ROME, Vendredi 11 janvier 2008 (ZENIT.org) – « Les premiers protagonistes de tout procès de béatification, ce sont toujours les fidèles », rappelle le cardinal Saraiva Martins avec des accents qui font penser à une illustration de l’axiome « vox populi vox Dei ». Il insiste sur ce rôle des laïcs dans l’Eglise, mais aussi sur la sainteté des laïcs, pour le XXIe siècle.
L’instruction de la Congrégation romaine pour les causes des saints sur la façon dont doit être menée une cause de canonisation s’intitule « Sanctorum Mater » et comporte 46 pages en italien.
Le cardinal préfet de la Congrégation romaine pour les causes des saints, José Saraiva Martins, revient aujourd’hui, au micro de Radio Vatican sur cette instruction, dont il a parlé dans une longue interview à L’Osservatore Romano du 9 janvier (cf. Zenit des 8, 9, 10 janvier).
Le cardinal revient sur les consignes de prudence et de rigueur demandée dans la phase diocésaine de l’enquête.
Surtout, il rappelle que ce n’est pas « Rome » qui « fait » les saints : l’initiative, dit-il, revient à l’évêque diocésain, à la demande des fidèles : « Les évêques ont un rôle important et décisif et c’est pourquoi ils veulent des orientations très claires, des normes bien précises qui règlent l’action de l’évêque dans cette première phase diocésaine ».
Le cardinal Saraiva Martins précise que les canonisations et la sainteté sont une chose « très sérieuse pour la vie de l’Eglise » et que l’Eglise est intéressée par « la vérité historique ».
Par conséquent, la « réputation de sainteté » doit être « née spontanément, de la communauté, des fidèles » : « c’est très important », souligne le cardinal préfet.
« S’il n’y a pas cette réputation de sainteté spontanée chez les fidèles de la communauté, l’évêque ne peut pas lancer une cause de béatification : ce sont les fidèles et la communauté qui doivent dire à l’évêque : ‘d’après nous, ce fidèle, ce serviteur de Dieu est vraiment pour nous un saint’. On parle beaucoup aujourd’hui du rôle des laïcs dans l’Eglise, eh bien, nous avons ici un cas extrêmement important, du point de vue ecclésial, où les laïcs, la communauté, sont ceux qui font le premier pas. L’évêque, ensuite, ne fait que vérifier le fondement de cette réputation de sainteté, et chercher à la prouver et à la transmettre à Rome. Donc, c’est très important. Les premiers protagonistes de tout procès de béatification, ce sont toujours les fidèles ».
Il précise que l’instruction ne fait que reprendre les normes de 1983 : le rôle de l’évêque est de faire établir le caractère « héroïque » ou non des vertus vécues par le serviteur ou la servante de Dieu en odeur de sainteté, ainsi que les aspects de sa personnalité, sa spiritualité, sa sainteté.
L’instruction évoque aussi ce qui concerne un éventuel « miracle » survenu dans un diocèse ou l’établissement du martyre, au sens chrétien.
On se souvient que parmi les miracles attribués à l’intercession du pape Jean-Paul II, la postulation a retenu un miracle survenu dans le diocèse d’Aix en Provence, en soulignant l’importance de la rigueur de l’enquête française (cf. Zenit des 27 mars 2007, 29 mars 2007, 30 mars 2007).
Mgr Slawomir Oder, le postulateur, a en effet souligné que le procès français s’est déroulé avec « diligence, compétence et sérieux » et que l’esprit « critique » français a été particulièrement « utile », assurant le sérieux de l’examen des médecins et des théologiens.
Enfin, à propos de la prochaine béatification de la – très – jeune Antonietta Meo, appelée aussi Nennolina, (cf. Zenit du 17 décembre 2007), le cardinal Saraiva Martins, portugais, et qui a vu la béatification des deux premiers petits enfants non-martyrs dans les pastoureaux de Fatima, Francisco et Jacinta, le 13 mai 2000 rappelle : « La sainteté c’est pour tous ! le cas de Nennolina est certainement une nouvelle confirmation de cette vérité fortement mise en relief par Vatican II. La sainteté, je le dis souvent, n’est pas à l’usage d’un petit nombre, mais un devoir contraignant pour tous les baptisés. La sainteté des laïcs, en particulier, est extrêmement importante et c’était une vérité que Jean-Paul II a toujours cherché à mettre en lumière. Cela me fait me souvenir aussi de Giorgio La Pira qui disait : ‘La sainteté au XXe siècle – on peut dire au XXIe siècle – a une caractéristique : la laïcité’. Il disait bien que dans 50 ans peut-être, nous verrons [canoniser] des personnes que nous rencontrons dans la rue : professeurs d’université, politiciens, économistes etc… Donc, le cas de Nennolina est une autre confirmation de la sainteté des laïcs ».
Anita S. Bourdin