Le cardinal Tettamanzi aux divorcés : « L’Eglise ne vous a pas oubliés ! »

Lettre de l’archevêque de Milan

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ROME, Dimanche 27 janvier 2008 (ZENIT.org) – Ne pas pouvoir accéder à la communion eucharistique ne signifie pas être exclu de la vie de l’Eglise, rappelle le cardinal Dionigi Tettamanzi, archevêque de Milan.

Le cardinal italien a adressé aux fidèles de son diocèse une lettre intitulée : « Le Seigneur est proche de ceux qui ont le cœur blessé ». Elle est adressée aux époux confrontés à une situation de séparation, de divorce, ou entrés dans une nouvelle relation.

L’ « impossibilité, pour les époux entrés dans une relation stable de couple, d’accéder à la communion eucharistique », relève-t-il, ne signifie pas porter un jugement « sur la valeur affective et sur la qualité de la relation qui unit les divorcés remariés ».

« Le fait que ces relations soient vécues, le plus souvent, de façon responsable et avec amour, au sein du couple et au regard des enfants, est une réalité qui n’échappe pas à l’Eglise et à ses pasteurs », reconnaît-il.

« Il est de toute façon erroné de penser que la norme qui rend impossible l’accès à la communion eucharistique signifie que les divorcés remariés sont exclus d’une vie de foi et de charité vécues à l’intérieur de la communauté ecclésiale », car « la vie chrétienne trouve son sommet dans la pleine participation à l’Eucharistie, mais elle ne peut être réduite à son seul sommet ».

Ainsi le cardinal Tettamanzi demande-t-il aux divorcés remariés, même s’ils ne peuvent communier, de « participer avec foi à la messe », car « la richesse de la vie de la communauté ecclésiale reste aussi au service et à la portée de ceux qui ne peuvent avoir accès à la communion ».

« Cet appel à renouveler la vie qui nous est donnée dans l’Esprit, vous est adressé à vous aussi. Vous disposez également de tous les moyens par lesquels Dieu offre sa grâce aux hommes. Et l’Eglise attend également de vous une présence active et une disponibilité à servir tous ceux qui ont besoin de votre aide », écrit le cardinal Tettamanzi dans sa lettre.

« Je pense d’abord à cette grande tâche d’éducateur que bon nombre d’entre vous, en tant que parents, sont appelés à remplir et à ce devoir qui vous incombe d’instaurer des relations positives avec les familles d’origine. Je pense également au témoignage simple, bien que parfois douloureux, d’une vie chrétienne fidèle à la prière et à la charité. Et je pense encore aussi à l’aide que vous-mêmes pouvez apporter à ceux qui traversent des situations comme les vôtres ».

Participer avec foi à la célébration eucharistique, poursuit l’archevêque de Milan, sera « un stimulant pour intensifier dans vos cœurs l’attente du Seigneur qui viendra et le désir de le rencontrer personnellement avec toute la richesse et la pauvreté de notre vie ».

Le cardinal Tettamanzi explique avoir écrit cette lettre pour « ouvrir un dialogue, pour partager un peu les joies et les peines de notre marche commune », « pour tenter d’écouter quelque chose de votre vécu quotidien ; pour me laisser interpeller par quelques unes de vos interrogations ; pour vous faire part des sentiments et des vœux qui habitent mon cœur à votre égard ».

« L’Eglise ne vous a pas oubliés ! Encore moins ne vous rejette ou vous considère indignes », écrit-il à tous ceux qui ont vu leur mariage entrer en crise. « Pour l’Eglise et pour moi, évêque, vous êtes tous des frères et des sœurs aimés et désirés ».

Chez les couples qui ont vécu une crise, constate le cardinal, « il y a des questions et des souffrances qui paraissent souvent négligées ou ignorées par l’Eglise ».

L’Eglise, écrit-il, « ne vous regarde pas comme des étrangers qui ont failli à leur pacte. Elle fait sienne les questions qui vous touchent intimement et sait que dans certains cas, prendre la décision d’une séparation est légitime voire même inévitable : pour défendre la dignité des personnes, éviter des traumatismes plus profonds, préserver la grandeur du mariage, qui ne peut se transformer en une série d’amertumes réciproques insoutenables ».

le cardinal Tettamanzi reconnaît qu’avant de prendre la décision de mettre fin à un mariage, le couple peut avoir connu des jours et des jours de difficultés : difficultés de vie commune, tensions nerveuses, impatience et souffrances réciproques, dues parfois à un manque de transparence, ou à la sensation d’avoir été trahi, d’être déçu par une personne qui s’est révélée différente de celle que l’on avait connue au début ».

Le choix d’interrompre la vie matrimoniale ne peut donc jamais être considéré « comme une décision facile et indolore ». Il est souvent une conséquence du fait que « ces expériences, quotidiennes et répétitives, finissent par rendre le foyer non plus un lieu chaleureux et joyeux, mais une lourde cage dans laquelle le cœur aurait perdu sa paix ».

La fin d’un mariage, constate-t-il, « est aussi pour l’Eglise un motif de souffrance et une source de profondes interrogations : pourquoi le Seigneur permet-il que ce lien, qui est le ‘grand signe’ de son amour total, fidèle et indestructible, puisse se briser ? »

« Lorsque ce lien se brise, l’Eglise se retrouve, en un certain sens, appauvrie, privée de ce signe lumineux qui devait être pour elle un motif de joie et de réconfort ».

Traduit de l’italien par Isabelle Cousturié

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ZENIT Staff

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