ROME, Mardi 26 février 2008 (ZENIT.org) - Dans la ligne de la position constante du Saint-Siège, (Cor Unum, 1996, document sur la Faim dans le monde, § 16) et de Jean-Paul II, lors de son voyage de 1998, le cardinal Bertone dénonce l'embargo contre Cuba comme « inacceptable », rapporte Radio Vatican.
On sait que le cardinal Bertone effectue à Cuba un voyage pour commémorer le 10e anniversaire de ce voyage historique de Jean-Paul II en 1998. Ce 26 février, le cardinal Bertone devait rencontrer le nouveau président Raul Castro.
Au cours de la conférence de presse qui a suivi une rencontre de travail avec le ministre des Affaires étrangères de Cuba, Felipe Pérez Roque, le cardinal Bertone a déclaré : « Je crois que le nouveau président Raul Castro, le nouveau Conseil d'Etat et l'Eglise catholique elle-même essayent de capter les aspirations du peuple cubain, et de répondre de toutes les façons possibles, en tenant compte des difficultés, surtout du fait de l'embargo économique ».
Cet embargo, le cardinal Bertone l'a qualifié d'« inacceptable » et de « nuisible au peuple cubain, et manquant d'éthique ».
Répondant aux journalistes, le cardinal Bertone a révélé ne pas avoir demandé d'amnistie mais des « gestes de réconciliation », et il a ajouté que l'Eglise salue « comme des gestes positifs la libération de prisonniers » comme il s'est avéré ces derniers temps.
Ebauchant un premier bilan de sa visite, le cardinal serétaire d'Etat a souligné spécialement le rôle des jeunes, « qui sont l'avenir de Cuba, de Cuba libre, de Cuba en tant que nation développée dans le respect de son autonomie ».
« Ces derniers jours, ajoutait-il, j'ai rencontré de très nombreux jeunes, très enthousiastes, des hommes qui luttent pour l'indépendance de Cuba contre tout pouvoir oppresseur extérieur mais aussi intérieur ».
Lors de sa conférence du 25 février sur « La culture et les fondements éthiques du vivre humain », à l'université de La Havane, fondée en 1728, le cardinal Bertone a défini l'embargo contre l'île comme inacceptable et il a salué positivement la récente libération de détenus.
« La culture est plus qu'une volonté individuelle d'acquérir des connaissances nouvelles. Elle possède une dimension fondamentale historique et communautaire », a déclaré le cardinal Bertone.
« La culture est toujours caractérisée par une tension qui la conduit à se dépasser elle-même continuellement ; dans une double direction : en sens horizontal, vers les autres cultures, avec un enrichissement réciproque, et en sens vertical, vers la transcendance, vers la source ultime de la vérité, de la beauté et du bien ».
Se référant aux paroles de Jean-Paul II il y a dix ans, le cardinal Bertone a rappelé que « l'Eglise catholique ne s'identifie avec aucune culture en particulier » et qu'elle est « proche de toutes avec un esprit ouvert ».
Or, aujourd'hui, le relativisme moral soutient qu'une affirmation éthique serait « vraie seulement dans le contexte d'une culture déterminée : il n'y aurait donc pas de convictions ou de principes éthiques meilleurs que d'autres, et personne n'aurait le droit de dire ce qui est bien et ce qui est mal », faisait-il observer, avant d'ajouter : « L'Eglise n'entend pas imposer sa vision des choses à tous les hommes, comme si elle avait l'exclusive du discernement moral. Elle ne peut toutefois pas renoncer à la connaissance profonde qu'elle a de l'homme et de la société ».
« En tant que contribution des chrétiens à la construction de la société, celui qui était alors le cardinal Ratzinger, a lancé au monde une proposition que je me permets de vous rappeler à tous aujourd'hui : « La tentative, portée à l'extrême, de modeler ce qui est humain en se passant complètement de Dieu, nous conduit toujours plus au bord de l'abîme, vers la mise à l'écart de l'homme. Nous devrions alors renverser l'axiome des Lumières et dire : qui ne réussit pas à trouver la voie de l'acceptation de Dieu devrait de toute façon chercher à vivre et à conduire sa vie comme si Dieu existait ».
En ce dernier jour de visite, le cardinal Bertone a célébré la messe dans la communauté des Salésiens et des Salésiennes. Il a ensuite visité l'Ecole latino-américaine de Médecine (Elam), où étudient une centaine de jeunes de 14 pays de la région.
Anita S. Bourdin