le cas des chrétiens du Moyen Orient, il y a un rejet de la lecture et de la méditation de l’Ancien Testament à cause du conflit entre Israéliens et Palestiniens et des interprétations sionistes de la Bible.
Ce phénomène a été décrit spécialement par deux patriarches : S. Béatitude Fouad Twal, patriarche de Jérusalem et des Latins et S. Béatitude Grégoire III Laham, B.S., patriarche d’Antioche des gréco-melkites (Syrie). Ce dernier a expliqué par exemple qu’au cours d’une célébration liturgique, un fidèle arabe avait changé l’expression biblique « Peuple d’Israël » par « Peuple de Palestine ».
5. L’exégèse
Plusieurs évêques ont par ailleurs expliqué que l’exégèse académique de la Bible conduit parfois à douter de l’historicité du Christ ou du fait que l’Ecriture soit un texte révélé.
Cette lecture sans la foi du texte révélé aurait conduit certains catholiques à chercher une interprétation de foi dans des groupes protestants. Même si ce phénomène préoccupe profondément le synode, l’assemblée des pères synodaux a toutefois souligné l’importance de l’apport de l’exégèse à la compréhension de la Parole.
Dans son intervention d’ouverture du synode, le cardinal Ouellet a proposé aux exégètes de la Bible une vision de foi et d’écoute de l’Esprit, mettant ainsi fin immédiatement à un débat inutile. Les évêques ont insisté sur le fait qu’il n’y a pas de reniement de la foi, ni de la science biblique.
6. Les traductions de la Bible et leur distribution
Cette question a été soulevée devant l’assemblée par Mgr Louis Pelâtre, vicaire apostolique d’Istanbul (Turquie) qui a constaté que la Bible n’était pas encore traduite dans beaucoup de langues locales.
Lorsque ces populations sont minoritaires et pauvres, elles n’ont pas non plus les moyens d’imprimer et de distribuer les Bibles à un prix accessible.
De nombreux évêques africains, latino-américains et asiatiques sont intervenus pour demander la création d’un organisme dans l’Eglise catholique qui contribue à résoudre ce grave problème, également du point de vue économique.
L’ambiance du synode
Depuis le rétablissement de la pratique de convoquer le synode des évêques, après le Concile Vatican II, cette assemblée est peut-être la plus sereine, signe d’une nouvelle unité retrouvée dans l’Eglise après les divisions des décennies passées, constate le cardinal Oscar Rodríguez Maradiaga, archevêque de Tegucigalpa, au Honduras.
Le thème choisi par Benoît XVI « La Parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Eglise », qui touche personnellement chacun des participants, a sans aucun doute également contribué à ce climat d’unité entre les pères du synode.
Jesús Colina