ROME, Mardi 12 février 2008 (ZENIT.org) – Il faut promouvoir un « nouveau féminisme » qui reconnaisse le « génie féminin » et travaille pour le dépassement de toute forme de discrimination, exhorte le cardinal Stanislaw Rylko, président du Conseil pontifical pour les laïcs.
Le cardinal polonais est intervenu à l’ouverture des travaux du congrès international sur le thème « Femme et homme, la totalité de l’humanum », organisé par son dicastère, du 7 au 9 février, à l’occasion du vingtième anniversaire de la lettre apostolique de Jean-Paul II Mulieris dignitatem.
Ce document, le premier à être entièrement consacré à la femme, est toujours d’actualité et mérite réflexion car, comme l’a souligné le cardinal Rylko, nous faisons souvent face à une « rapide et profonde transformation des modèles de l’identité féminine et masculine et des relations entre les deux sexes ».
Cette situation est la conséquence de « nouveaux paradigmes culturels », au milieu desquels figurent les deux tendances dominantes du féminisme radical : l’ « empowerment », qui prétend défendre l’identité féminine « en faisant de la femme l’antagoniste de l’homme », et l’ « idéologie du genre », qui tend à éliminer la différence sexuelle en la concevant « exclusivement comme le résultat de conditionnements culturels », a souligné le cardinal Rylko.
Ainsi se répandent des identités masculines et féminines « extrêmement confuses », a-t-il observé, reflet « d’une modernité qui, dépourvue de référence, prétend remplacer la vérité par une pluralité d’opinions ».
« Cette tendance menace et remet tout particulièrement en question la figure de la mère et du père », et donc la nature même de « l’institution du mariage hétérosexuel et la famille biparentale », a-t-il relevé.
Concrètement, le cardinal Rylko souligne qu’ « une grande bataille est en train de se disputer pour la personne humaine, pour sa dignité et sa vocation transcendantale, autour de la figure de la femme, autour du concept même de féminité ».
Conscient de cela, le Conseil pontifical pour les laïcs suit depuis des années « avec grand intérêt tout ce qui se passe dans le vaste monde de la femme au niveau culturel, social, voire même au niveau politique », a ensuite expliqué le cardinal à ZENIT.
« Notre dicastère s’occupant spécialement des laïcs, nous sommes particulièrement sensibles à relever ce grand défi auquel l’Eglise aujourd’hui, mais surtout les laïcs, sont appelés à faire face car, a-t-il souligné, ce défi est un défi d’ordre anthropologique qui touche l’Eglise, mais surtout les hommes et les femmes catholiques ».
« L’injustice et la discrimination envers les femmes doivent être dénoncées, tout comme le danger que représentent aujourd’hui, dans le monde global, ces nouveaux paradigmes culturels, mais ce qu’il faut surtout, c’est un témoignage », a-t-il estimé.
Ce témoignage doit se traduire, a-t-il expliqué, par « l’annonce positive que vivre sa propre identité masculine et féminine, selon le dessein de Dieu, vaut la peine, que cela est beau et source de tant de bonheur », a dit le cardinal Rylko à ZENIT.
Lors de son intervention, le cardinal Rylko a rappelé les enseignements du pape Jean-Paul II : « Le féminin et le masculin sont entre eux complémentaires, non seulement du point de vue physique et psychologique, mais ontologique » ; c’est « grâce à la dualité du ‘masculin’ et du ‘ féminin’ que l’‘homme’ se réalise pleinement ».
Ni « une égalité statique et nivelante » ni « une différence abyssale et inexorablement conflictuelle » : le rapport homme-femme est un rapport naturel qui répond au dessein de Dieu. C’est l’« unité des deux » qui permet à chacun de découvrir la relation interpersonnelle et réciproque comme un don, source de richesse et de responsabilité » écrit Jean-Paul II dans sa lettre aux femmes.
« L’être humain existe toujours et uniquement comme femme et comme homme », disait-il.
Et c’est justement Jean-Paul qui a invité les laïcs « à devenir les promoteurs d’un nouveau ‘féminisme’ » qui sache « reconnaître et exprimer le vrai génie féminin dans toutes les manifestations de la vie en société, travaillant à dépasser toute forme de discrimination, de violence et d’exploitation » a rappelé le cardinal Rylko dans son intervention.
La force morale de la femme, souligne Jean-Paul II dans sa lettre apostolique Mulieris dignitatem, « rejoint la conscience du fait que Dieu lui confie l’homme, l’être humain, d’une manière spécifique », et cette sensibilité est nécessaire pour chaque personne.
C’est pourquoi, a souligné le cardinal Rylko, « la femme a également un rôle déterminant à jouer dans l’évangélisation de la culture ».
Au cours de leurs travaux, les participants au congrès international sur la femme, qui a rassemblé jusqu’à samedi les représentants de près de 50 pays des cinq continents, ont relevé la nécessité de fonder sur des principes solides, anthropologiques et théologiques, toute réflexion visant une promotion authentique de la femme dans la société et dans l’Eglise.
Benoît XVI a reçu les participants au Congrès samedi matin (cf. Zenit du dimanche 10 février pour le texte intégral de son intervention).
Marta Lago