Evangile : le Christ affirme être venu apporter la division sur la terre

Le P. Cantalamessa commente l’une des paroles les plus provocatrices de Jésus

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ROME, Vendredi 17 août 2007 (ZENIT.org) – Nous publions ci-dessous le commentaire de l’Evangile du dimanche 19 août, proposé par le père Raniero Cantalamessa OFM Cap, prédicateur de la Maison pontificale.

Evangile de Jésus Christ selon saint Luc 12, 49-57

Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et comme il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli ! Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »
Jésus disait encore à la foule : « Quand vous voyez un nuage monter au couchant, vous dites aussitôt qu’il va pleuvoir, et c’est ce qui arrive. Et quand vous voyez souffler le vent du sud, vous dites qu’il fera très chaud, et cela arrive. Esprits faux ! L’aspect de la terre et du ciel, vous savez le juger ; mais le temps où nous sommes, pourquoi ne savez-vous pas le juger ?
Et pourquoi aussi ne jugez-vous pas par vous-mêmes ce qui est juste ?

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Je suis venu apporter la division sur la terre

Le passage de l’Evangile de ce dimanche contient quelques unes des paroles les plus provocatrices jamais prononcées par Jésus : « Pensez-vous que je sois venu mettre la paix dans le monde ? Non, je vous le dis, mais plutôt la division. Car désormais cinq personnes de la même famille seront divisées : trois contre deux et deux contre trois ils se diviseront : le père contre le fils et le fils contre le père, la mère contre la fille et la fille contre la mère, la belle-mère contre la belle-fille et la belle-fille contre la belle-mère. »

Et penser que celui qui prononce ces paroles est la personne même dont la naissance fut saluée par les paroles : « Paix sur la terre aux hommes », et qu’au cours de sa vie il a proclamé : « Heureux les artisans de paix » ; celui-là même qui au moment de son arrestation somma Pierre de remettre son épée dans son fourreau (cf. Mt 26, 52) ! Comment expliquer cette contradiction ?

C’est très simple. Il s’agit de voir quelles sont la paix et l’unité que Jésus est venu apporter et quelles sont la paix et l’unité qu’il est venu enlever. Il est venu apporter la paix et l’unité dans le bien, celles qui conduisent à la vie éternelle, et il est venu enlever la fausse paix et la fausse unité, celles qui ne servent qu’à endormir les consciences et conduire à la perte.

Jésus n’est pas venu précisément pour apporter la division et la guerre mais sa venue entraîne inévitablement la division et l’opposition, car il place les personnes face à leur décision. Et face à la nécessité de prendre une décision, on sait que la liberté humaine réagit de manières diverses et variées. Sa parole et sa personne feront surgir ce qui est caché au plus profond du cœur humain. Le vieux Siméon l’avait prédit en prenant l’enfant Jésus dans ses bras : «Vois, ton fils qui est là provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de division… Ainsi seront dévoilées les pensées secrètes d’un grand nombre » (Lc 2, 34-35).

Ce sera précisément lui la première victime de cette contradiction, le premier à souffrir de l’ « épée » qu’il est venu apporter sur la terre et à perdre la vie dans ce conflit. Après lui, la personne la plus directement impliquée dans ce drame est Marie sa mère, à laquelle Siméon dira d’ailleurs à cette occasion : « Et toi-même, ton coeur sera transpercé par une épée ».

Jésus lui-même distingue les deux types de paix. Il dit aux apôtres : « C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Ne soyez donc pas bouleversés et effrayés » (Jn 14, 27). Après avoir détruit, par sa mort, la fausse paix et la solidarité du genre humain dans le mal et dans le péché, il inaugure une paix et une unité nouvelles, fruits de l’Esprit. Voilà la paix qu’il offre aux apôtres le soir de Pâques en disant : « La paix soit avec vous ! ».

Jésus affirme que cette « division » peut se produire également au sein de la famille : entre père et fils, mère et fille, frère et sœur, belle-fille et belle-mère. Et nous savons malheureusement que ceci est parfois vrai et douloureux. La personne qui a découvert le Seigneur et souhaite se mettre sérieusement à sa suite, se retrouve souvent dans la situation de devoir choisir : contenter sa famille et négliger Dieu et la pratique religieuse ou choisir la pratique religieuse et s’opposer à sa famille qui lui reprochera chaque minute consacrée à Dieu et aux actes de dévotion.

Mais le conflit peut être encore plus profond, au sein de la personne elle-même, et se présente comme un combat entre la chair et l’esprit, entre l’appel de l’égoïsme et des sens et celui de la conscience. La division et le conflit naissent en nous. Paul l’illustre avec éloquence : « Car les tendances de la chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de l’esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez » (Ga 5, 17).

L’homme est attaché à sa petite paix et sa tranquillité, même si elles sont précaires et illusoires, et cette image de Jésus qui vient semer le trouble risque de le contrarier et de lui faire considérer le Christ comme un ennemi de sa tranquillité. Il faut essayer de surmonter cette impression et comprendre que cela aussi est une preuve d’amour de la part de Jésus, peut-être l’amour le plus pur et le plus authentique.

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ZENIT Staff

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