ROME, Mercredi 14 février 2008 (ZENIT.org) – Au Vietnam, deux avocats dissidents reçoivent, en prison, la visite d’un pasteur de l’Eglise mennonite, lui-même ancien prisonnier, rapporte aujourd’hui une dépêche d’Eglises d’Asie (EDA), l’agence des Missions étrangères de Paris. Un baptême en prison.
L’agence Compass, agence spécialisée dans les informations concernant les chrétiens persécutés pour leur foi, vient de consacrer une longue dépêche à la visite impromptue qu’ont reçue en prison, le 31 janvier dernier, les deux avocats dissidents, M. Nguyên Van Dài et Melle Lê Thi Công Nhân. Les visiteurs n’étaient autres que le célèbre Rév. Nguyên Hông Quang, un des responsables de la communauté mennonite du Vietnam, accompagné de plusieurs pasteurs en service sur les hauts plateaux du centre du pays.
Selon le Rév. Nguyên Hông Quang, lui-même avocat, l’autorisation de visite lui a été refusée une première fois, sous le prétexte que seuls les membres de la famille pouvaient bénéficier de ce droit. Le pasteur a fait remarquer que cette autorisation avait déjà été accordée à des étrangers. Il a également laissé entendre aux autorités qu’en cas de refus de leur part, il participerait aux actuelles manifestations des catholiques de Hanoï pour la restitution de l’ancienne Délégation apostolique, un argument qui a porter ses fruits puisque cette permission lui a été alors accordée. Au cours de sa visite, le pasteur a ordonné l’avocat Nguyên Van Dài « ministre du Christ », et il a baptisé Melle Lê Thi Công Nhân, qui se préparait au baptême depuis longtemps avant son arrestation.
Les deux avocats avaient été arrêtés l’année dernière pour « menace à la sécurité nationale », en réalité pour activités en faveur de la démocratie et des droits de l’homme. Lors du procès qui avait duré seulement quatre heures, le 11 mai 2007, Nguyên Van Dài avait été condamné à cinq ans de prison et quatre ans de résidence surveillée. Lê Thi Công Nhân avait écopé de quatre ans de prison et trois ans de résidence surveillée. Le procès avait soulevé la réprobation internationale tandis que les médias officiels menaient une campagne de dénonciation des crimes supposément commis par les deux avocats. Au procès en appel, qui a eu lieu en novembre 2007, leur peine de prison avait été réduite d’un an.
Le Rév. Nguyên Hông Quang, haute figure de la contestation du gouvernement à Hô Chi-Minh-Ville, est aujourd’hui une personnalité contestée au sein même de l’Eglise mennonite. Il n’a pas participé au récent processus qui a abouti à la reconnaissance de cette Eglise par le gouvernement vietnamien, le 2 octobre dernier (1), en présence de représentants officiels de la direction mondiale de cette Eglise.
Voilà déjà de nombreuses années que le Rév. Nguyên Hông Quang s’est fait connaître par ses interventions publiques en faveur de la liberté religieuse et des droits de l’homme. Dès septembre 2001, il avait attiré l’attention par ses démêlés avec la police à propos d’une école que la communauté mennonite essayait de faire fonctionner (2).
En juin 2003, en tant qu’avocat, le pasteur Quang s’était mêlé à la lutte d’une communauté protestante pour construire sa propre église dans le deuxième arrondissement de Hô Chi Minh‑Ville, malgré l’interdiction et les interventions musclées de la police (3). A plusieurs reprises, il signalera, dans ses lettres, les persécutions subies au Vietnam par sa communauté, à Kontum, à Hô Chi Minh‑Ville (4).
C’est lui que les neveux du prêtre catholique Nguyên Van Ly avaient choisi comme avocat pour leur procès, un choix qui n’avait pas été approuvé par les autorités. Le pasteur Quang et cinq membres de sa communauté avaient été arrêtés, le 8 juin 2004, pour avoir contrecarré des fonctionnaires dans l’exercice de leurs fonctions.
Le 12 novembre 2004, le tribunal populaire de Hô Chi Minh-Ville condamnait le pasteur à trois ans de prison et ses compagnons à des peines allant de neuf mois à deux ans de prison. Après quelque temps, trois des fidèles condamnés avaient été relâchés. Le pasteur Quang, lui, avait attendu le 30 août 2005 pour être libéré (5).
Anita S. Bourdin
(1) cf. EDA 471
(2) cf. EDA 342
(3) cf. EDA 378
(4) cf. EDA 390, 391, 395, 397
(5) cf. EDA 204